Le Monde des Pyrénées

Le Gascon, les mots et le système

Gascon mots

Auteur: Jean-Louis Massourre
Préface: Thomas Field
Editeur: Honoré Champion

EAN13: 9782745322623
ISBN: 978-2-7453-2262-3
Paru le: 23/04/2012.

"Le gascon, les mots et le système" est un ouvrage de 417 pages (dont 88 cartes en N&B). Il vient de paraître aux Editions Honoré Champion-Slatkine (Paris-Genève) le 23 avril 2012.
On sait que cette maison d'édition est l'une des toutes premières en Europe pour ce qui concerne l'édition des ouvrages de linguistique, littéraires ou philosophiques.
Le gascon échappera-t-il enfin, grâce à cette édition, à l'étroit territoire où il reste trop souvent cantonné? En tout cas, il s'agit là, pour cet idiome, d'une belle reconnaissance.

- Présentation de l’éditeur

Le gascon, les mots et le système est un «essai», au sens où Montaigne employa ce nom, pour essayer de renouveler la description de cette langue romane et...› Lire la suite

Le gascon, les mots et le système est un «essai», au sens où Montaigne employa ce nom, pour essayer de renouveler la description de cette langue romane et la vision que l’on peut en avoir. Il ne prétend pas annuler l’ouvrage fameux de Gerhard Rohlfs Le gascon, Études de philologie pyrénéenne ou se substituer à lui. Mais cet ouvrage date déjà de 1935 et la seconde comme la troisième édition (en 1970 puis en 1976) n’ont presque pas tenu compte de la publication, en six volumes, de l’Atlas Linguistique et Ethnographique de la Gascogne (ALGc).

Or aucune étude, désormais, ne pourrait se dispenser d’utiliser ce travail magistral qui cartographie une documentation de première main recueillie, pendant des années, à même le terrain. Le gascon, les mots et le système prend donc en compte, et le plus possible, ces données nouvelles sans toutefois penser un instant épuiser son sujet: l’Atlas contient 2531 cartes et leur étude intégrale serait l’objet d’une «somme» que du reste personne sans doute ne saurait écrire seul aujourd’hui – ni même entreprendre.

Pourtant, Le Gascon, les mots et le système n’est pas seulement un ouvrage de pure description; une configuration nouvelle des cartes ALGc par l’auteur, leur superposition, permettent de montrer, à l’image des clichés radiographiques, comment certains processus occupent le même espace, ou s’y distribuent, ou bien s’excluent. Des interprétations inédites touchant à certains phénomènes marquants de l’idiome sont dès lors proposées.

Ce livre est donc «quelque chose d’autre» sans que cela rende caduques les recherches conduites jusqu’ici. À cette étude s’ajoutent quatre développements qu’on ne pouvait éviter: la position exceptionnelle qu’occupe le gascon dans le vaste domaine des langues d’oc y est précisée, les sources du lexique y sont étudiées, l’onomastique gasconne s’y trouve développée. Enfin, la littérature et la poésie y tiennent leur place avec toute leur verdeur et leur éternelle jeunesse enracinées dans l’accent du terroir.

- Voici la Préface du livre écrite par le linguiste américain Thomas Field

Le gascon revêt habituellement un air de mystère – sa «spécificité», ses liens avec le basque, son implantation géographique dans des terres à l’écart des préoccupations modernes – autant de lieux communs qui constituent trop souvent la totalité des connaissances dont font preuve les linguistes à l’égard de cette langue. On mentionne le gascon, mais on l’étudie peu; les chercheurs se sont traditionnellement contentés de le traiter d’un clin d’œil, d’un geste rapide, l’important étant la langue des troubadours, le provençal du Félibrige ou l’occitan central de la renaissance moderne. Puisque les parlers gascons sont restés à la périphérie des centres innovateurs à ces trois moments cruciaux de l’histoire de la langue d’oc, ils occupent aussi une place marginale dans la conscience des romanistes. Malgré des études ponctuelles de qualité, ce domaine linguistique reste relativement inaccessible à ceux qui désireraient le connaître.

Le seul ouvrage qui traite de manière conséquente la structure de cette langue curieuse est Le Gascon: Etudes de philologie pyrénéenne de Gerhard Rohlfs. D'une précision admirable et d’une autorité inégalée, ce travail est néanmoins basé sur des données qui datent essentiellement des années trente du siècle dernier, et il n’étudie, comme l’indique son titre, que les régions pyrénéennes. Si le lexique de l’ancienne langue se livre en détail depuis trente-cinq ans dans le Dictionnaire onomasiologique de l’ancien gascon de Kurt Baldinger, aucun ouvrage de synthèse, qui permettrait à un linguiste d’aborder le gascon pour la première fois ou d’en examiner un trait particulier, n’est apparu pour renouveler et étendre le travail de Rohlfs.

Pourtant, les gasconistes ont à leur disposition une source de matériaux extrêmement riche, un fonds qui aurait pu servir à la réalisation d’études d’ensemble depuis vingt ou trente ans déjà: l’Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne de Jean Séguy. On est conscient aujourd’hui des défauts des atlas linguistiques, mais a-t-on véritablement exploité les informations qu’ils offrent à la recherche? Produit à la fois traditionnel et innovateur, l’ALG est basé sur une récolte rigoureuse de données sur le terrain, une collecte d’une envergure sans précédent dans la région. Jean Séguy et ses collègues, qui ont été les maîtres de Jean-Louis Massourre, ont, en l’élaborant, fait preuve de fidélité aux principes des atlas régionaux en France, mais ils ont en même temps ouvert de nouvelles voies: pour ne prendre qu’un exemple, dans leur traitement du «polymorphisme», ils participent par instinct et par honnêteté intellectuelle à la construction d’une véritable linguistique variationniste. Mais l’ALG est sorti à la fin d’une époque, et la linguistique a pris d’autres chemins par la suite, rejetant presque complètement le travail d’une génération considérée comme dépassée. Cela explique, peut-être, le fait qu'aucun ouvrage de synthèse sur le gascon n'ait paru dans les décennies qui ont suivi la publication de cet ouvrage innovateur.

Là se trouve tout l'intérêt que revêt le travail de Jean-Louis Massourre. Auteur déjà d'une description admirable de son parler natal de Barège, il s’est donné comme tâche de mettre de l’ordre dans les informations fourmillantes de l’ALG. Il s'est attaqué au domaine linguistique gascon dans son ensemble, de Bordeaux aux Pyrénées et de Bayonne aux environs de Toulouse, et il ne craint ni l’étymologie, ni la phonétique historique, ni la morphologie verbale de la langue moderne. À la fois diachronique et synchronique dans son approche, l'auteur réussit à faire le point sur un nombre incalculable de traits linguistiques, et, en nous proposant cette synthèse des données collectionnées et publiées par ses maîtres, Jean-Louis Massourre jette les bases d'une compréhension globale du gascon.

Cependant, ce serait une erreur que de voir en cet ouvrage un simple assemblage d’informations recueillies dans les six volumes de l’ALG et dans les ouvrages inédits de Jacques Allières auxquels Jean-Louis Massourre a eu accès. Aucun travail de l'envergure de celui-ci ne s’élabore machinalement à partir de données brutes et de citations d’autres chercheurs. S’il est vrai que l’auteur réussit à éclaircir les informations abondantes de l’ALG, il va néanmoins plus loin et s’efforce de nous faire comprendre le système de la langue dans son ensemble. Il propose aussi des solutions nouvelles et quelquefois hardies à des problèmes tenaces, comme l’origine de l'énonciatif, par exemple. C’est un livre riche et dense, qu’il convient de parcourir peu à peu en détail. L’auteur ne prétend pas pour autant épuiser son sujet, et il y aura sans doute des retouches à apporter à cette description du gascon, mais nous pouvons être déjà reconnaissant à Jean-Louis  Massourre d’avoir fait le premier pas et de l’avoir si bien réussi. La recherche sur le gascon avait besoin d'un point de départ solide et fiable: le voici.

Thomas Field
Coordinator of Honors
Modern Languages and Linguistics
University of Maryland, Baltimore County

Source: Site de Jean-Louis Massourre, fermé

- Biographie de Jean-Louis Massourre

Jean-Louis Massourre est né à Chèze, un village du bassin supérieur du Gave de Pau, en Haute-Bigorre. Il a parlé, dès l’enfance, une forme du gascon haut-pyrénéen: cette langue maternelle, utilisée à la maison et dans tous les actes de la vie quotidienne, ne sera jamais oubliée par lui et il a su la faire cohabiter avec le français appris à l’école communale. Agrégé et Docteurès Lettres, il s’est consacré, depuis longtemps, à l’étude des langues romanes et, notamment, du gascon.

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