Encerclé par une meute de loups, Romain Ferrand a le sentiment d'avoir échappé au pire à Seyne-les-Alpes. Il a dû tirer pour s’en sortir. Ce qu'on craignait depuis longtemps a fini par se produire. Le troupeau de bovins de la famille Ferrand avait déjà subi plusieurs attaques de loups. Cette fois ce sont les humains qui étaient visés.
Un adolescent déclare avoir été encerclé par une meute de loups dans les Alpes-de-Haute-Provence, alors que le gouvernement a déjà relevé le plafond d'abattage de l'espèce protégée. Entre les défenseurs des carnivores sauvages et les agriculteurs, la tension monte.
«J'ai eu la peur de ma vie.» Romain Ferrand, 16 ans, clame dans la presse régionale le danger que représentent les loups. L'adolescent affirme avoir été attaqué, vendredi soir, par une meute à Seyne-les-Alpes, à la lisière de la Forêt Blanche. Neuf adultes et quatre louveteaux l'auraient encerclé. Le jeune éleveur les aurait dispersés en tirant un coup de feu en l'air. «Je suis sûr qu'ils m'auraient sauté dessus», a déclaré Romain Ferrand à La Provence. Le père de l'adolescent confirme, dans le même quotidien, la présence de loups autour de l'exploitation: «ils se sont habitués à nous depuis des mois qu'ils rôdent autour de la maison». La famille a déjà perdu un veau dans une attaque.
Mais le témoignage du jeune homme laisse perplexe les défenseurs de l'animal. «On est très étonnés par cette histoire, qui présente beaucoup d'incohérences», réagit Jean-François Darmstaedter, cité par LeMonde.fr. Selon le secrétaire général de l'association de protection des loups Ferus, les meutes dépassent rarement six à sept individus et il n'y a pas de louveteaux à cette période de l'année.
Suite à cet incident, le député Christophe Castaner (PS) a toutefois demandé au préfet un arrêté de prélèvement des loups, soit l'autorisation de les abattre. L'espèce est en effet protégée par la directive habitats de l'Union européenne et la convention de Berne.
Les tirs de prélèvement sont déjà autorisés dans certains cas. Sous réserve d'être titulaires d'un permis de chasser, les éleveurs, groupements pastoraux, propriétaires d'exploitation agricole d'élevage, lieutenants de louveterie, gardes assermentés ou encore chasseurs peuvent être autorisés à tuer un loup. Trois cas d'intervention sont mentionnés par la loi: des dommages importants provoqués aux élevages, des mesures de protection insuffisantes pour protéger les troupeaux et un abattage qui ne nuit pas au maintien de la population des loups.
Au cours de la période 2014-2015, vingt-quatre loups pouvaient être abattus dans vingt départements. Dix-neuf abattages ont été recensés. Si le seuil de vingt loups avait été dépassé, le plafond aurait pu être relevé dans la limite de douze. Pour l'année 2015-2016, les ministères de l'agriculture et de l'écologie ont fixé un plafond d'abattage à trente-six, soit douze loups de plus que l'an passé.
La «destruction» d'un loup, sans respecter les règles définies, est passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende. 300 loups sont recensés en France. Selon Jean-Marc Moriceau, professeur d'histoire à l'université de Caen, 8.200 animaux d'élevage auraient été tués en 2014 dans l'hexagone sous les crocs des loups.
Source: Le Figaro du 8 juin 2015