Le Monde des Pyrénées

L'Espagne et la France demandent à l'UE d'agrandir la zone de chasse du loup ibérique

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L'augmentation de la population de loups et des attaques au troupeau incitent les Ministères d'Environnement des deux pays à réduire la protection de cette espèce.Etonnamment, Stéphane Le Foll qui, au Sénat, lors de la discussion de la loi d’avenir de l’agriculture affirmait qu’il n’avait pas connaissance de problèmes de cohabitations dans les autres Pays d’Europe, se découvre un allié avec son homologue espagnol. Quant aux écologistes, ils ont tous les même discours, preuve qu’il s’agit bien d’un lobbying international. Pour eux, un peu d’argent aux éleveurs et ils se tairont. Curieux raisonnement qui en dit long sur leur idéologie du tout sauvage.

Peu d'animaux en Espagne soulèvent autant de passions et haine comme le loup. Intelligent et revêche, il a résisté aux décennies de persécution dans les régions du nord de l'Espagne pour traverser ces dernières années son Rubicon particulier, qui n'est autre que le Douro.

Il s'est ainsi placé à nouveau comme le point de mire, après son homologue français, Stèphane Le Foll, le ministre espagnole d'Agriculture et d'Environnement, Isabelle García Tejerina ont remis un document conjoint à Bruxelles pour solliciter une modification de la Directive des Habitats pour faire du loup une espèce chassable au sud de la rivière le Douro.

- Les éleveurs ne demandent pas d’exterminer le loup mais éviter les attaques

L'expansion des populations de loups aux zones d’où il avait disparu, a provoqué des conflits sévères avec les éleveurs à cause des attaques aux troupeaux. "Le loup a son espace qui ne peut être celui utilisé par l’élevage depuis toujours, puisque le pâturage est incompatible avec la présence de loups. Il peut y avoir des loups où il n'y a pas de troupeaux parce que le troupeau est une activité qui produit une richesse et un emploi. Et dans les dernières années il y a eu beaucoup d'attaques qui ont fait que des exploitations sont abandonnées", dit Donaciano Dujo, président d'Asaja Castilla et Léon.

En tout cas, les éleveurs ne réclament pas son extermination mais "il faut pouvoir exercer l'activité d'élevage sans risque des attaques. Ce que nous voulons c’est que le loup soit une espèce chassable au sud du Douro, qui peut être chassée avec des quotas comme n'importe quelle autre espèce", finit Dujo.

- La frontière du Douro

Mais quelle est l'importance pour le loup de se trouver au nord du Douro ou dans la marge méridionale de cette rivière?

Selon la Direction générale du Milieu Naturel de l'Assemblée de la Castille et du Léon la polémique avec le loup ibérique "naît d'une erreur du Comité de la directive Habitats de l'année 92, quand l'espèce n'était pas protégée en Espagne (jusqu'aux années 70 le loup a été chassé aux fins d'extermination) et on décide de fixer la limite du Douro pour séparer les deux populations qui existent en Espagne: une grande population au nord, à Zamora, au Léon, en Asturies et en Galice; et une autre population au sud de l'Estrémadure et la Sierra Morena, dans une situation très critique. En réalité, c'était strictement les populations que l'on voulait protéger, et qu'il faut continuer de protéger;

En revanche celles qui traversent la rive du Douro depuis le Léon ou Palencia parce qu’elles croissent depuis des décennies. C'est la première fois dans l'histoire qu'une espèce qui a un succès remarquable dans son expansion, pour traverser une rivière se met à être protégée automatiquement simplement pour avoir traversé une rivière. L'autre des arguments affirmé par l'Assemblée de la Castille et du Léon est la difficulté de traiter la même espèce avec deux différents statuts sociaux dans la même communauté. "Si les loups du nord du Douro croisent au sud de la rivière et si on veut contrôler la population il faut demander une permission à l'UE. Et en réalité ces populations ne sont pas menacées comme celles de l'Estrémadure ou la Sierra Morena. Selon les données de notre dernier recensement; le loup a crû au sud du Douro, où il était protégé, mais aussi au nord, où il a toujours été chassé".

- Une espèce d'Intérêt Communautaire

La vision des protectionnistes est très différente. Les Écologistes en Action, ont qualifié hier la décision du Ministère de "honteuse et irresponsable". Les écologistes disent qu'il n'y a pas de recensements scientifiques fiables

Theo Oberhuber, porte-parole de l'organisation, assure ABC que "le loup ibérique est une Espèce d'Intérêt Communautaire qui doit être protégé. D'abord parce qu'il n'y a pas de recensement scientifique fiable pour établir que la population de loups a crû . Les études que l'Assemblée a réalisées s’appuie sur des estimations de technicien du Ministère et d'agents et de zélateurs environnementaux, non d’enquêteurs de terrain. Ensuite parce que bien que sa cohabitation avec le bétail ne soit pas facile, elle est néanmoins possible. Il suffirait d'articuler un bon système d’indemnisation des éleveurs pour les dommages causés et de stimuler au moyen d’aides la réactivation de coutumes anciennes comme celle-là du pâturage avec mâtins ou de recommencer à reprendre le bétail la nuit au lieu de le laisser seul sur le paturage comme cela se pratique maintenant. Par ailleurs en favorisant les populations de chevreuil sauvage on évite que le loup attaque le bétail. Il sait déjà parfaitement ce qu’il risque quand il s'approche des troupeaux. S'il le fait c’est parce qu'il n'a pas d'autre aliment".

De plus, le chasser, assure Oberhuber, ne résoudra pas le problème du troupeau parce que "il y a des études qui affirment que quand on tue le mâle ou la femelle alfa d'un troupeau, le groupe est déstructuré et finit par occasionner plus de dommages au bétail".

- La lutte éternelle avec l'homme

Le Canis lupus est l'un des derniers grands prédateurs de la Péninsule et de l'Europe, avec l'ours et le lynx. Mais au contraire de ceux-ci, le loup ibérique est un survivant né. En Castille et au Léon - la communauté qui comprend leplus de loups de toute Europe occidentale - il y a 179 meutes (152 au nord du Douro et 27 au sud) répartis entre les provinces d'Avila, de Burgos, du Léon, Palencia, Salamanque, Ségovie, Soria, Valladolid et Zamora ce qui suppose un développement de 20 % depuis 2001. Il y a aussi en Galice, en Asturies, Cantabrie, le Pyrénéen catalan, La Rioja, Madrid et le Pays basque; en Estrémadure et à la Sierra Morena, ils(elles) sont dans une situation critique. Au total, plus de 2.000 exemplaires

Source: D'après l'article d'ABC.es du 12 septembre 2014