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"Il y a quelque jours, trois loups sont venus sous la cabane à 300 m d’ici. Le temps de prendre le fusil et de les contourner avec mon collègue, ils avaient disparus". C’est ainsi que Didier Trigance, berger dans les Alpes-Maritimes, débute, hier matin, le récit d’une attaque de loups où il a pratiquement perdu 6 chiens sur 7.

- Les Faits

- Ils se sont défendus mais à quel prix!

Didier Trigance a 2200 brebis dont 1000 agneaux sous sa garde, aidé par 7 chiens de protection, bergers des Pyrénées (Patou), Estrela (Chien de montagne portugais) et croisé entre les deux. Hier soir, le bilan était lourd. Un chien disparu, très probablement mort. Cinq chiens gravement blessés. Le vétérinaire est attendu sur l’estive. Il reste une chienne Patou opérationnelle mais craintive qui est apparemment restée hors du conflit. Pour la garde, un seul chien pour 2 200 bête ne peut pas être efficace.

Les protecteurs du loup nous diront que le troupeau a été protégé puisque sur les 2200 bêtes seuls 2 agneaux ont été tués et 3 brebis gravement blessées qu’il faudra sans doute euthanasier. La perte est faible mais… inutile. Et maintenant le berger n’a plus de chiens opérationnels ce qui laisser la voie libre au loup. Le chien de protection n’est donc pas la solution durable pour assurer la pérennité de l’élevage extensif.

Quant au remplacement des chiens, lorsque nous connaissons le prix d’un chien de protection par rapport à l’aide dont les écologistes disent qu’elle est généreusement accordée aux bergers et éleveurs, nous pouvons affirmer que le coût est bien supérieur à une cotisation chez Férus.

Sans parler de la valeur financière, le chien n’est pas seulement un objet que l’on trouve dans un supermarché. Il n’est pas, non plus, une clôture électrique. Un chien a une valeur sentimentale même pour un berger. Trouver, le matin, à la porte de la cabane, des chiens en sang à moitié massacrés quand ils sont encore vivants, n’a rien d’agréable et reste profondément choquant. Tout ça au profit d’une espèce sauvage ultra-protégée sans aucune justification.

- Les randonneurs également victimes du loup

Si les cas d’attaques fatales de loups sur l’homme existent bien et sont clairement identifiées malgré des manipulations de traduction en français, il n’y en a pas encore eu en France depuis son «retour» officiel. Néanmoins, les souvenirs restent bien ancrés dans les esprits des vallées et villages qui les ont subis plus longtemps que dans la plaine sur le reste de la France également concernée.

Indirectement, les randonneurs sont impactés par le fait de la présence de chiens de protection mais aussi de tirs de défense possibles tous les jours et jour et nuit. Des conseils d’approche des chiens de protection ont été édités par le Ministère de l’Ecologie et une association écologiste dans le cadre de la protection de l’ours dans les Pyrénées. Mais rien pour les autres régions. Nous pouvons néanmoins mentionner l’excellent article de recommandation du site "Randonner malin" malheureusement altéré de commentaires stupides et haineux à l’égard des éleveurs.

- Faut-il encore des chiens de protection?

La protection des troupeaux face aux grands prédateurs n’est pas aussi facile que ce qui est dit par les slogans des associations environnementalistes qui, par ailleurs, n’ont strictement aucune compétence pour donner de tels conseils à des bergers. Il s’avère que la protection maximum déjà utilisée n’est pas efficace comme il a été vu au cours du séminaire du CERPAM à Valdeblore le 4 juin dernier. Le chien de protection ne résout pas tous les problèmes. Il en crée. Le vrai problème reste le loup. Manifestement, la cohabitation entre l'humain et ses activités d'un côté et un grand carnivore de l'autre n'est pas possible. Vingt ans de tentative de gestion le montre. Sans loup, chiens, brebis, bergers et randonneurs pourraient vivre en paix.

- Arrêtons le massacre!

Louis Dollo, le 31 août 2013
Article paru dans Kairn.com

- Observation

Le chien de protection qui avait disparu et que nous mentionnions "probablement mort", a été retrouvé vivant et gravement blessé grâce aux vautours qui volaient au-dessus. Le vétérinaire a dû l'euthanasier cet après-midi. La femme d'un éleveur qui vient de nous en informer faisait cette réflexion: "Que vont dire les amis des bêtes sur le sort réservé à ces chiens qui défendent les troupeaux et auxquels sont attachés les bergers?"