Des indicateurs liés à l’évolution de la population de loups sont calculés à partir des indices de présence.
Pour les aspects démographiques, il s’agit:
- du nombre de zones de présence permanentes (ZPP), de son évolution, et de combien, parmi elles, abritent une meute (c’est-à-dire au minimum un mâle et une femelle identifiés génétiquement, avec ou sans reproduction);
- de l’estimation du nombre d’individus détectés au minimum sur ces ZPP par pistage hivernal, et de son évolution (Effectif Minimum Retenu ou EMR);
- de l’estimation, par modélisation de type "Capture - Marquage - Recapture" (CMR), du nombre total d’individus présents dans l’ensemble de la population. Il ne s’agit bien sûr pas de capturer un loup mais de détecter sa signature génétique à partir des indices de présence biologiques récoltés. La technique CMR permet ainsi de disposer d’un suivi individuel d’un échantillon d’animaux et d’estimer la probabilité de ne pas détecter un animal (dit taux de recapture). Le pourcentage d’individus qui seront identifiés de la sorte plusieurs fois de suite permettra d’estimer le taux de survie annuel et la taille de la population.
Pour les aspects liés à la distribution géographique de l’espèce, il s’agit de l’évolution annuelle du nombre de communes avec récurrence forte ou faible de la détection de l’espèce (détection dite "régulière" si 3 indices ou plus sont validés au cours des 2 dernières années ; détection dite "occasionnelle" si moins de 3 indices durant cette même période).
En plus des zones de présence permanente, de très nombreux indices de présence sont collectés plus ou moins régulièrement dans l’espace et le temps en-dehors de ces zones de distribution bien établie de l’espèce. Ces indices constituent la base de la définition des zones dites "de présence occasionnelle" ou "de présence temporaire" (ZPT), témoins des avancées de colonisation qui sont le plus souvent le fait des sub-adultes en dispersion. Dans certaines zones, des attaques estivales sur le cheptel domestique sont observées plus régulièrement que dans d’autres mais l’absence, jusqu’à présent, d’indices de présence récurrents du loup en hiver fait qu’elles ne sont pas classées en zone de présence permanente.
L’analyse des variations des indicateurs démographiques et spatiaux renseigne sur le taux d’accroissement sous-jacent de la population de loups. Ces indicateurs sont mis à jour annuellement ; toutefois, l’indicateur le plus élaboré sur le plan méthodologique, à savoir l’estimation par CMR des effectifs totaux, n’est disponible qu’avec environ deux années de décalage (laps de temps nécessaire au recueil des excréments sur le terrain, à leur analyse génétique, puis à la modélisation). Néanmoins, il est surtout utile en terme de validation a posteriori de l’évolution des autres indicateurs.
En matière d’estimation des effectifs de la population de loups, l’EMR et la CMR possèdent leurs propres limites:
- les effectifs EMR ne concernent qu’un nombre minimal d’individus détectés uniquement sur les ZPP. Ils sont une sous-estimation des vrais effectifs à l’intérieur des ZPP, et donc, a fortiori, une sous-estimation de l’effectif total de la population qui, lui, englobe à la fois les ZPP et les individus en dispersion;
- les effectifs CMR, s’ils représentent bien l’ensemble de la population, ne sont mis à jour qu’avec au moins trois ans de retard ; la taille de la population à un instant et ne peut être estimée, avec toutes les précautions de rigueur, qu’en extrapolant à partir des données EMR et de l’historique de la corrélation des deux indicateurs (pour l’instant, CMR = 2,3 x EMR environ).
- Quoi De Neuf n°13 - p.9: Description de la méthode de modélisation des effectifs des populations de loups en France à partir des résultats des analyses génétiques menées sur les échantillons récoltés
- Quoi De Neuf n°18 - supplément spécial génétique: Méthodologie d’estimation des effectifs CMR grâce aux analyses génétiques
- Gestion adaptative de la population de loup en France: du monitoring à l’évaluation des possibilités de prélèvements, E. Marboutin, C. Duchamp et al. - 2005
- Actes du séminaire de restitution du programme LIFE - p.11: Les indicateurs de suivi de la population de loup en France
- Thèse de Nathaniel Valière, 2002: Amélioration et optimisation des méthodes non-invasives et des marqueurs microsatellites en Biologie des Populations et de la Conservation
Source au 1 juillet 2012: Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement et Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du Territoire