Les écologistes rentrent en conflit avec les chasseurs de l'Ariège dans les Pyrénées
Il y a quelques jours le Comité Ecologique Ariégeois apprenait par le biais d'un communiqué de la Fédération des Chasseurs de l'Ariège que ces derniers étaient "en colère". Ceci est compréhensible, car la vérité n'est pas toujours agréable à entendre. Début Juillet, le Comité Ecologique Ariégeois dénonçait l'opposition de cette Fédération ainsi que de l'Amicale des Chasseurs de Montagne à toute cohabitation entre l'ours brun et les activités cynégétiques.
Cette dénonciation ne plaît visiblement pas à certains chasseurs opposés à l'ours et à la vie sauvage, qui viennent avancer des affirmations dont nous allons démêler le vrai du faux point par point:
La Fédération des Chasseurs de l'Ariège critique l'intervention du CEA qui "se targue de parler au nom de la majorité"; rappelons nous simplement du score des Chasseurs aux dernières élections Européennes: Nihous et De Villiers, opposés aux grands prédateurs, à Natura 2000, à la protection des zones encore sauvages, ne recueillaient que 2.50% des suffrages en Ariège, tandis que les listes écologistes totalisaient plus de 19% des votes exprimés dans notre département. Cette "vague verte" ne fait que nous encourager dans le combat pour des Pyrénées vivantes. Notre association n'éprouve aucune honte à s'exprimer en faveur de la cohabitation entre la Nature et l'Homme, aussi pour le CEA l'ours n'est pas tabou et il s'exprimera au sujet de sa protection aussi souvent que nécessaire.
La Fédération des Chasseurs de l'Ariège affirme que le CEA demande au Préfet que la "circulation sur la RN20 soit aménagée, limitée au strict nécessaire tant en trafic qu'en vitesse"; en décembre dernier le CEA ne sollicitait pas le Préfet pour aménager la circulation de la RN20, mais pour aménager la route même, qui ne comporte aucun passage pour la grande faune (sangliers, ours, chevreuils, etc), ce qui est accidentogène pour les automobilistes et dommageable pour les espèces telles que l'ours brun. Le CEA demandait que la vitesse sur le tronçon en 2x2 voies de Mérens les Vals, où l'ours Boutxy a été percuté par un minibus en Août dernier, soit réajustée de 110km/h à 90km/h, pour la sécurité de tous. D'ailleurs, nous nous apprêtons à reformuler ces demandes auprès de la Préfecture. Concernant le trafic très important dû à la proximité d'Andorre, devenu insupportable pour la population de la vallée, le CEA s'est prononcé pour la réalisation des contournements des villages les plus sensibles mais opposé à la construction d'une autoroute qui engendrerait une augmentation du trafic et une pollution inadmissible pour les habitants et pour l'environnement.
La Fédération des Chasseurs de l'Ariège prétend que le CEA " veut qu'aucun aménagement ou activité ne soient acceptés pour cause de présence de grand tétras soit disant en voie de disparition". Le fait même de remettre en cause le statut d'espèce vulnérable du grand tétras, alors que les chasseurs sont associés à la stratégie de conservation du grand tétras lancée en février dernier par le Ministère de l'Ecologie, montre leur état d'esprit fort peu enclin à l'effort de préservation. La Fédération des Chasseurs de l'Ariège n'a peut être pas supporté que le CEA attaque en justice l'arrêté chasse 2008-2009 et obtienne la suspension de la chasse pour cet oiseau ainsi que pour le lagopède. Le CEA continuera à s'opposer à la chasse du grand tétras tant que le déclin de cette espèce ne sera pas enrayé notamment par des mesures strictes de protection de son habitat. Le CEA rappelle qu'il ne se bat pas contre la Fédération des Chasseurs de l'Ariège, mais pour le devenir du grand tétras. Evidemment, cet oiseau n'aura un avenir dans les Pyrénées que si nous assurons une protection efficace du biotope dont il dépend aussi nous nous opposons aux projets destructeurs et perturbateurs du milieu naturel (ex: extension de la station de ski de Mijanès en vallée de la Maure).
La Fédération des Chasseurs de l'Ariège affirme que nous omettons ostensiblement de signaler que "des zones de nature vierge devront bientôt être créées en particulier chez les indiens ariégeois" d'où toutes les activités humaines seront exclues, demande formulée auprès de la Commission Européenne par les élus écologistes. Le mardi 3 février 2009 un texte a en effet été adopté à Strasbourg concernant les zones de nature vierge, considérant que "l'objectif fixé, à savoir mettre un terme à l'érosion de la biodiversité à l'horizon 2010, ne sera pas atteint", il invite la Commission à les inventorier, à conduire une étude sur leur valeur et les avantages de leur protection, à les promouvoir, à gérer "avec le plus grand soin" le tourisme qui fait subir à la nature des préjudices certains (certaines zones de nature vierge seraient interdites d'accès sauf pour les études scientifiques, d'autres seraient ouvertes à un "tourisme durable de haut niveau), et à améliorer la protection des ces zones de nature vierge.
Le CEA considère que la protection des derniers lambeaux de nature vierge européens est un enjeu majeur, et qu'elle ne mettra jamais en péril le tourisme et les autres activités humaines compte tenu de la surface de ces zones vierges, extrêmement réduite sur un continent aménagé au maximum. Au lieu de polémiquer, nous préférons inviter les personnes intéressées par ce sujet à lire le texte en intégralité à cette adresse internet
Le CEA s'étonne de la comparaison établie entre ariégeois et indiens, une façon de dire que nous allons être "mis en réserve" par les citadins de Bruxelles. Le Comité pense au contraire que la protection de la Nature, le respect de l'Homme pour son environnement et pour lui-même, la cohabitation entre l'Homme et les Grands prédateurs, sont des thèmes actuels, qui concernent tous les citoyens, y compris et surtout les ruraux vivant à proximité de la Nature. Nous ne proposons pas de sanctuariser les Pyrénées et d'en exclure l'Homme et ses activités pastorales ou touristiques, nous croyons au contraire que l'Homme peut vivre en harmonie avec son environnement et entreprenons toutes nos actions dans ce sens là. Si le CEA défend la Nature c'est aussi car il sait que l'Homme est tributaire de cette dernière et qu'il est en train d'en épuiser toutes les ressources.
La Fédération des Chasseurs de l'Ariège dit que le CEA se positionnait "étonnamment sur et parfois contre la réintroduction d'ours slovènes" évoquant "une réintroduction
quantifiable et artificielle", "dévalorisante pour l'homme". Le Comité Ecologique Ariégeois précise que s'il émettait des réserves sur cette réintroduction, c'est parce
qu'elle n'était pas menée sérieusement, ne prenant pas en compte la préservation des habitats vitaux et les questions de cohabitation avec la chasse. Quantifiable, car cinq
ours ce n'est pas assez pour sauver l'espèce, artificielle, car nous préférons l'idée d'ours sauvages non équipés de colliers émetteurs. C'est pour cela que nous insistons
auprès de l'Etat, avec de nombreuses autres associations comme Ferus ou Pays de l'Ours Adet, pour mettre en place une véritable politique de protection de l'ours brun et de son
habitat, ainsi que la définition de règles efficaces pour que l'ours brun coexiste avec les différentes activités humaines. Tout cela afin que cette réintroduction n'ait pas
servi à rien. Une réintroduction, comme aime le souligner la Fédération des Chasseurs de l'Ariège, "dévalorisante pour l'homme", car l'homme n'a pas su sauvegarder les ours
autochtones.
Enfin, concernant l'origine des ours bruns introduits, le CEA ne peut que constater l'excellente adaptation des ours originaires de Slovénie, eux aussi ursus arctos tout comme
les derniers ours autochtones.
Pour finir le CEA observera simplement que la Fédération des Chasseurs de l'Ariège ne sait plus quel argument apporter pour rejeter la cohabitation avec l'ours. La mort de Mellba, de Cannelle, le tir sur Balou, et l'hypothétique attaque de Hvala sur un chasseur du Val d'Aran n'ont visiblement pas servi de leçon... Nous ne critiquons pas continuellement la Fédération des Chasseurs de l'Ariège: nous avons d'ailleurs déjà collaboré avec des chasseurs soucieux de la préservation du milieu naturel mais dans la mesure où elle se positionne malheureusement contre la biodiversité, alors nous n'avons d'autre choix que de prendre la défense de cette dernière."
Communiqué du Comité Ecologique Ariègeois du 7 septembre 2009