Depuis longtemps et probablement depuis son origine, le Parc National du Mercantour est curieusement géré par des directeurs successifs. Sans pouvoir l’affirmer, il n’est pas à exclure que le directeur du Parc n’ait que peu de pouvoir sur la gouvernance de son établissement. Un ancien directeur du Parc National des Pyrénées me disait avant son départ: "Je ne suis plus le patron dans la propre maison".
Nous retrouvons des faits dans les auditions de la commission parlementaires de 2003. De la même manière, nous pouvons nous interroger sur la manière dont a été décidée l’introduction de loups ou du moins l’annonce de leur présence bien antérieure à 1992 et hors parc. En 2012, les conflits se répètent sans se ressembler et, au cours de l’audience nous découvrons un comportement assez étonnant de la direction du parc qui se poursuit jusqu’à la réunion du Groupe National loup du 14 octobre 2013.
S’il ne nous appartient pas de commenter une décision de justice, il nous est quand même permis de faire preuve d’un certain étonnement quant aux débats au cours de l’audience du procès du berger Didier Trigance pour avoir agressé physiquement deux agents du Parc National.
Après le coup de sang compréhensible de Didier Trigance qui s’est senti agressé à sa cabane par les deux agents du Parc National du Mercantour qui, contrairement à ce qui avait été dit, ne sont pas assermentés (l’un est saisonnier et l’autre employé à l’entretien… Et on dira qu’ils font des expertises de dégâts de loups), ceux-ci ne se sont pas spécialement sentis physiquement diminués. Montés sur la crête, durant une heure ils ont passé des communications téléphoniques notamment avec les gardes du quartier. S’ils avaient été très abimés, ils seraient immédiatement redescendus ou auraient appelé du secours pour se faire soigner.
Une fois l’affaire connue, et afin de calmer le jeu et d’éviter d’envenimer les relations, la Chambre d’Agriculture et le député Charles-Ange Ginésy ont proposé au Parc National une table ronde au cours de laquelle Didier Trigance aurait présenté ses excuses. Le Président du Parc National, Fernand Blanchi, s’est déclaré favorable à cette initiative. Malheureusement, la direction du Parc National, notamment son directeur, Alain Brandeis, n’a jamais donné suite. Preuve, s’il en fallait une, que l’établissement public n’est pas très ouvert au dialogue. Ce qui promet pour l’avenir…
Immédiatement, une pétition de soutien se met en place sous forme papier et électronique. Tous les massifs ont apporté leur soutien à Didier Trigance en relation avec son avocat, Maître Berne, afin d’éviter des erreurs. Le 10 octobre 2013 à Nice, près de 4.000 signatures viennent appuyer la plaidoirie de Maître Berne. Mais…
Nous apprenons au cours de cette audience qu’un premier médecin consulté par les deux agents n’a pas prescrit d’arrêt de travail. Ce serait donc sur les conseils de la direction du Parc National que les agents sont allés voir un second médecin qui leur a été recommandé afin d’obtenir un arrêt de travail. L’un, le saisonnier, aura 5 jours d’arrêt tandis que l’autre 1 jour. Diable, quelle gravité!
Même si ce n’est pas le fond du jugement, la démarche apparaît surprenante et pourrait signifier que les arrêts de travail prescrits, par ailleurs assez faibles, n’étaient pas totalement justifiés. Ce qui pourrait bien relativiser les conséquences de l’acte. Mais nous ne sommes ni juge ni médecin. «Il n’a jamais saigné du nez» nous dit Didier Trigance et «ils n’étaient pas pressé de descendre» précise-t-il. Mais l’acte en lui-même, quel que soit ses conséquences, est répréhensible. Sans juger, nous pouvons néanmoins apprécier la situation assez surprenante
D’ailleurs, la suite est intéressante…
L’ambiance est telle au sein de ce Parc National que le Ministère envoie une «mission de soutien». Un défi à l’égard du directeur dont certains diront qu’il «n’est pas à la hauteur». Le rapport de la mission de soutien est d’ailleurs édifiant. Le comportement des gardes est montré du doigt. Et ce sont des fonctionnaires du Ministère de l’Ecologie qui l’établissent, pas des éleveurs.
A l’issue de l’audience du 10 octobre 2013 ayant condamné Didier Trigance à 4 mois de prison avec sursis et 4000 Euros de dommages et intérêts, le directeur du Parc annonce aux médias qu’il ne sollicitera pas du condamné le versement des dommages et intérêts. Etonnant……
Mieux encore.
Le 14 octobre, (4 jours après le jugement) à l’occasion de la réunion du Groupe National Loup à Lyon, les syndicats monte en charge de critiques contre le Parc National au sujet de cette affaire. Le directeur ne dit mot. Silence total.
Mais voilà que l’avocat de Didier Trigance lui transmet le détail des sommes à payer dans les meilleurs délais au titre des dommages et intérêts:
En dehors de certains médias, le Parc n’a pas encore fait connaître officiellement ses intentions. Que fera-t-il?
En définitive, avec toutes ces histoires de loups, les bergers devront-ils toujours subir ou feront-ils la révolution pour se défendre?
A suivre…
Car il est probable que tout ceci ne sera qu’un début de réaction dans un vaste mouvement dont la finalité pourrait être le déclassement du loup comme le réclame la FNO mais… en
conservant une population viable, ce qui est une autre histoire.
Louis Dollo, le 18 octobre 2013