Le loup rôde à proximité de l’Oise et le Nord-Pas-de-Calais. Les journalistes, plus que la population, y compris les plus concernés comme les éleveurs, s’inquiètent d’une possible arrivée dans leur département. Il est étonnant de constater une certaine ignorance, voir même naïveté de la réalité de ce que peut-être la présence du loup sur un territoire.
Naturalistes et éleveurs parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. Normal pour les naturalistes qui récitent une leçon bien apprise auprès des responsables du militantisme du "tout sauvage". Plus incompréhensible est la réaction de certains éleveurs y compris certains syndicalistes qui ne poussent même pas la curiosité de s’informer auprès de ceux qui subissent déjà les conséquences du loup depuis plus de 20 ans. Et puis, il y a les éleveurs de loups qui sont manifestement heureux de voir arriver des loups mais font ceux qui ne savent pas beaucoup de chose. De là à penser qu’ils ont participé à cette arrivée surprise voir massive sur certains territoires…
Et puis, il y a les grands spécialistes autoproclamés. Jean-Luc Valérie avec son pseudo «observatoire du loup» qui pourrait presque annoncer la date du retour du loup. Le représentant de Férus qui n’a probablement vu que des parcs animaliers ou celui du CPIE qui ne doit pas souvent lire la presse ni regarder les documentaires télévisuels pour déclarer: "Le loup, craintif, n'attaque jamais l'homme. Il contribue à l'équilibre naturel. Ce sont les troupeaux qu'il faut protéger, pour éviter qu'il ne devienne le bouc émissaire des éleveurs et des chasseurs".
Mais peut-être que l’erreur est que nous n’avons pas des loups en liberté mais de simples chiens-loups hybrides? Le problème est que ce n’est pas conforme au discours officiel.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, la situation est tout simplement stupéfiante. Nous voyons un éleveur déclarer: "Je ne pense pas que le loup vienne jusque chez nous (…) C’est à nous, éleveurs, de nous adapter à la nature et pas l’inverse". Et ce maire qui déclare: "Tant qu’on n’est pas alertés par les autorités, on n’a pas à chercher des préoccupations lointaines alors qu’on a déjà celles du quotidien à gérer". Ou encore: "On est la première commune concernée. À 3 kilomètres de l’Aisne, 15 des Ardennes, mais pour l’instant, on n’est pas inquiet. Ce qui nous pose question actuellement, ce sont plus les renards".
Tout aussi effrayantes sont les informations fournies par la journaliste: "2445. C’est le nombre de victimes constatées en 2014 au sein des troupeaux domestiques en France". La réalité au 30 novembre est déjà de plus de 8.000 victimes. Erreur ou propagande de la part de la journaliste? Quel crédit accorder à ses articles face à de tels propos?
Il faut peut-être que ces personnes regardent ces films pour essayer de comprendre ce qu'est le loup qui, un jour, peut parfaitement arriver chez eux.
Louis Dollo, le 15 décembre 2014
Depuis la découverte d'une meute dans la Marne, deux individus auraient été aperçus en Ile-de-France. A Crépy-en-Valois, jeudi, des spécialistes ont évoqué le retour «officiel» du prédateur
Loup y es-tu? A écouter les spécialistes de l'animal, la réponse, d'ici trois ans, pourrait être: oui.
Une conférence sur le retour du loup dans l'Oise était organisée jeudi soir à Crépy-en-Valois. Elle était animée par Eric Bas, naturaliste au centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) de l'Oise, soutenu par le conseil général et basé à Verberie.
L'hiver dernier, un loup a été tué par balle à Coole (Marne), à une petite centaine de kilomètres des frontières de l'Oise. Quelques jours plus tôt, il avait été photographié par un automobiliste dans un village voisin, à proximité de Mailly-le-Camp.
Probablement originaire d'Italie, d'après le profil génétique établi par l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), ce loup, arrivé par la Meuse ou la Haute-Marne, faisait partie d'une meute de trois, qui avait été repérée par un éleveur, au milieu d'un champ de maïs. Au printemps, quelques mois après la découverte de la dépouille, des naturalistes ont signalé la présence probable de loups en Seine-et-Marne.
«On m'a effectivement fait part de cette information, qui ne me paraît pas extravagante: des loups italiens pucés ont bien été retrouvés dans les Pyrénées...» confirme Pierre Cadéac, éleveur de loups en Seine-et-Marne. «Il s'agit vraisemblablement de jeunes adultes en phase de dispersion, qui sont en train de chercher un territoire. Le loup peut parcourir une centaine de kilomètres en une nuit: dans les mois ou les années qui viennent, c'est certain, il sera dans l'Oise», expliquait Eric Bas jeudi soir, lors d'une intervention destinée à anticiper le retour du loup en Picardie.
Le secteur du Valois mais aussi le Noyonnais, avec leurs «petits îlots boisés et leurs bosquets de pente», seraient des territoires rêvés pour les loups. «Malheureusement, dès septembre, il y a des battues au grand gibier, qui troubleraient leur tranquillité, déplore le passionné. L'installation durable des loups dans l'Oise me paraît impossible à cause de la pression des chasseurs. Mais on aura des incursions récurrentes.»
Sur son site Internet, l'Observatoire des loups est encore plus péremptoire dans son calendrier: cette association de spécialistes (géographes, biologistes du loup...) affirme que le loup sera dans l'Oise en 2017, l'Aisne comptant déjà parmi les départements qu'elle a placés sous surveillance.
«Le loup, craintif, n'attaque jamais l'homme. Il contribue à l'équilibre naturel. Ce sont les troupeaux qu'il faut protéger, pour éviter qu'il ne devienne le bouc émissaire des éleveurs et des chasseurs», rappelle Eric Bas. «Nous prédisons le retour du loup depuis longtemps: le département est très giboyeux, souligne Guy Harlé d'Ophove, président de l'association des chasseurs de l'Oise. Une meute pourrait parfaitement s'installer en forêt de Compiègne. Nous suivons ça de très près.» Olivier Guder, animateur en Ile-de-France du réseau Férus (première association nationale de protection et de conservation de l'ours, du loup et lynx en France), participait à la conférence jeudi soir. Cette association porte plainte à chaque fois qu'un loup -- animal protégé -- est abattu.
Les «tirs de prélèvement» ont été autorisés en juin par Ségolène Royal, ministre de l'Environnement. Férus avait déposé un recours contre le Conseil d'Etat, qui a été rejeté cette semaine. «La ministre a bien compris le désarroi des éleveurs, se félicite Luc Smessaert, éleveur dans le Beauvaisis et vice-président de la FNSEA. La cohabitation avec le loup serait impossible dans le département.»
Auteur: Élisabeth Gardet
Source: Le Parisien du 4 octobre 2014
Il n’est plus qu’à une centaine de kilomètres de la région. La préfecture des Ardennes a mis en place une cellule de veille, celle du Nord regarde d’un œil vigilant la régulière avancée de cet animal auréolé d’autant de légendes que de craintes, vers le nord du pays.
Si le loup arrivait, c’est d’abord dans la forêt de Trélon, dans l’Avesnois, qu’il montrerait le bout de son nez. «Sans doute d’ici à 2017 ou début 2018», pronostique Jean-Luc Valérie, fondateur de l’Observatoire du loup, passionné par le monde animalier. «C’est imprédictible, tranche Éric Marboutin, spécialiste de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. La biologie du loup est de coloniser les espaces vacants, mais on ne peut pas prédire où ils vont s’arrêter, ni quand. Pourquoi sont-ils dans les Vosges, et pas dans le Jura? On ne sait pas.»
Le loup avait déjà fait de la région sa tanière. «Les derniers endroits où on l’a vu, c’était dans le haut pays d’Artois et dans l’Avesnois vers 1860», précise le Fressinois François Paul, qui a rassemblé 7.000 articles de presse parlant de loups dans le Nord - Pas-de-Calais. «Il y a des éléments en faveur et en défaveur de leur installation ici, détaille Jean Malécha, conférencier sur le sujet. Côté positif, l’existence d’une population correcte de chevreuils, une des nourritures préférées des loups, et de sangliers.» Oui mais la région est aussi peuplée que le canidé est craintif…
Trente-quatre lieutenants louvetiers dans la région
C’est Charlemagne qui a choisi de distinguer les hommes les plus aptes à capturer les loups «parce qu’il y en avait partout, raconte Bernard Collin, président des Louvetiers de France et lieutenant louvetier, lui-même, à Trélon. Nous sommes des bénévoles nommés par les préfets.» Ils sont 16 dans le Nord, 18 dans le Pas-de-Calais chargés de participer à la régulation de la population. Car elle croît vite. De 15 à 20 % par an. «À la sortie de l’hiver 2014, on estimait qu’il y avait 300 individus en France», annonce Éric Marboutin. Des loups appartenant à la ligne génétique italo-alpine, se sentant trop à l’étroit dans une Italie où ils n’ont jamais disparu.
La première fois que leur présence a été détectée, c’était en 1992, dans le parc naturel du Mercantour. Ils sont aujourd’hui dans la Marne, la Meuse. «On a identifié deux loups en Belgique en 2011», ajoute Bernard Collin. «Ce qu’il faut savoir, ajoute Jean Malécha, c’est que les jeunes, au cours de l’année qui suit leur naissance, quittent leur famille pour aller s’établir plus loin. C’est à ce moment-là qu’ils peuvent faire des distances considérables. L’un d’eux en 2011 était équipé d’une puce GPS: il a parcouru 1 500 kilomètres.»
Reste que si le loup s’installait un jour dans l’Avesnois, comme dans le reste de la région, la situation des agriculteurs serait épineuse. «Dans la Meuse, des vaches ont été attaquées, poursuit Bernard Collin. Il faut accepter que la nature est plus forte que l’homme, mais les éleveurs sont à cran. Refaire des fermes fermées, ce n’est plus possible.» Ce sera aux préfets de trouver une solution.
Ce qu’ils en disent
«On parlerait du retour du castor qui vient d’arriver dans les Ardennes, là, j’y croirais. Mais le loup, ce n’est pas son biotope, ici.» - Anthony, habitant de Trélon
«J’y pense parfois, mais ici on est dans des zones plus urbanisées. Je ne pense pas que le loup vienne jusque chez nous (…) C’est à nous, éleveurs, de nous adapter à la nature et pas l’inverse.» - François Marant, éleveur de moutons à Saint-Aubin
«Nous, on a des animaux près de la ferme et plus loin. On ne peut pas rester tout le temps avec eux. Le loup, ce serait encore une contrainte de plus.» - Nicolas Cacheux, éleveur de bovins à Wattignies-la-Victoire
«Tant qu’on n’est pas alertés par les autorités, on n’a pas à chercher des préoccupations lointaines alors qu’on a déjà celles du quotidien à gérer.» - Viviane Desmarchelier, maire d’Eppe-Sauvage
«On est la première commune concernée. À 3 kilomètres de l’Aisne, 15 des Ardennes, mais pour l’instant, on n’est pas inquiet. Ce qui nous pose question actuellement, ce sont plus les renards.» - Jean-Luc Pérat, maire d’Anor
2.445
C’est le nombre de victimes constatées en 2014 au sein des troupeaux domestiques en France. Un chiffre en forte hausse par rapport à 2013 (1 970) et 2012 (1 605).
Vingt-deux départements sont concernés par ces attaques. Celui des Alpes-Maritimes est le plus touché avec 1 048 attaques. Suivent le Var (476), les Alpes-de-Haute-Provence (239) et l’Aude (177).
Les grandes dates
5 novembre 1992: le loup fait son retour en France, moins d’un siècle après avoir été éradiqué. Un premier couple est aperçu dans le parc du Mercantour (Alpes-Maritimes).
2010: un loup est aperçu dans le Jura.
2011: la présence permanente de l’animal est signalée en Haute-Saône et dans le Haut-Rhin.
2012: l’animal est présent en permanence dans les Vosges.
2014: la Haute-Marne et la Meuse annoncent une présence permanente de l’animal sur leur territoire.
27 août 2014: après une énième attaque contre un troupeau, la préfète de la Meuse autorise l’abattage d’un loup.
5 novembre 2014: le maire de Nançois-le-Grand (Meuse) offre 2 000 euros de sa poche à celui qui capturera le loup responsable de 120 attaques mortelles de moutons.
Auteur: Carine Di Matteo
Source: La Voix du Nord du 14/12/2014