Après 30 ans d'application de la directive oiseaux et de création de ZPS, zones de protection spéciales, des oiseaux recolonisent la France
Bonne nouvelle pour les Alsaciens, l'oiseau emblématique de leur région va mieux! La Ligue de protection des oiseaux (LPO) vient de dresser le bilan de la directive "Oiseaux", trente ans après sa mise en application. La cigogne a donc repris du poil de la bête tandis que d'autres espèces, nichant dans les espaces agricoles, continuent leur déclin. Les nombreux bénéfices tirés de la directive européenne ne doivent pourtant pas faire oublier les efforts qu'il reste à fournir...
Selon la LPO, certaines espèces emblématiques vont mieux. La cigogne, la grue cendrée, le vautour moine font partie des espèces en augmentation. "Il y a trente ans, il ne restait
plus qu'une dizaine de couples de cigognes en France. Aujourd'hui, il y en a plus d'un millier", se réjouit Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO. Idem pour le vautour moine,
réintroduit en France en 1992 et qui compte aujourd'hui une centaine d'individus.
La faute à qui?
Ou plutôt merci qui?
A la Directive "Oiseaux", adopté le 2 avril 1979. Première loi de protection de la nature, elle visait à enrayer la régression de la biodiversité en reconnaissant aux oiseaux
sauvages le caractère de patrimoine commun aux Etats membres. Elle a permis notamment la création des
Zones de protection spéciales (ZPS), véritables remparts contre la
destruction de l'habitat des oiseaux sauvages. En France, elles sont au nombre de 380 couvrant 4,23 millions d'hectares pour la partie terrestre.
L'annexe I de la directive a établi une liste de 181 espèces menacées prioritaires en Europe dont 88 se reproduisent en France. Sur ces 88 espèces, 37 % sont en augmentation. Non
seulement grâce à des mesures de protection ciblées, comme c'est le cas pour la cigogne, le vautour moine ou la grue cendrée, mais aussi du fait de la création des zones
protégées.
Mais c'est un peu la plume qui cache l'oiseau!
Malgré ces aspects très positifs reconnus sur certaines espèces, d'autres ne subissent pas le même sort. Globalement, sur 287 espèces d'oiseaux nicheurs présents sur le territoire
français, 33 % sont en déclin. Parmi eux, les oiseaux de campagne font les frais de l'agriculture intensive. Le réaménagement de l'espace rural, notamment, a fait disparaître nombre
de bocages et de haies, autant de lieux de vie pour l'avifaune. "En 40 ans, on a perdu 50 % des zones humides, un des hauts lieux de la biodiversité", constate M. Bougrain-Dubourg.
Le changement de comportement des ruraux a aussi son incidence sur la fragilité des ces espèces. Raréfaction des granges, aseptisation de l'habitat, destruction des nids...les
hirondelles ne sont pas en odeur de sainteté. "Leurs populations ont chuté de 41 % entre 1989 et 2005. Même s'il s'agit d'une espèce protégée, les gens détruisent les nids à cause
des fientes", observe Sandrine Mor, ornithologue.
Egalement responsable du déclin de certaines espèces: le dérèglement climatique. En règle générale, la recrudescence des insectes du printemps coïncide avec l'arrivée des oiseaux migrateurs. Avec le réchauffement du climat, les insectes sont plus précoces. Les oiseaux, eux, mûs par leur horloge interne, ne changent pas leur période de migration. Se nourrir devient alors pour eux un véritable "casse-bec"!
certaines espèces ont été sauvées par la directive "Oiseaux", d'autres sont toujours en péril. Loin d'être alarmistes, il nous faut prendre conscience que d'importants efforts restent à fournir pour la conservation de la biodiversité, patrimoine inestimable. Notamment dans les milieux ruraux. D'autre part, force est de reconnaître que l'engagement européen et français pris en 2002 de mettre un frein au déclin de la biodiversité pour 2010 ne sera pas atteint...