Le Monde des Pyrénées

Biodiversité, ours et brebis en Ariège

Bruno Besche-Commenge est enseignant-chercheur en histoire des techniques agropastorales et des races bovines et ovines pyrénéennes.
Résidant à Saint-Girons, il a une excellente connaissance du milieu dont il parle. Il a également fait partie de ces "ânes" et "imbéciles" qui ont empêché le lâcher de Paloma (Palouma) à Arbas en avril 2006.

L'ours brun est-il en voie de disparition?

La Ministre de l'écologie Nelly Olin aurait peut-être dû entendre non seulement des écologistes (ou prétendus écologistes) mais également des spécialistes de l'agropastoralisme même s'ils ne sont que des ânes et des imbéciles à ses yeux. Selon lui, les races ovines pyrénéennes sont beaucoup plus menacées que les ours alors que nous avons l'obligation, par convention internationale, des préserver. Sachant que l'agro-pastoralisme contribue au maintien des paysages et de la biodiversité des montagnes, la priorité n'est pas en faveur de l'ours mais en faveur des moutons.
Ce n'est pas le choix de nos gouvernants.Reste à savoir, quelle biodiversité nous voulons? Quelles conventions internationales vous voulons honorer et quels choix de vie les Pyrénéens souhaitent si toute fois il leur est donné la possibilité de choisir.

- L'âne, l'ours et les amis des bêtes

J'étais du troupeau "d'ânes" pyrénéens qui, l'autre soir, empêcha sa Seigneurie Nelly Olin de lâcher sa bêbête à Arbas.. Seigneurie en effet car ce sont bien les clercs et les seigneurs du Moyen-Age qui considéraient leurs sujets ruraux comme "des êtres humains quasi bestiaux" et c'est bien ainsi que nous avons été noblement traités par sa Seigneurie: "imbéciles" et "ânes".
Je pensais donc alors pouvoir profiter au moins du secours de la SPA pour soigner mes bobos. Mais, dans la Dépêche du Midi de ce dimanche 7 mai, cette honorable Société se réjouit de ce que le nounours à Madame ait pu, ailleurs, être enfin relâché.

Bêtement j'en conviens (ne suis-je pas un âne), je ne savais pas que SPA signifie: Société des Pitoyables Animaux. Pitoyable: qui fait pitié. C'est bien ce sentiment que nous avons été nombreux à éprouver en regardant le reportage d'Envoyé spécial consacré à la pauvre Palouma. Bien nommée Palouma, c'était elle en effet le pigeon en l'affaire, le joujou de Madame: endormie, réendormie, abreuvée salement, charcutée, recousue, trimbalée ici et là, et libérée enfin avec, au flanc, une cicatrice encore fraîche, ah que c'est beau l'amour des bêtes quand des escadrons entiers les protègent!!!!

Voyez-vous, Votre Seigneurie, je suis contre l'importation de ces ours chez moi, mais, âne pyrénéen, j'aime mes semblables animaux. Que la SPA, comme tout autre association amie des bêtes, ne proteste pas en voyant ainsi, comme une marchandise, la pauvre Palouma transformée en ours artificiel, manipulée, devenue un objet, cela m'inquiète: vers qui à présent me tourner pour soigner mes états d'âme et d'âne. J'en suis inquiet, je brais.

Bruno Besche-Commenge, Enseignant-Chercheur et âne pyrénéen.
Ecurie = St. Girons, Ariège.

ânesse Nelly