Le Monde des Pyrénées

Business and climate summit 2016: des partenariats entre entreprises au chevet du climat

La deuxième édition du Business and Climate Summit, qui se déroule en ce moment à Londres, dresse un constat clair: seuls, les États ne parviendront pas à contenir les émissions de gaz à effet de serre "bien en-deçà des 2°", tel que le prévoit l’Accord de Paris. Pour les épauler, les entreprises, de plus en plus conscientes des risques que représente le réchauffement climatique, sont des partenaires cruciaux. Mais quels sont les outils mis à leur disposition leur permettant d’accélérer la transition vers une économie bas-carbone? Un nouveau concept émerge, celui des "initiatives coopératives". Explications.

Conçu dans le cadre du Plan d’Actions Lima-Paris, en amont de la COP21, le concept d’initiatives coopératives ne cesse depuis de s’étendre, tant il s’avère prometteur. Une étude [1] publiée en 2015 s’est penchée sur le potentiel de ces partenariats dans le secteur privé. Elle s’appuie sur cinq initiatives. Le résultat est édifiant: grâce à ces dernières, 200 millions de tonnes de CO2 économisées d’ici 2020. Avec une forte marge de progression, prévoient les auteurs.

De quoi s’agit-il? De coopérations volontaires entre acteurs non-étatiques pour développer en commun des solutions bas-carbone. Sont concernés des acteurs majeurs de la société civile, comme les villes et les ONG. Mais aussi, et de plus en plus, les entreprises. Ces dernières peuvent se mobiliser autour d’une technologie ou d’une industrie commune. C’est le cas du programme Refrigerants, Naturally!, qui réunit des géants comme Pepsico, Unilever, Red Bull ou encore Coca Cola et dont le but est de développer et promouvoir des techniques de réfrigération bas-carbone. Ou de la Cement Sustainability Initiative, qui regroupe 25 producteurs de ciment représentant 30% de la production mondiale. Cette initiative propose une plateforme permettant échanges, dialogue avec les parties prenantes et développement en commun de solutions bas-carbone dans la chaîne de production.

Fort pouvoir incitatif

Pour Ann Gardiner, consultante en politiques et stratégies climat chez Ecofys, ces partenariats apportent aux entreprises "une meilleure reconnaissance de leurs actions menées en faveur du climat auprès de leurs pairs et de leurs clientèles, mais aussi auprès des parties prenantes". Surtout, l’échange d’informations entre entreprises joue un rôle central grâce, notamment, aux retours d’expérience. Ce qui enclenche souvent une dynamique vertueuse: "Certains projets sont considérés comme des succès, ce qui incite d’autres entreprises à suivre ces exemples. Et c’est bien de cela dont il s’agit, inciter de plus en plus d’acteurs à se mobiliser pour le climat", poursuit la consultante.

Mais pour faire tâche d’huile, encore faut-il rendre visible l’action climatique entrepreneuriale. C’est le rôle de la plateforme Climate Initiatives Platform (CIP), qui recense un total de 219 partenariats et 7461 entreprises qui se sont engagées dans l’action climatique. "Au lieu d’étudier les actions de façon individuelle, il est plus efficace de les regrouper par catégories. Cela améliore la visibilité de l’action climatique entrepreneuriale", explique Ann Gardiner.

Autre avantage de la plateforme: rendre l’action climatique des entreprises visible par-delà les frontières nationales. Les auteurs de l’étude "Better Partnerships" soulignent à quel point la dimension internationale de ces partenariats entre entreprises améliore l’efficacité des programmes bas-carbone et leurs ambitions.

Des initiatives extérieures à la diplomatie climatique qui pourraient mettre à mal le rôle et l’action du Secrétariat de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), qui réunit chaque année les délégations des 196 Parties/États pour les fameuses COP? Pas pour Ann Gardner pour qui il ne s’agit pas de séparer l’action des uns et des autres mais bien d’un "renforcement mutuel des ambitions. Chacun ayant besoin l’un de l’autre".

[1] "Better partnerships - Understanding and increasing the impact of private sector cooperative initiatives", University of Cambridge, Institute for Sustainability Leadership, Ecofys

Auteur: Claire Stam
Source: Novethic de juin 2016