L’écologie radicale est une idéologie extrémiste qu’il est facile d’assimiler à celle de certains totalitarisme des plus répugnants. Elle n’est qu’une branche de l’écologie
politique qui considère l’homme comme un intrus sur la planète au détriment du sauvage. Toute idée humaniste est proscrite. Pire, les associations se revendiquant de l’écologie
radicale font de la surenchère entre elles. C’est le cas de
"La terre d’Abord" face au magistrat périgourdin, Gérard Charollois de la Convention Vie et
Nature.
Comme toutes idéologies extrémistes tendant vers le totalitarisme, les idées diffusées par ces groupuscules ne sont pas sans danger pour la démocratie. La situation ne présente
qu’un aspect marginal lorsqu’elle se cantonne à quelques associations tout aussi marginales qui regroupent quelques excités dont l’auditoire est relativement limité. Mais cela
devient plus inquiétant lorsque ce sont des ténors de l’écologie politique qui s’expriment comme Yves Cochet ou lorsqu’il s’agit d’un magistrat qui rend la justice au nom du
peuple français.
Par Malakine.
L'écologie radicale est une idéologie qui monte en puissance et en visibilité. Ainsi d'Yves Cochet, qui pense avoir trouvé une solution pour limiter l'impact des êtres humains
sur l'environnement: ne plus faire d'enfants!
Pour stigmatier les effets déflationnistes du libre-échange, Emmanuel Todd indique souvent avec ironie qu’il attend avec impatience le jour où un homme politique ou un économiste dirait qu’il fallait réduire le nombre de Français! C’est maintenant chose faite. Le député vert Yves Cochet s’est illustré récemment à l’occasion d’un colloque sur la crise économique et écologique, par une proposition assez étonnante: «La grève des ventres!». Il faudrait selon lui instaurer une dégressivité des allocations familiales afin de décourager la natalité car chaque européen a un coût écologique «comparable à 620 aller-retour Paris New York».
Cette position n’a en réalité rien de neuf chez les Verts qui sont anti-natalistes depuis toujours, mais elle éclaire d’un jour nouveau les théories de la décroissance qui connaissent en cette période de crise un inquiétant développement. L’écologie radicale est en train de devenir le nouvel extrémisme qui apporte «de mauvaises réponses a de bonnes questions» Elle risque fort d’être au XXIème siècle ce qu’auront été le communisme et le fascisme au XXème. Portée par de nouveaux fanatiques bon chic bon genre, ces théories pourraient bien, à la faveur de la crise, engendrer un nouveau totalitarisme fondé sur une haine de l’espèce humaine et une irrationnelle pulsion d’autodestruction.
Le souci de vouloir adapter la civilisation humaine aux limites de la biosphère est une nécessité que la pensée économique va bien devoir intégrer tôt ou tard. Pourtant, si la question est juste, la réponse qui consiste à vouloir réduire la population humaine est rigoureusement irrecevable et doit être rejetée avec force.
La proposition est d'abord contre productive au regard de l’objectif qui est le sien. Si l’on considère que l’Humanité va devoir au 21ème siècle faire face au problème de la finitude des ressources naturelles, il lui sera nécessaire de faire preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation qui pourra l’amener à changer profondément son système économique, voire son modèle de civilisation. Or, ce défi ne pourra être relevé que par des sociétés dynamiques, imaginatives, aptes aux révolutions et ayant le souci de l’avenir. En aucun cas par des sociétés vieillissantes, sclérosées, vivant dans la nostalgie et le déni de réalité. S’engager aujourd’hui sur la voie de la dénatalité conduirait mécaniquement dans quelques décennies à des sociétés gérontocratiques si profondément conservatrice qu’elles en deviendraient définitivement inaptes à tout changement. On constate déjà aujourd’hui un net phénomène de sclérose intellectuelle. Inutile de l’encourager avec des politiques anti-natalistes!
La proposition est ensuite anti-humaniste. Elle substitue la nature à l’homme en tant qu’objet des politiques publiques. Pire que cela: l’humanité est désignée comme étant la cause de tous les maux. Aujourd’hui, il est question de dissuader des naissances, demain pourquoi ne pas instaurer des permis de naissance, exterminer des populations ou organiser des génocides? Penser qu’un enfant à naître serait responsable des catastrophe écologiques à venir et à ce titre devrait être éliminé est le signe d’une putréfaction intellectuelle, d’une pensée nauséabonde, symptôme d’une pulsion d’autodestruction.
Cela ne serait pas bien grave si l’idée n’avait cours qu’au sein de ce mouvement groupusculaire et quasi sectaire que sont les verts. Malheureusement on assiste actuellement à une montée de ce genre de discours sous couvert de la décroissance. La semaine dernière un universitaire distingué (1) se réjouissait de la crise au motif «qu’elle ne va pas tarder à se traduire par un infléchissement de la courbe du C02». «En termes d’efficacité écologique, cette dépression vaut tous les grenelles de la terre», nous expliquait-il! On attend avec impatience que l’un de ces professeurs de bonne vertus aille explique aux métallos de Gandrange ou aux ouvriers de Caterpillar que la perte de leur emploi est une bénédiction pour la planète!
Nul ne peut nier que l’Humanité a face à elle d’immenses défis: l’épuisement des ressources fossiles, les dérèglements climatiques avec les conséquences encore inconnues sur la biosphère... Il conviendra assurément d’intégrer ces données mieux qu’on ne le fait aujourd’hui dans notre logique économique. Néanmoins, aucune de ces limites n’a encore touchée.
On a bien cru l’an passé lorsque les prix des matières premières, énergétiques et agricoles flambaient, que l’humanité commençait à butter sur les limites de la planète. La suite a pourtant montré que ces mouvements à la hausse n’étaient que pure spéculation, une bulle comme le capitalisme financier en produit régulièrement. Le pétrole et le gaz sont encore abondants. Le climat reste vivable. Les hivers encore froids et les étés loin d’être systématiquement caniculaires. Et aucune pénurie d’aucune sorte ne s’est encore manifestée...
Alors comment expliquer la montée de ces discours apocalyptiques qui nous annoncent la fin du monde pour dans quelques années et de cette théorie mortifère de la «décroissance»?
Pourquoi en ce moment, en pleine crise économique globale, alors les questions écologiques ne sont manifestement pour rien dans la crise actuelle?
En réalité, les tenants de ces thèses ne craignent pas la fin du monde. Ils la souhaitent! Leur projet vise tout simplement à la destruction de l’économie, de la civilisation quand ce n’est pas de l’humanité. La perspective du chaos écologique et la crainte de la vengeance du Dieu-Nature joue dans cet embryon d’idéologie totalitaire, le même rôle que jouaient dans les idéologies du 20ème la cité de Dieu sur Terre, la société sans classe, le peuple ethniquement pur, la société de consommation et d’abondance ou lplus récemment, la jungle de la compétition du tous contre tous qui promet aux plus méritants la satisfaction infinie de tous ses désirs.
La décroissance est une idéologie qui conduira aux mêmes désastres que ses devancières, si elle venait à devenir dominante. Comme elles, elle est fondée sur une mystique totalement irrationnelle et des dogmes qu’on ne discute pas, comme l’équation: croissance économique = épuisement accéléré des ressources naturelles. Néanmoins, contrairement à ses devancières, cette nouvelle idéologie n’est pas fondée sur un désir et la promesse d’un horizon radieux. Elle est fondée sur la crainte et ne promet que la pénitence et les privations. Cette différence fondamentale vient du contexte dans lequel elle a émergé.
Comme le paradis sur terre n’existe pas et que l’existence humaine est faite de souffrance, tous ces systèmes ont produit des idéologies structurées qui promettaient un monde meilleur. Les idéologies traditionnelles contestaient un monde en ordre et se structuraient en réaction à lui. Dans un monde fondé sur la foi et l’autorité de Dieu est né l’idéal d’un monde gouverné par la raison des hommes. Dans un monde fondé sur la liberté et la propriété individuelle est né l’idéal d’un monde fondé sur l’égalité et la propriété collective. Dans un monde gouverné par des normes sociales et le primat du collectif est né l’idéal d’un individu libre et narcissisé n’obéissant qu’à la loi de ses propres désirs…
Le monde actuel n’échappe pas à la règle. Les hommes ne sont pas plus heureux de nos jours qu’il y a un siècle ou un millénaire. Les souffrances sont simplement d’une autre nature. Et de surcroît, le système s’effondre… Une idéologie nouvelle, que l’on qualifiera d’écologie radicale, est donc en train de naître en opposition aux deux principaux ressorts du système actuel.
A la recherche effrénée de la satisfaction des désirs matériels, elle répond: refus de la consommation, privations et régression du niveau de vie. A un avenir devenu illisible, parce que confié à des forces anonymes et dépersonnalisées dénommées marchés, elle répond: rejet de l’idée de progrès, crainte d’une apocalypse imminente et pulsions suicidaires.
L’écologie radicale a donc tout pour prospérer dans la crise actuelle. Elle va se nourrir de la crise avec une jubilation masochiste et la nourrir en retour en ajoutant la décroissance à la dépression. Elle risque fort d’être aux années 2010, ce que le fascisme a été aux années 30. Les idéologies totalitaires naissent toujours de bons sentiments et d’une certaine conception du bien, du pur et du juste. Le consensus qui règne aujourd’hui sur les enjeux écologiques risque fort de faire de l’écologie une nouvelle «peste verte». Méfiance…
Auteur: Malakine
Source: Marianne le mercredi 15 Avril 2009