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En plein boom ces dernières années, le sport de pleine nature est-il menacé à la Réunion? C'est tout le paradoxe, alors que courses de montagne, trails et autres raids
multi-activités fleurissent sur notre île attirant un public sans cesse croissant, les obligations sont de plus en plus drastiques pour les organisateurs. Et ce n'est pas la
création du Parc National des Hauts qui a arrangé la donne. Bien au contraire. Pour faire simple, il existe 1.500 parc nationaux dans le monde. Tous ont le même souci: protéger
la nature et gérer la fréquentation du public. Avec ses paysages uniques au monde et sa multitude d'espèces endémiques, la Réunion apparaissait comme le lieu idéal pour accueillir
un Parc National. C'est chose faite depuis le 5 mars 2007. Et forcément, la nouvelle entité a un droit de regard sur toutes les manifestations sportives organisées sur son
territoire. "C'est vrai, nous sommes plus surveillés. Mais je pense que les nouveaux règlements ne poseront pas de problèmes aux organisateurs sérieux. J'ai l'habitude de dire que
nous rendons les sites plus propres que nous les avons trouvé", résume Stéphane André, organisateur, entre autres, du Rando Raid SFR. Concrètement: en plus de solliciter les
interlocuteurs habituels, préfecture et ONF, les organisateurs doivent également envoyer un dossier au Parc des Hauts. Une démarche administrative de plus qui ne relève en rien de
la formalité. Pas simple pour les petites associations... Les exigences sont grandissantes même pour les épreuves déjà bien établies.
Il y a quelques semaines par exemple, les organisateurs de la boucle du Pic Adam se sont vus refuser un site de ravitaillement au sommet. Une première justifiée par la proximité de
la Roche Ecrite, des tuits-tuits et des rats.
- Création d'un collectif
Le message des autorités est clair: la direction du Parc ne laissera rien passer. Elle songe à établir un cahier des charges soumis à tous les organisateurs. Légalement, elle peut tout à fait interdire la tenue d'une manifestation. Le salut vient donc des sportifs eux-mêmes. Les premiers menacés. Président du club Deniv, Eric Lacroix vient de proposer la création du collectif "JET'PA 974" et une charte de bonne conduite qui serait signée par tous les pratiquants. "Le bilan est parfois alarmant pour nos sentiers. Et surtout le regard est posé sur nous comme des coureurs consommateurs, producteurs de performance. C'est à nous de prouver notre engagement pour conserver les sentiers propres", avance t-il notamment en guise de manifeste sur son site internet. Comme lui, nombreux sont les acteurs de la montagne à tirer la sonnette d'alarme. Conscients que la moindre entorse au règlement sera sévèrement sanctionnée. "Si les sentiers restent propres, on pourra continuer à courir dans la montagne. Sinon...", prévient Philippe Rieutord, le nouveau directeur de course de l'Arc en Ciel. Reste que les sorties informelles d'associations de randonnées qui se déplacent à 50 ou 100 sur certains sites dès le week-end venu sont aussi risquées pour l'environnement mais ne sont soumises à aucune règle. Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne et ce sont toujours les "officiels" qui sont pointés du doigt. Deux poids, deux mesures. La prise de conscience est lente mais indéniable. Elle est en tout cas une condition sine-qua-non pour que le coureur ou le vététiste de haute altitude ne devienne pas comme le tuit-tuit. Une espèce en voie d'extinction.
Lukas Garcia
Source: Clicanoo.com du 17 avril 2008