La fête était belle. Ils sont tous venues ou presque puisqu’il y a manifestement eu des évités et des boycotteurs. Le temps était de la partie. Les bouquetins ont été lâchés sur le plateau du Clot, à Cauterets, dans une ambiance de kermesse selon la tradition écologiste, qu’il s’agisse d’un rapaces quelque part en France ou d’un ours dans les Pyrénées.
L’accueil et l’animation vocale était Toy, assurée par l’Orphéon de Luz. Les principaux élus du département étaient aux côté de la Ministre de l’Ecologie: Jeanine Dubié, Députée, André Berdou, Président du Parc National, Viviane Artigalas, vice-présidente du Conseil Régional, Michel Pélieu, Président du Conseil Général, Georges Azavan, Conseiller Général, les maires…. Mais aussi Francesc Camp, Ministre du tourisme et de l’environnement d’Andorre.
Le bouquetin des Pyrénées est une espèce qui a totalement disparu de nos massifs en 2000 en Espagne dans la vallée d’Ordesa. Les deux derniers mâles versant français avaient été abattus par un guide locale en 1910 au lac de Gaube. La semaine dernière 9 bouquetins ont été lâchés au Clot et la Ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, est venue pour en lâcher 3 autres et ainsi officialiser cette procédure engagée il y a plus de 25 ans.
André Berdou, prononcera le discours d’accueil de la Ministre de l’Ecologie et remerciera tous les partenaires de l’opération d’introduction.
Ségolène Royal rend un hommage particulier à Jean-Paul Crampe qui assurait, jusqu’à ces dernières semaines, les fonctions de chef de secteur de Cauterets du Parc National. C’est grâce à sa persévérance et son obstination que cette introduction a pu se réaliser après de nombreuses années d’effort. La Ministre l’invite à prendre la parole à ses côtés. Une occasion pour Jean-Paul Crampe de rappeler qu’il avait été «Monsieur isard» et qu’une femelle avait été baptisée «Ségolène» en 1993. Il propose qu’il en soit de même avec une femelle bouquetin. Proposition acceptée par la Ministre.
Ségolène Royal en charge de la biodiversité et des paysages fera le tour des 10 parcs nationaux. Pour elle «il n’y a pas d’opposition entre la biodiversité animale, la biodiversité végétale et l’avenir des êtres humains». Elle mentionne «tout l’intérêt de la stratégie de valorisation de la biodiversité pyrénéenne … Elle doit permettre le développement d’actions concrètes en faveur de la biodiversité. Je souhaite que cette stratégie prenne en compte les attentes des acteurs pyrénéens que vous êtes….»
«Le Parc est clairement un atout… pour le développement économique et la protection de l’environnement». Et de faire l’apologie de la politique des labels notamment ceux issus du Par et les AOP. Le projet de loi sur la biodiversité viendra «amplifier ce cercle vertueux…. Je ne veux pas d’écologie punitive… Je veux une écologie qui s’appuie sur la passion des hommes et des femmes qui s’engagent pour elle….». Elle terminera sur une évocation de la réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi
Dans le cadre des financements européens transfrontaliers, l’Andorre se trouve partie prenante en qualité de pays totalement pyrénéen. «Un petit pays comme le nôtre doit avoir pour référence ses deux grands pays voisins». L’Andorre ne représente qu’à peine 1% de la superficie des Pyrénées.
A Cauterets, il n’était pas possible que l’eau reste sous silence. La Ministre a eu l’occasion de préciser ses positions. Pour éviter l’explosion du coût du traitement des eaux il faut une politique préventive de non pollution. «Il faut anticiper» dit-elle.
«Je ne vois pas dans la loi sur l’eau des dispositions qui empêchent l’entretien des rivières. Au contraire….». Quant aux concessions hydrauliques, pas question de privatiser mais plutôt imaginer une structure impliquant les acteurs locaux. Et puis, au sujet des inondations, privilégier la prévention.
Le fait nouveau est la position de la Ministre vis à vis des vautours, du loup, de l’ours et du pastoralisme. «Il faut qu’il y ait des situations d’équilibre qui se dégagent»… «Une espèce protégée qui se répandait sur un territoire en conflit avec le pastoralisme… Il fallait prendre une décision qui ne remette pas en, cause la biodiversité»… «Protéger les espaces mais pas contre les activités…». Au sujet de l’ours «rien n’est fait. Je suis en discussion avec mon collègue espagnole. Je pense qu’ici le territoire n’est pas adapté pour la réintroduction de l’ours. Il y a peut-être d’autres espaces mieux adaptés où il n’y a pas du tout de pastoralisme… Cette introduction n’aura pas lieu ici….»
«Il faudra voir dans les Pyrénées au sens large. Je ne peux pas décider pour les espagnoles…. Il faut regarder avec les biologistes… les éleveurs et surtout se concerter avec les espagnols»
Les vautours…»Je suis en train de regarder cette question-là». Même si elle a encore le discours écologiste des animaux «en situation de faiblesse»... "en situation vulnérable", il faut sans doute lui expliquer que le vautour n’a pas les moyens de déterminer si une bête est malade ou non.
«C’est des métiers magnifiques l’agriculture pastorale…. Il faut beaucoup de courage pour s’engager…. Un rôle indispensable dans les équilibres naturels». Un discours qui tranche avec le passé.
L’ours n’est manifestement pas la priorité. Il n’a plus sa place sur les lieux d’activités pastorales.
Un dialogue informel et détendu s’est établi avec la ministre et les élus. Bernard Souberbielle, maire de Betpouey et vice-président du Parc National ouvre le débat au sujet de l’ours comme il sait le faire. Suivi par Christian Bruzaud, maire de Gavarnie, qui remet un dossier et reçoit une réponse pleine d’espoir: «je ferai accélérer». Jean-Marc Delcasso, Président de la fédération départementale des chasseurs des Hautes-Pyrénées expose une situation très claire quant à la protection des galliformes de montagne
Les jeunes agriculteurs étaient fortement représentés. C’est leur président départemental qui prend la parole, Sylvain Andrieu. Il a beaucoup de chose à dire, il faudra que la ministre revienne, elle est invitée. Il lui remet une clé USB et doit rencontrer un conseiller de la Ministre. Dialogue très policé mais très claire.
Les prédateurs, l’ours et le loup, l’élevage de montagne avec les craintes sur la présence des bouquetins étaient bien sûr au programme…
Ces introductions, la biodiversité reconstituée, ça a un coût. Oui…. Mais on ne nous dit pas combien. C’est «l’avenir de l’humanité»…. La nourriture aussi… Nous ne saurons donc pas combien coûte réellement cette opération. La question est évacuée. Nous en resterons aux prévisions annoncées en 2012.
Et lorsqu’on insiste pour comprendre pourquoi il n’y a pas d’argent pour les communes sinistrés mais il y en a pour les bouquetins…..
«Ma préoccupation c’est pas de répondre aux préoccupations des uns ou des autres, c’est de les écouter et ensuite de choisir l’intérêt supérieur de la nation….. C’est la responsabilité qui est la mienne de protéger la beauté, la diversité, la qualité de paysages exceptionnels….»
Louis Dollo