Un éleveur de la commune de Roquebilière, dans les Alpes-Maritimes, a vu en début de semaine son troupeau de brebis agressé. Un schéma récurrent dans les bergeries de la région, le printemps venu.
Bis repetita à la lisière du parc national du Mercantour, connu pour l'importante population de loups qu'il abrite. Après une première attaque en début de mois, les 21 brebis du troupeau de Daniel Nicolao ont de nouveau subi les foudres d'un canidé. De quoi inquiéter les éleveurs de la vallée de la Vésubie, dont les bêtes sont régulièrement prises pour cibles par ces prédateurs. D'autant que le retour des beaux jours s'accompagne de celui des pâtures pour les ovins et de la chasse pour les loups.
Loin des pâturages des hauteurs, le loup est cette fois venu chercher ses victimes à quelques dizaines de mètres seulement du village. «A 50 mètres de ma propre maison et à 100 mètres de l'église», précise Gérard Manfredi, maire UMP de Roquebillière. Rien d'exceptionnel cependant pour la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), qui rappelle que les loups viennent parfois fouiner jusque dans les poubelles des villages. Pris au piège de leur enclos, les brebis n'ont pu s'échapper. Gravement blessées, elles ont toutes été abattues.
- "Le loup est partout dans les Alpes-Maritimes"
Depuis 1992 et leur réapparition dans le Mercantour, les loups ont élu domicile dans le relief favorable de cette région de contreforts alpins. Leur population, difficilement chiffrable, est en constante augmentation, comme la progression des quotas de prélèvement. Le niveau élevé d'attaques de troupeau est aussi un marqueur de cette densité de canidés.
Après un premier trimestre 2015 ponctué de nombreuses attaques - 458 victimes dans les Alpes-Maritimes -, les éleveurs entament la saison printanière inquiets. «Les mois d'avril et de mai sont généralement meutriers», prévient la DDTM, qui annonce la mise en place de tirs de prélèvement. Régis par des quotas très strictsces tirs, effectués par les services départementaux, ont pour but de réguler la cohabitation entre loups, hommes et ovins. Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, a par ailleurs demandé au préfet de «prendre des mesures nécessaires afin de permettre aux chasseurs et aux bergers plus de latitude dans le tir du loup».
Pour l'heure, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage ayant bien authentifié cette dernière attaque comme celle d'un loup, Daniel Nicolao sera pour sa part dédommagé par le ministère de l'Ecologie. Une compensation financière bienvenue, même si la DDTM rappelle que «les éleveurs ne s'y retrouvent pas forcément».
Auteur: Antoine Sillières
Source:
Le Figaro du 15/04/2015