L’article de Marie-France Malterre dans La France Agricole du 24 août 2015, résume parfaitement la nature des échanges. Il apparaît que pastoralisme et tourisme sont complémentaires et que le tourisme dépend de la bonne santé du pastoralisme qui entretien autant les paysages que la biodiversité. Du côté des chasseurs il est confirmé que la faune sauvage se réduit dangereusement du fait du loup et que ce dernier est difficile à chasser.
Nous pouvons regretter que le mot tabou d’éradication ne soit pas utilisé alors qu’il est dans la bouche de pratiquement tous les éleveurs. Et pourtant, il faudra bien s’y résoudre un jour. L’expérience de la cohabitation, basée essentiellement sur le mensonge idéologique, est en définitive une catastrophe sociale, humaine, économique et environnementale qu’il faut réparer dans l’urgence.
La Fédération des Acteurs Ruraux parle en éleveur. Pas en terme politique ou journalistique convenu. Elle confirme, sur son blog, que les mots tabous ne sont pas rapporté. Le politiquement correct doit primer sur la réalité et la vérité. L'auteur, éleveur en Isère, met en garde face aux belles paroles de Marie-France Malterre et précise:
"Sur place certains éleveurs et éleveuses ont réclamé l'éradication des loups, l'exclusion des zones de pâturage, de reconnaitre l'incompatibilité entre le pastoralisme et les loups...
"Mais les retours presse a ce jours semble beaucoup plus dans la gestion ce qui amènera forcément les éleveurs dans le mur!"
Et il rapporte un certain nombre de citations qui, pour certaines, peuvent inquiéter les éleveurs. La vision de la situation par un éleveur et parfois différente de celle d'un élu non éleveur voir même d'un ingénieur ou d'un chercheur qui n'a pas le même vécu passé et présent. L'éleveur parle avec ses tripes. Les autres ont un autre langage qui ne tient pas compte du vécu.
Les acteurs du tourisme reconnaissent la nécessité du pastoralisme. Ils sont "solidaires" mais ne veulent pas de problème. Alors qu'ils rejoignent clairement les éleveurs dans leur cambat et qu'ils cessent la langue de bois....
Parmi les interventions nous noterons:
- Celle de Michel Meuret qui s'était distingué avec 33 autres scientifiques en signant une tribune dans Libération en octobre 2014 sous le titre "Loups: Plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers". Pour lui, "la gravité de la situation plaide pour l'adoption de mesures d'urgence, sur le terrain comme dans le domaine réglementaire" - Voir la vidéo de son intervention.
- Celle de Laurent Garde du CERPAM: "Notre expérience des Alpes du Sud nous autorise à dire qu’à partir du moment où les loups se fixent en meutes sur des territoires qu’ils connaissent parfaitement, la pression devient difficilement supportable pour les éleveurs". Et encore: "Les programmes italiens les plus récents détectent ainsi un taux d’hybridation variant de 10 à 40 %, et expliquent que ce n’est qu’une partie de la réalité. Pour dire les choses plus simplement, cette hybridation étant antérieure à l’établissement de la carte génétique du loup de souche italien, il semble bien que ce qu’on décrit comme un loup italien soit déjà un loup susceptible d’être hybridé. Lorsque ce loup est passé en France, il a bien évidemment transporté ses gènes avec lui". Voir le texte complet de l'intervention de Laurent Garde.
Après plusieurs échanges avec des éleveurs, il semble que plusieurs d'entre eux soient restés sur leur faim quant aux engagements politiques malgré des interventions claires. Tout en reconnaissant les efforts faits par les maires organisateurs, la déception, voir même une profonde déception, ressort de cette rencontre qui apparaît manquer de volonté de combattre ce fléau qu'est le loup, au profit d'un discours poli et consensuel. Faut-il avoir un discours guerrier et plus exigent à l'égard des pouvoirs publics?
Plus que jamais, entre loup et pastoralisme, il faut choisir. Les deux ne sont pas compatibles
Louis Dollo, le 25 août 2015
- Intervention de Michel Meuret - Video
- Intervention de Laurent Garde - CERPAM (pdf)
- Les maires au secours du pastoralisme - La France Agricole du 24 août 2015
- Col du Glandon: difficile de rendre compte de la gravité de la situation... - Fédération des Acteurs Ruraux du 24 août 2015
- Les maires savoyards s'engagent contre le loup - Wikiagri du 25 août 205
- La motion du col du Glandon 2015
Observation:
Nous apprenons qu'un responsable salarié du pastoralisme de l'Isère prétend que la problématique du loup n'est pas de la compétence des collectivités locales et territoriales. Ce personnage
respecté, que nous ne nommerons pas, n'est pas à sa première déclaration et affirmation d'incompétence manifeste ou manifestement orientée en faveur du loup. Cette problématique liée à
l'aménagement des territoires, au développement économique et touristique relève bien de la compétence des
Comités de Massif et prévu à l’article 7 de la loi montagne. C'est ce qui se passe dans les Pyrénées notamment pour l'élaboration de la
stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité après l'abandon d'un autre "machin",
le Groupe National Ours (GNO). Il serait urgent que les élus des autres massifs s'emparent du sujet au
lieu d'assister en spectateur revendicatif faisant signer une motion chaque année qui ne sert à rien.
- Conférence au Col du Glandon 2015 - Intervention de Michel Meuret
Conférence donnée au col du Glandon le 22 août 2015 par Michel Meuret au titre des 34 scientifiques ayant signés la tribune "Loups: Plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers".
- Les maires au secours du pastoralisme
Aux confins de la Savoie et de l'Isère, au sommet du col du Glandon, les maires de six communes (1) ont organisé le samedi 22 août 2015 les "Rencontres de la Montagne, pour une montagne vivante et une gestion territorialisée du loup". Pour la deuxième année consécutive, ces maires réunissaient des élus, professionnels du tourisme, agriculteurs et représentants d'organisations agricoles pour débattre de la prédation et rédiger une nouvelle motion qui n'est pas encore disponible. Celle envoyée l'année dernière aux ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie demandait, entre autres, le déclassement du statut du loup dans les textes européens.
«Plus de 400 maires ont signé la motion de l'année dernière, souligne Pierre-Yves Bonnivard, le maire de Saint-Colomban-des-Villards, en Savoie. Mais nous devons continuer le travail. Quand on remet en cause l'activité des éleveurs, on remet en cause l'aménagement du territoire et on remet en cause la vie dans nos espaces.»
En un an, les élus constatent que la pression sur les troupeaux s'est encore amplifiée. «Tous les éleveurs sur nos communes sont touchés, ajoute Pierre-Yves Bonnivard. Il y a trois semaines un patou s'est battu avec un loup sur une zone très touristique en pleine journée.» Situation comparable dans les Alpes du Sud. De nombreux maires et professionnels du tourisme font le constat que la pression sur les troupeaux est intenable.
Pour Laurent Garde du Cerpam (2), la situation continue de se dégrader, dans les Alpes du Sud notamment où les dégâts ont encore explosé. Un comportement de fraternisation avec les patous est même constaté dans certains secteurs.
«Les dispositifs de protection des troupeaux les plus élaborés ont été dévalués en peu d'années», a rappelé Michel Meuret intervenant au titre des 34 scientifiques signataires de " Loups: plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers" paru dans le quotidien Libération du 12 octobre 2014. «La stratégie européenne de coexistence a échoué et elle doit être remise en question, ajoute-t-il. Une véritable gestion s'impose selon nous scientifiques. Pour être efficaces les prélèvements doivent être prompts et préférentiellement ciblés sur des individus, couples, ou meutes qui posent des problèmes aux activités humaines. Mais en France, il est bien tard. Les loups ont déjà acquis vingt ans de mauvaises habitudes.»
«Il est toujours bien difficile de réaliser les prélèvements»
La prédation pose également des problèmes pour les chasseurs. Si le gibier disparaît, le nombre de permis de chasser délivrés va diminuer, et cela posera des questions pour les indemnisations des dégâts dû au gibier, a signalé l'un d'entre eux. L'ensemble des acteurs du territoire sont touchés.
«Et il est toujours bien difficile de réaliser les prélèvements», indique Joël Mazalaigue, vice-président de la fédération départementale des chasseurs de la Drôme. "En 2014, 540 battues ont eu lieu sur 49 communes, 7 loups ont été tués. Le concours des chasseurs est venu s'ajouter à la boîte à outils mais cela ne peut suffire. Ces chiffres démontrent la difficulté à réaliser ces prélèvements et semblent dérisoires aux éleveurs face à la gravité des pertes.»
Les chasseurs proposent que le piégeage soit mis en place pour améliorer le nombre de prélèvements avec euthanasie des loups capturés. «Le piégeage est facile à utiliser en tout milieu, mais encore plus performant en milieu boisé ou embroussaillé où les passages des loups sont repérables. Il permet de cibler le lieu de prélèvement à la suite d'attaques. Il évite la mobilisation des tireurs réduisant ainsi le coût des opérations.»
(1) Saint-Colomban-des-Villards, Saint-Alban-des-Villards, Allemont, Vaujarny, Saint-Sorlin-d'Arves et Saint-Jean-d'Arves.
(2) Laurent Garde est l'auteur de "Le grand retour des loups dans nos paysages et nos imaginaires", disponible aux éditions Le Dauphiné. Le Cerpam est le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée pour la gestion des espaces naturels par l'élevage.
Auteur: Marie-France Malterre
Source: La France agricole du 24 août 2015
- Col du Glandon: difficile de rendre compte de la gravité de la situation...
L’article de la France agricole semble parler en terme très convenu de la rencontre de samedi au col du Glandon...
Sur place certains éleveurs et éleveuses ont réclamé l'éradication des loups, l'exclusion des zones de pâturage, de reconnaitre l'incompatibilité entre le pastoralisme et les loups...
Mais les retours presse a ce jours semble beaucoup plus dans la gestion ce qui amènera forcément les éleveurs dans le mur!
En off: nous avons appris "Baptiste après une grosse attaque a tous abandonné! Il arrête".
Un éleveur de bovins nous a dit:"Mon meilleur moyen de protection pour mes vaches c'est la présence des troupeaux de moutons. Le jour où ils ne seront plus là. Je suis mal parti!"
"En haute Maurienne il y en a déjà beaucoup qui ont démontagné! Avec 1, 2, 3 mois d'avance..."
Lors de la conférence Françoise 7 attaques cette année qui représentait le syndicat ovin de Savoie. A excusé le Président Luc absent car étant trop occupé à tenter de limiter les dégâts de loups sur son troupeau.
Au niveau de la profession on attend des résultats pas des arrêtés, les loups pullulent, s'adaptent, n'ont plus peur de l'homme
Elle nous a parlé de son expérience, de l'impossibilité de vivre dans ces conditions avec des prédations régulières, avec une carabine à la main, avec des Patou 2 cette année, 5 l'année prochaine qui posent des problèmes avec les randonneurs mais aussi avec les voisins: "je me suis mis la moitié du village à dos à cause de cela".
Ce métier d'éleveuse, bergère c'est une passion qu'elle a transmis à son fils qui veut s'installer avec elle. Mais à ce jour elle ne sait que faire? L’encourager ou le dissuader? Elle ne se voit pas faire autre chose, elle ne l'a jamais imaginé. Mais elle ne peut dire si elle continuera, elle s'interroge sur la possibilité de poursuivre son activité.
- Pour Laurent Garde du CERPAM
La situation un an après c'est encore aggravée:
- La présence des loups continu de s'étendre de partout en France.
- Nous ne disposons pas de stratégie pour protéger les troupeaux sédentaires gérés en plusieurs lots dispersés dans le territoire.
- En Italie il y a régulièrement 15 à 20 Patou pour chaque éleveur.
- Quand une meute se fixe sur un territoire cela est insoutenable pour les éleveurs concernés.
- Les loups n'ont plus peur de l'homme, ils attaquent aussi en lisière de village et en présence des hommes.
- Ils s'adaptent, ne se contentent plus des ovins et s'en prennent aux veaux... et attaques aussi les animaux de compagnies: chiens, poney...
La multiplication des Patou risque de changer l'attrait des touristes pour les territoires...
Pourquoi faire autant d'effort pour protéger un animal dont nous ne savons même pas qui il est! Car le programme Hybriwolf nous a confirmé qu'il y a au moins de 10 à 40 % de bâtard, mais nous n'avons aucune certitude sur la pureté du reste de la population.
- Michèle Boudoin présidente de la FNO a rappelé les actions de cette année: manif, réunion, courrier...
Puis la réalité du terrain: Cela a un impact sur la ruralité qui occupe 80% du territoire français "derrière le loup, il y a des brebis, des agneaux orphelins, des hommes et des femmes, des compagnes et des compagnons, des drames familiaux..."
Messieurs les Maires vous êtes en charge de la sécurité civile ne vous laissez pas endormir!
- Pour Marc Picton Président de la communauté de commune de la vallée de l'Arvan, "Par manque de résultat, c'est un sentiment de honte..."
"Les problèmes posés par le loup remettent en cause le pastoralisme." "Cette animal ne sert à rien il doit disparaitre..."
- Christian Rochette, conseiller régional
Il constate que les loups posent aussi problème quand les Patou mordent les randonneurs...
Il s'interroge, pourquoi les loups n'ont pas le même traitement que les autres espèces quand elles posent problème? Pour le loup on est encore sur des petites mesures!
- Les élus en général….
quand on veut gérer quelque chose nous savons le faire. Mais je suis un peu désabusé car on n’avance pas: "Ou sont les Députés européens, les Députés français, les Sénateurs?"
Le Maire de Hures la Parade en Lozère, André Baret, vient ajouter une interrogation: "Pourquoi la loi présenté par le Sénateur Bertrand voté par le sénat est bloqué à l'assemblée national?"
"Dans le parc desCévennes nous avons obtenu le tir de défense, le classement à l'Unesco pour les bienfaits du pastoralisme nous a surement aidés..."
- Le Maire de Saint François Longchamp, Patrick Provost qui est aussi Président de Maurienne tourisme:
"Les clients qui viennent nous voir c'est pour la tranquillité et la rupture avec la vie en ville, les panoramas, les produits locaux, la vie en montagne,...Nous responsables du tourisme devons comprendre que le monde agricole fait partie de l'offre touristique, du tourisme et que nous perdrons notre âme si il n'y a plus de vie en montagne. Si vous n'êtes plus là!"
"Les morsures de Patou posent problème! Les touristes viennent à 50% par le bouche à oreilles. On est solidaires, mais on ne veut pas de problème..."
- Nicolas Jaubert, maire de Chateaufort 04, est aussi éleveur.
Il nous précise qu'il a 4 Patou, un parc de chaume, un berger toujours en activité tant que le troupeau est dehors et qu'il rentre le troupeau en bergerie la nuit! Ces efforts qui vont au-delà des recommandations n'ont pas suffi à éliminer toutes les attaques de loups, sans compter les problèmes avec les Patou...
Il constate que les chasseurs font de leur mieux, mais on ne sait plus chasser le loup, Il n'y a plus de chien créancé donc impossibilité de savoir où sont passé les loups, ni où il se trouve...
Le représentant de la fédération des chasseurs de la Drôme, Joël Mazalaigue: "Les chasseurs sont engagés auprès et solidaire des éleveurs..." "Le prélèvement d'un loup c'est un savoir-faire que l'on a plus, nous essayons de faire au mieux... nous passons de nombreuses nuits à attendre l'arrivée d'un loup, dans le cadre de l'arrêté préfectoral, mais aucun prélèvement!... Je sais que les levés de soleil sur nos montagnes son beau..." Mais cela ne compense pas la fatigue.
Ce n'est pas en prélevant 6 ou 8% de la population que nous réglerons le problème vu sa dynamique cela aura peu d'effet.
"Sur le loup nous manquons d'information pour le localiser ou le débusquer. Ce n'est pas comme pour chasser les autres espèces ou nous faisons les "pieds" ou allons à "l'arrêt".
"Nous y passons beaucoup de temps: en 2014, 540 battues pour seulement 7 prélèvements
"Nous souhaitons la mise en place de piégeage + euthanasie."
Il faut un vrai débat public sur la biodiversité: Quel est l'incidence du loup sur la biodiversité? Il est nécessaire qu'il y ait du pâturage pour de nombreuses espèces. Les éleveurs de Lus la Croix Haute qui sont redescendu plus tôt que d'habitude n'ont pas fait pâturer les zones de reproduction du tétras cela ne permettra pas aux jeunes de se nourrir correctement... pour les années à venir si ce n'est plus pâturer le tétras disparaitra rapidement.
- Parmi nos notes mais sans avoir la certitude de les attribuer à la bonne personne
- Après le risque des Patou, l'état impose aussi le risque d'un accident par arme à feu en obligeant les acteurs du territoire à avoir en permanence des armes chargées et prêtes à servir!
- Ne vous trompez pas de choix: dans le tourisme il y a 2 matières premières intimement liées: la neige et l'élevage. Si vous perdez l'un vous mettez l’autre en grand péril. Ce n'est pas faisant venir des polonais pour passer la tondeuse sur les pistes comme a Montgenèvre que vous attirerez du monde.
- Comme vous avez pu le voir en montant: le col c'est le paradis des cyclistes, mais c'est insuffisant pour nous faire vivre. Nous avons besoins de l'élevage!
- Localement personne ne par le loup car ce n'est pas de la compétence, ni d'une commune, ni d'un département, ni d'une région, ni d'un PAEC, Ni d'un PPT (NDLR mais alors pour quoi faire autant de chose pour le pastoralisme en sachant que l'on envoie les acteurs de terrain dans le mur)
- Nous devons nous interroger sur l'avenir de nos territoires et mettre les moyens pour atteindre nos objectifs.
- En conclusion
Un après-midi très dense, plein d'émotion...
La création d'un groupe de travail constitué de Maire de plusieurs départements concernés par la prédation.
Une motion à diffuser au plus grand nombre pour signature et montrer la mobilisation
Quant à d'autres actions? Cela reste à définir....