Une délégation de techniciens espagnols du Ministère de l'Environnement sont venus les 27 et 28 janvier 2015 dans le cadre d'une coopération sur la biodiversité entre les deux pays. Selon Info-loup N°4 d'avril 2015: "Ils ont profité de cette occasion pour échanger sur les solutions de conciliation entre le loup et les activités humaines avec les représentants des ministères de l'écologie, de l'agriculture et de l'ONCFS"
Le compte rendu de l'ONCFS précise que: "Le loup n’a jamais disparu d’Espagne et sa population a toujours été importante dans les territoires du nord-ouest" Ce qui est exact sauf que la population de loups encore trop protégée, explose et, avec elle, les prédations notamment sur les bovins à défaut d'ongulés pratiquement disparus dans certains secteurs et le retrait des ovins trop vulnérables.
Contrairement à la France: "En Espagne, la gestion du loup est entièrement décentralisée. Les Communautés autonomes prennent toutes les décisions se rapportant à la gestion et au contrôle de la population de loups et concernant l’indemnisation des dommages".
Selon l'ONCFS: "Il existe un dispositif équivalent au plan loup, la «Stratégie pour la conservation et la gestion du loup» déclinée de façon différente selon les Communautés autonomes" qui est en cours d’actualisation. On oublie de préciser que cette "stratégie" fait l'objet d'une contestation permanente.
Il est également précisé qu'il y a deux statuts différents pour le loup suite aux réserves émises par l'Espagne sur la directive habitats lors de son entrée dans la Communauté Européenne le 1 janvier 1986.
Selon ce document il y aurait en 2007, 250 meutes de répertoriées. Vielle information qui correspondrait à environ 1000 loups. Il est précisé: "Les travaux de recensement de la population de loups au niveau national sont en cours de réalisation". Heureux de l'apprendre... Ce qui laisse toute liberté pour organiser la chasse sans connaître la population.... Et il n'est pas question du braconnage qui est bien souvent la seule solution pour protéger son outil de travail.
"Il n’existe pas de dispositif national d’aide à la protection des troupeaux. Les mesures de protection des troupeaux varient d’une Communauté autonome à l’autre.
"Les moyens de protection mis en place sont similaires à ceux utilisés en France et varient selon les contextes et les Communautés autonomes: chiens de protection (Mâtin espagnol), clôtures, bergers présents sur les pâturages pour la surveillance des animaux.
"Des troupeaux de poneys (Equus caballus) en semiliberté sont présents sur les estives: ils constituent une part importante des proies du loup et contribuent à le détourner des troupeaux domestiques".
"Les dommages les plus importants portent sur le bétail mal protégé, en zone de montagne, dans les territoires occidentaux et du sud de l’Espagne ainsi que dans les zones d’expansion récente du loup.
"Dans les territoires de présence du loup, les dommages concernent essentiellement les élevages extensifs de bovins, très développés sur ces zones. 85 % des victimes sont des veaux. La période la plus vulnérable reste le vêlage en plein air". (1)
(1) Ce chiffre ne semble pas conforme avec ceux du rapport de l'Union Européenne de décembre 2014
"L’absence d’un dispositif d’indemnisation harmonisé au niveau national constitue une source de conflits et ne permet pas de connaître le nombre de victimes. Il n’existe pas de chiffrage global des dommages et des compensations.
"L’indemnisation des dommages dus au loup varie selon les régions:
"Au nord du Douro, le loup peut être légalement chassé (Castille-et-León au nord du Douro, Cantabrie, la Rioja). Certaines Communautés autonomes (Galice, Asturies et Pays Basque), mettent en place des plans de gestion pour limiter les dégâts à l’élevage : le loup ne constitue alors pas une espèce chassable mais sa population fait l’objet d’un contrôle.
"Au sud du Douro, le loup bénéficie d’une protection stricte comme en Catalogne, à Madrid, dans la province de Castilla-la-Mancha et en Andalousie. Cependant dans la partie de la Castille-et-León située au sud du fleuve, des loups sont prélevés en application de l'article 16 de la Directive d'Habitat pour réduire la prédation sur les troupeaux.
"Beaucoup d'autres loups sont tués par collision avec des véhicules ou braconnés".
II est fait mention de plusieurs expérimentations dont nous pouvons nous étonner. Si le loup a toujours été présent en Espagne comment se fait-il qu'en, 2015 nous en soyons toujours à des expérimentations? Est-ce le constat qu'il n'existe aucune solution pour assurer la protection des troupeaux? Il est également curieux que ce n'est que maintenant que l'on s'intéresse au confort des bergers.... Et puis, à voir les photos, nous comprenons que, comme dans les Alpes, les regroupements de bêtes ont une incidence grave sur la détérioration des sols. Est-ce cela la protection de la biodiversité et un élevage "durable"?
Le plus gros étonnement est qu'il ne soit fait aucune mention des solutions préconisées par le rapport de l'Union Européenne sorti en décembre 2014. Les agents de l'environnement espagnols et français n'en n'ont peut-être pas plus connaissance que les syndicalistes asturiens. C'est peut-être la justification du caractère lamentable de ce rapport inutile.
Louis Dollo, 28 avril 2015 - MaJ le 26 mai 2015