Les réactions à la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages votée définitivement le 20 juillet 2016 sont nombreuses. Manifestement, elle ne satisfait personne même si certains y notent poliment des avancées. Il faut noter que ce sont les agriculteurs qui sont aux premières loges d’une loi à la vision idyllique citadine. L’idéologie prend le pas sur la science et beaucoup confondent jardin du Luxembourg et nature entretenue par l’homme depuis des millénaires. Une loi qui, à terme, ne servira à pas grand-chose ou qui sera une contrainte régressive supplémentaire où l’homme n’a d’ailleurs pas sa place.
Quand une ministre prend les ruraux pour des imbéciles
Au 25 juillet 2016, aucune réaction sur son site Web de l'association de protection de la nature en montagne, Mountain Wilderness. Biodiversité, nature et paysages ne semblent pas faire partie des préoccupations immédiates de cette association nationale et internationale souvent associée à un grand investisseur immobilier associatif de haute montagne.
La Loi pour «la reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages» vient d'être adoptée. Derrière ce titre enthousiasmant se cachent en fait quelques véritables progrès, mais aussi des mesures qui vont mettre en danger la biodiversité.
On est donc encore loin d'une véritable prise de conscience de la nécessité de protéger l'environnement et ceux qui travaillent au quotidien avec la nature: les paysans et paysannes. Cette fuite en avant ne pourra pas se poursuivre indéfiniment. Nous continuerons à nous mobiliser contre les grands projets inutiles, contre les OGM nouveaux et anciens, pour le droit d'échanger et de ressemer nos semences!
Communiqué de presse du 21 juillet 2016
Au final il aura fallu pas moins de deux ans, et quatre lectures au Parlement, pour que ce texte voit enfin le jour. Le débat politique s'est résumé à une question: dis-moi quelle est ta conception des rapports Homme / Nature et je te dirai ce que tu as voté. En effet si, dans un premier temps, le débat des parlementaires a exprimé une nette prise de conscience collective d'agir pour stopper la dégradation de notre riche biodiversité, dans un second temps, la posture de la droite aura été de limiter les véritables moyens d'action.
Entre temps, les lobbies agricoles et industriels de l'agrochimie sont passés à l'action pour limiter la perte de leurs profits, et malheureusement les parlementaires de droite se sont laissés séduire par les sirènes ravageuses du productivisme.
Néanmoins, ce texte voté par toute la gauche comporte des avancées indéniables: le triptyque «éviter, réduire, compenser», la reconnaissance du préjudice écologique, la non régression du droit de l'environnement, la ratification du protocole de Nagoya, la non-brevetabilité du vivant impulsée par les parlementaires communistes et enfin l'interdiction des néonicotinoïdes s'appliquera bien à compter du 1er septembre 2018. Ces avancées sont réelles et nous nous en réjouissons.
Par contre, il faudra encore attendre pour ce qui concerne les taxes sur les huiles issues de l'agriculture et l'interdiction du chalutage en mer profonde adoptée par l'Europe. Enfin nos craintes persistent sur les moyens financiers et humains qui seront alloués à la nouvelle Agence pour la biodiversité.
Le respect et la préservation de la biodiversité est une affaire de choix de civilisation qui nécessite un débat permanent. C'est pourquoi nous organiserons «un mois pour la biodiversité» durant tout le mois d'octobre
Source: Humanité du 21 juillet 2016
Observations:
La position du PCF sur la loi biodiversité est un total alignement sur l'UICN (Même chose pour le PS, les Verts etc...) et l'écologie de marché. Un paradoxe pour ce parti politique
anti-capitaliste et anti-libéral. A croire qu'ils n'ont pas compris ce qu'ils lisaient et votaient.
Mercredi 20 juillet, le texte définitif de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été adopté à l’Assemblée nationale. Cette adoption conclut quatre années d’un circuit laborieux entre le parcours gouvernemental et parlementaire, dont les nombreux amendements témoignent des divisions et des difficultés à trouver des consensus, alors que, selon les ONG, les lobbies agricoles, industriels, cynégétiques et de la pêche maritime s’opposaient aux avancées nécessaires à la préservation de la biodiversité.
Le projet de loi présenté en Conseil des ministres le 26 mars 2014 aura été discuté pendant 27 mois avant que ne soit finalement adopté le texte définitif qui ancre, malgré ses l acunes, d’importants éléments novateurs, des principes fondamentaux et des mesures concrètes tendant à une meilleure protection du vivant, tant au niveau national que local.
Les associations LPO, FNE, Humanité et biodiversité, l’ANPCEN, WWF et FNH ont fait part, dans un communiqué de presse commun, de ce qu’ils estiment être de réelles avancées de la loi:
Les ONG qualifient toutefois la loi de «rendez-vous manqué», en raison selon eux, d’un «manque de portage politique» concernant notamment:
Parmi les nombreuses associations ayant fait part de leur mécontentement à la suite de l’adoption du texte définitif, l’association Pollinis déplore dans son communiqué de presse le compromis trouvé s’agissant des néonicotinoïdes. Elle estime qu’une interdiction de ces principes actifs n’avait de sens que si elle permettait la mise en place d’un véritable programme de transition vers l’agro-écologie ; or pour elle, «la loi entérine le remplacement des pesticides tueurs d’abeilles par d’autres molécules tout aussi toxiques».
Les associations qui reconnaissent que le texte permet de passer à l’échelle réelle des enjeux de la biodiversité mettent cependant en garde pour l’avenir. Elles rappellent que la réussite de la loi et sa mise en œuvre concrète dépendent des contenus des décrets d’application, des emplois dédiés à la biodiversité et des moyens financiers qui seront réellement mobilisés. Le prochain projet de loi de finance devrait ainsi être déterminant en ce sens. Les associations appellent les pouvoirs publics à ne pas relâcher les efforts fournis autour de l’adoption de ce texte: «légiférer ne suffit pas, il faut se donner les moyens d’agir».
Auteur: Eléonore Gauducheau
Source: Environnement magazine du 21 juillet 2016