Les éleveurs de l'Ariège Pyrénées s'ouvrent aux éleveurs de l'Europe en les invitant pour la transhumance à Sentein
La fédération pastorale fête ses 20 années d'existence avec faste.
Transhumance traditionnelle à Massat. Photo DDM, archivesL'Ariège, ca monte, ca descend. Ce n'est jamais plat. C'est pour cela qu'elle est la terre idéale pour les transhumances. Les vraies. C'est-à-dire celles qui consistent à amener les bovins et les ovins dans les montagnes l'été pour les redescendre à l'automne. Une pratique agricole et culturelle ancestrale qui fait partie de l'identité du département. L'Ariège (tout comme l'Isère) a pris de l'avance dans la gestion des alpages voici déjà 20 ans, grâce à une fédération pastorale qui organise la gestion des troupeaux entre propriétaires (25.000 hectares maîtrisés), groupements pastoraux, équipements (pistes, points d'eau, clôtures, cabanes, panneaux solaires...), suivi de la végétation, information géographique et patrimoine. Bref, un cas d'école unique où une association avec une poignée d'ingénieurs salariés va de la répartition des terres (malgré le morcellement) à celle des troupeaux (avec une multiplicité de propriétaires), tout en tenant compte des données environnementales incontournables aujourd'hui.
Il fallait marquer les 20 ans de cette façon de faire, comme le président André Rouch entend, à juste titre, en faire un exemple d'équilibre agricole et paysager. Et pour mieux comprendre l'organisation, autant toujours voir ce qui se passe ailleurs. Les pays d'Europe organisateurs de transhumances sont donc conviés à Sentein, à l'occasion de la foire d'automne des 3, 4 et 5 octobre, à prendre modèle sur ce fonctionnement et à confronter leurs expériences. Il y aura donc des Roumains et des Grecs, des Italiens et des Finlandais, des Portugais et des Irlandais, des Espagnols et des Norvégiens. Pendant trois jours de festivités (nous reviendrons plus en détail sur le programme complet de ces journées) qui expliqueront ce que sont les transhumances chez eux, "comment ca marche" et "à quoi ca sert".
Le choix de Sentein n'est évidemment pas anecdotique puisque la culture couserannaise en la matière (avec ses passages vers l'Espagne) est basée sur cette notion de qualité, de respect de l'environnement et de volonté d'aller de l'avant. Fièvre catarrhale ou pas. Alors si les bovins ne sont pas admis pour cause de maladie, il y aura des chevaux, des cochons et Perrette qui construira un orry en direct sur la place du village. Là où nous touchons directement la culture du Biros et où tout un village se mobilise.
L'aspect technique des choses se taillera également la part du lion (ou de l'ours) avec des débats, colloques et réflexions sur les côtés économiques, culturels et environnementaux de la chose. Tout cela ne sera pas anodin. On touchera à l'essentiel de l'Ariège.
Auteur: Jean-Christophe Thomas
Source: La Dépêche du Midi du 12 Septembre 2008