Le Monde des Pyrénées

L'éolien dans le paysage, une question d'esthétique 2009

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Le paysage, l'esthétique, sont des notions qui participent à notre qualité de vie. Si avant les éoliennes il y avait des moulins à eau qui ont fait évoluer les paysages, la grande différence est qu'ils étaient à une taille humaine, construit par des humains et correspondant à une échelle humaine.
Pour les éoliennes, il en est tout autrement.

- L'éolien, "ce n'est pas qu'une question d'esthétique!"

Quel est l'avenir de l'éolien en France? Dominique Bidou, consultant en matière de développement durable, président d'honneur de l'Association Haute qualité environnementale (HQE) et président du Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB), nous répond.

- L'hypothétique arrivée en masse des éoliennes pourrait-elle modifier le paysage français?

Nous ne serions pas obligés de transformer complètement notre paysage et notre territoire si la France était amenée à avoir davantage d'éoliennes. Notre territoire est bordé de côtes, on a donc l'opportunité d'aller chercher le vent en mer. Bien sûr il y aurait des éoliennes terrestres, mais il ne faut pas gâcher le potentiel du plateau continental, le littoral a beaucoup d'atouts.

Au Danemark, par exemple, c'est couvert d'éoliennes, maintenant ils se rabattent sur la mer ainsi que sur les ports et c'est magnifique! Pour avoir une idée pour la France on peut prendre l'exemple de la Navarre, dans les Pyrénées, il y en a plus de 1200, ce qui représente environ 70% d'énergie renouvelable. Leur ambition serait d'arriver à 100% pour l'année 2012. Il faut mettre en oeuvre ses ambitions! Il y a de nouveaux enjeux, des nouveaux besoins et des nouvelles techniques, il ne faut pas figer nos valeurs, ni nos paysages.

- Justement, quels sont les nouveaux enjeux de cette implantation?

Il faut pouvoir bien vivre sans détériorer la planète, c'est ça l'essentiel. Les enjeux sont aussi économiques: consommer moins d'énergie est ce qu'il y a de plus rentable. La recherche devrait s'orienter vers les manières de stocker l'énergie car le nucléaire apparaît limité et son renouvellement non garanti. D'ici 2020, il faudra d'ailleurs le remplacer. On aura toujours de l'énergie, la question c'est de ne pas dénaturer le paysage français.

- Cela implique donc une modification de l'aménagement du territoire?

Nous devons recomposer le territoire, comme cela a été fait auparavant. Il existe un lien entre l'énergie et le paysage, nos sites sont déjà transformés par l'énergie avec les moulins à eau et à vent. L'implantation des éoliennes est une nouvelle étape pour laquelle nous devons réorganiser notre territoire à nouveau. Et puis ce n'est pas qu'une question d'esthétique!

- Comment imaginez-vous la France du futur?

J'espère qu'on aura franchi certaines étapes, même si on est loin des Danois et des Allemands par exemple. Les éoliennes seront massivement implantées sur le territoire français, peut-être pas partout mais au moins sur les côtes. Ce serait absurde de ne pas investir, nous devons continuer dans nos progrès et rattraper nos voisins!

Auteur: Anne-Laure Bertiau
Source: L'Express du 22 mai 2009

- Propos irresponsables

Les propos de Dominique Bidou n'auraient aucune importance s'ils étaient tenus par un inconnu. Mais compte tenu de ses références et ses fonctions, il y a matière à s'interroger sur le niveau de responsabilité du personnage.

Prendre la Navarre comme référence relève d'un comportement de mouton de Panurge. Selon lui il faut faire autant et même mieux que les autres parce que les autres ont fait. Ce qu'il faut quand même préciser c'est que la France, grâce à son nucléaire, fourni de l'électricité à l'Allemagne et à l'Espagne. Le déficit de ces pays respectueux de la nature ne semble pas être compensé par l'électricité dite "propre".

Dire que "Il existe un lien entre l'énergie et le paysage" est exact. Mais l'exactitude s'arrête là. Il poursuit en précisant que "nos sites sont déjà transformés par l'énergie avec les moulins à eau et à vent". Egalement exact mais ces moulins étaient à une échelle humaine pour une production localisée fait par des hommes et pour ces hommes. Comparer ces équipements à une éolienne, c'est manifestement n'avoir jamais vu de moulins à eau et à vent ou faire preuve d'une grossière mauvaise foi.

Affirmer que la présence d'éoliennes "n'est pas qu'une question d'esthétique!" est se moquer ouvertement des gens qui vivent à proximité et les subissent. C'est exclure leur point de vue en prétendant que le paysage et l'environnement ne font pas partie du cadre de vie choisi librement par les habitants d'une région. C'est leur nier le droit de choisir leur cadre de vie. Comportement typiquement dictatorial en parfaite harmonie avec l'idéologie écologiste.

Et il insiste de manière odieuse en excluant tous les principes de démocratie en affirmant que "les éoliennes seront massivement implantées sur le territoire français" en parfaite contradiction avec le début de son intervention lorsqu'il précise que "nous ne serions pas obligés de transformer complètement notre paysage et notre territoire".

Dominique Bidou confirme son comportement mouton de Panurge en concluant son entretien par cette phrase lapidaire: "Ce serait absurde de ne pas investir, nous devons continuer dans nos progrès et rattraper nos voisins!"

Si c'est cela être "consultant en matière de développement durable" alors passons-nous des conseilleurs.

Louis Dollo, le 23 mai 2009