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Vivre avec le loup en Lozère… ou ailleurs est ce possible? Rémi Destre, docteur en écologie, professeur d’agro-écologie en lycée agricole et chevalier de l’ordre du Mérite Agricole et surtout Président d’une association dite "de protection de la nature", l’ALEPE, prétend que cela est possible. Pire encore, c’est indispensable pour l’avenir de l’homme. Curieusement, ceux qui y sont confronté depuis plus de 20 ans dans les Alpes-Maritimes ne partagent pas ce point de vue au regard de leur expérience quotidienne.

Le journal «La Lozère Nouvelle» du 18 septembre 2015 publie une tribune libre signée de Rémi Destre, Président de l’ALEPE qualifié de «délire» ou de «torchon» pour de nombreus éleveurs. Le journal ne prend pas de risque et précise: "L’analyse développée ici n’engage que son auteur". Néanmoins, selon lui, "elle participe au débat qui a le mérite de poser la présence du loup sur notre territoire". Un débat ne peut être constructif que s’il n’est pas caricatural et idéologique. Si non, il n’y a pas débat. Et puis, peut-on encore débattre sur la cohabitation avec ce grand prédateur après l’incontestatble fiasco constaté là où le loup est sérieusement implanté comme danbs les Alpes du sud? Impossible. Il faut des solutions rapides pour survivre et sauver le pastoralisme et la Lozère devrait s’inspirer de cette triste expérience au lieu de palabrer avec des gens dépourvus de raison.

Après lecture, il faut admettre que le docteur en écologie et professeur d’agro-écologie ne brille pas par ses références. Son analyse est purement sentimentale, philosophique et idéologique, ce dont se moque les bergers et éleveurs qui subissent cette catastrophe à laquelle la Lozère n’est que peu confrontée. Nous nous limiterons à commenter l’introduction et la conclusion qui, à elles seules, sont des monuments d’incohérences et d’incompréhensions.

- Introduction

"Le loup est un élément de notre biodiversité, il appartient à notre patrimoine biologique naturel autant que culturel. C’est une espèce protégée par la loi, au niveau européen et national, parce qu’il a failli disparaître et parce qu’une volonté majoritaire de nos concitoyens aspire à préserver cet animal fascinant… Et, pour les grands équilibres écologiques comme pour l’équilibre psychique de notre société humaine, c’est tant mieux.

"Le loup est un animal qui accompagne l’homme depuis la nuit des temps et qui est ancré dans l’inconscient collectif de tous les peuples de l’hémisphère nord. Personnage incontournable de notre littérature enfantine, il devient pour l’homme adulte objet de crainte ou de fascination…. Mais il est là toujours dans les têtes…. Et, après quelques courtes décennies d’absence de nos paysages ruraux, il réapparait dans nos campagnes.

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- "Un vrai pari pour l’avenir…

"Nous sommes tous des protecteurs de la Nature… qui, de sensé, ne pourrait pas l’être? Si on ne réussit pas ce pari dans notre pays, l’avenir de toutes les grandes espèces sur la planète nous paraîtra alors bien compromis et la forte érosion de la biodiversité ne préfigure rien de bon pour l’avenir de notre propre espèce.

"Mais si on le réussit, l’espoir d’une humanité réconciliée avec les éléments vivants de notre planète contribuera peut-être à redonner un élan d’optimisme aux générations qui nous suivent…. Canis lupus est un animal intelligent. Espérons que l’on saura trouver les solutions d’une coexistence au moins à la hauteur de son intelligence! Il y va de l’intérêt de tous".

- Remi Destre nous prend pour des imbéciles

Si le loup est "un élément de notre biodiversité" il n’est pas le seul élément. Il est également difficile de comprendre en quoi il peut être "notre patrimoine biologique naturel" et encore plus difficile à admettre qu’il fasse partie de notre patrimoine culturel en dehors de sa chasse en vue de son éradication depuis Charlemagne et la création du corps des lieutenants de louveterie. Sa disparition, un temps, de France et d’une manière plus générale de toute la France depuis le 19eme siècle n’a nullement perturbé la vie des populations humaines ni le développement de la biodiversité. Bien au contraire! Les territoires reconnus pour leur diversité remarquable ont été accaparés par les Parcs Nationaux… sans loups (ni ours) et personne n’y faisait allusion sauf lorsqu’un chasseur en tuait un plus ou moins hybride ou relâché d’un élevage. Les grands équilibres écologiques existaient sans loup et les éleveurs assuraient le développement de cette biodiversité remarquable d’ailleurs reconnue dans le Code Rural (article L 113-1).

"Le loup est un animal qui accompagne l’homme depuis la nuit des temps"… Curieuse vision de l’histoire. Cet écologiste pro-loup tient, mot à mot, le même discours que ceux pro-ours avec l’ours. Ils oublient seulement de dire que l’homme accompagne l’animal au bout du fusil. Si ce n’était pas le cas, le loup n’aurait pas été éradiqué. Cessons de faire croire ce mensonge d’une cohabitation paisible et sereine où le paysan du Moyen-Âge à celui du 19ème siècle serait moins idiot que le paysan du 21ème siècle.

Quant à la réapparition des loups, très probablement des hybrides d’élevage, s’il est là dans nos territoires ruraux, essentiellement en montagne, c’est uniquement parce qu’on l’a aidé en l’introduisant.

Nous sommes sans doute tous des protecteurs de la nature mais il y a surtout ceux qui en parle et ceux qui le font. Ce ne sont pas ceux qui font beaucoup de bruit comme l’ALEP qui sont le plus sur le terrain à protéger et entretenir les milieux. Par contre, les éleveurs, sont des acteurs quotidiens du maintien et du développement de la biodiversité et des paysages. Eliminer ces éleveurs par la présence de grands prédateurs que les anciens avaient fini par éradiquer, c’est porter atteinte à la biodiversité. Nous faire la leçon sur l’avenir des "grandes espèces sur la planète" n’a pas beaucoup de sens d’autant que le loup n’est pas une espèce en voie de disparition en Europe.

Cessez de mentir pour satisfaire votre nombrilisme, votre égoïsme ou votre idéologie sectaire du tout sauvage. L’espoir de l’humanité ne repose pas sur la cohabitation mais le bien-vivre entre tous et pas forcément avec des animaux prédateurs qui sont imposés. Cet avenir ne passe surement pas par la transformation de la France dans une forme de grand zoo. Des grands prédateurs comme le loup, oui, mais pas au milieu des élevages et des activités humaines. Chacun sa place et on évite les conflits.

Il n’existe aucune solution de coexistence. Tout être intelligent le comprendra. Il n’y aura même plus jamais de dialogue entre éleveurs et protecteurs des loups. Ce serait inutile et sans intérêt. Il n’existe pas de protecteurs du loup et de protecteurs de la nature. Les associations écologistes sont toutes des vecteurs d’une idéologie du tout sauvage incompatible avec des millénaires de pastoralisme où le loup n’est qu’un alibi pour créer des espaces sauvages servant, à moyen terme, à financiariser la nature comme prévu dans tous les projets UICN. Mais c’est un aspect que le militantisme écologiste évite d’aborder. Pourquoi?

Louis Dollo, le 25 octobre 2015

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