Le Monde des Pyrénées

Un loup dans l'Aude confirmé et photographié

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Voilà plus d’un an que l’on tergiverse pour savoir si c’est un loup ou non qui se balade dans l’Aude. Du temps perdu pour prendre des mesures de protection même si nous savons que celles-ci sont, de toute manière, inefficaces. Pendant ce temps où tout le monde cherche, il semble bien, selon des témoins qui refusent de parler publiquement, qu'il se réalise deux lâchers clandestins de loups entre Ariège et Aude. Selon les témoignages reçus, beaucoup d’entre eux n’ont pas survécu à cette migration forcée clandestine. Mais combien y en avait-il exactement?

Si le loup avait dû s’installer naturellement dans l’Aude il y serait bien avant son arrivée extraordinaire dans une réserve du Haut-Conflent dans les Pyrénées-Orientales. Aujourd’hui, on nous explique qu’il vient du Madres, à proximité, au sud d’Axat. Explication probable mais peu crédible car il n’y a aucune réponse à cette question: Pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant?.... Du moins avant d’arriver dans les Pyrénées-Orientales.

La présence de loups dans l’Aude n’est pas nouvelle même si en mars 2014 on joue la comédie de découvrir le phénomène. Les prédations existent depuis plus d’un an. Plus de 100 brebis ont été tuées sans être indemnisées et en accusant les chiens qui, tout à coup, auraient eu un goût de massacre sans que jamais personne ne les voit.

En novembre 2013, une photo, certes de mauvaise qualité, (voir ci-contre) avait été prise. Mais la conclusion officielle était "un chien". Donc possible de le tirer pour protéger les troupeaux. Mais curieusement, personne ne le voyait. Preuve que ce n’était pas un chien.

Auteur de la photo et ses conséquences

Une photo confirme la présence d’au moins un loup

Faute de preuve pour être indemnisé et écouté, les éleveurs ont mis en place dans leur propriété un appareil photo automatique. Le résultat est clair. Ce cliché a été pris dans le secteur de Lafage (Aude) le 7 mars 2014. L'ONCFS a posé le même genre de caméra automatique et obtenu le même type de clichés. Selon nos sources, ceci confirmerait qu’il s’agit bien d’un loup. Selon des témoins les empreintes relevées vers Plavilla ou autour de chez M.J. seraient très ressemblantes. L'ONCFS aurait fait le nécessaire lundi pour que le ou les éleveurs soient indemnisés. L’indemnisation ne règle pas le problème selon les éleveurs, "le loup est toujours là..."

Louis Dollo, le 11 mars 2014

La Préfecture de l'Aude confirme la présence d'un loup

- Autres informations sur le retour du loup

- Chasse au loup en Lauragais

Danielle Girbal est en colère. Cette nuit encore, cette agricultrice de Ribouisse a perdu deux brebis… Deux rajoutées à celles qu’elle retrouve régulièrement, depuis novembre dernier, égorgées sur les parcours clôturés, ça commence à faire beaucoup. La moitié de son troupeau y est passée. Ce dont elle est sûre, c’est que c’est une bête sauvage et puissante qui lui a tué vingt-cinq brebis et agneaux, une bête qui les égorge et en a dépecé quelques-unes. Depuis plus d’un an, en marge de la forêt de Mance, les attaques sont légion. Un éleveur en serait à quatre-vingts bêtes tuées à Fonters-du-Razès. Un autre à Fenouillet en serait à dix-sept attaques. Lafage, Lacassaigne, Escueillens… «Le tout dans un rayon d’action d’une quinzaine de kilomètres», constate notre agricultrice. Excédée, elle ne lâche pas et traque la bête sans relâche, suivie par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui a même installé un piège photographique et détient des clichés très nets. Un surtout!

- «Si c'est un animal isolé, il passera facilement inaperçu»

Chien ou loup? Elle ne dira rien. «Je ne suis pas spécialiste et ce n’est pas à moi d’agiter la peur ancestrale du loup», se borne à répondre cette éleveuse. Un spécialiste de la question à l’ONCFS est actuellement en train d’étudier tous les indices - moulage, photos, observations, traces, pistes, poils, urine… et de les compiler pour rédiger un rapport. En attendant, il joue la carte de la prudence. «Il existe des chiens à la mode comme le loup de Tchécoslovaquie qui ressemblent au loup à s’y méprendre», met-il en garde. Quant à savoir si la Piège pourrait convenir à un loup… «Il s’adapte à tous les milieux, comme celui-ci, semi-ouvert. Et puis, il y a une grande chênaie qui commence tout à côté. Reste que si c’est un animal seul, il passera plus facilement inaperçu qu’une meute installée. Du côté de la préfecture de l’Aude on prend l’affaire très au sérieux. Le directeur de cabinet admet dans l’attente de conclusions plus définitives «qu’il y a de fortes présomptions» qu’il s’agisse bien d’un loup, même si aux ravages causés par ce «solitaire» pourraient s’ajouter les destructions causées par les chiens errants. Pour l’instant, dans l’Aude, il existe une zone de présence permanente du loup dans le secteur de Madre-Boucheville, aux confins de l’Aude, de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales, sur trois ou quatre communes, du côté d’Escouloubre».

Depuis un an, un an et demi, les attaques de troupeaux sont légion des Hautes-Corbières au Lauragais. Chien ou loup? Des analyses sont en cours d’expertise. Résultat dans les jours à venir.

Auteur: Gladys Kichkoff
Source: La Dépêche du Midi du 12 mars 2014

- La Préfecture de l'Aude confirme la présence d'un loup dans le Razès

"Présence d’un loup confirmée dans le massif du Razès: la Préfecture étudie la mise en place des mesures d'accompagnement des éleveurs."

"L’Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) a validé à partir de plusieurs clichés pris le 7 mars dernier à proximité d’un élevage sur la commune de Plavilla, la présence, dans le massif du Razès, d’un loup identifié à partir de ses caractéristiques phénotypiques (silhouette, forme de la tête, pattes)."

"A la demande de M. le Préfet de l’Aude, les services de l’État réuniront dès vendredi, les Présidents de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, afin de partager les informations et d’étudier les mesures d'accompagnement des éleveurs pouvant s'inscrire dans le cadre du plan national Loup récemment modifié et des dispositions réglementaires (le loup est une espèce protégée au niveau international, communautaire et national)."

"La procédure d'indemnisation adéquate sera par ailleurs mise en œuvre pour tout dommage causé à des éleveurs à la suite d’attaques de troupeaux, présentant des traces de prédation. L'éleveur de Plavilla en a été informé dès lundi, par les services compétents de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM)."

Communiqué publié par la Préfecture de l'Aude le 12 mars 2014

- Troupeaux décimés en Lauragais: c'est bien un loup!

Comme nous l’annoncions dans notre précédente édition, c’est bien un loup qui sème la terreur dans les élevages de l’Ouest audois, notamment dans la Piège et le Razès. La préfecture de l’Aude, qui suivait le dossier avec els agents de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ainsi que le Réseau loup a publié, hier soir, un communiqué qui ne laisse planer aucun doute.

«L’Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) a validé à partir de plusieurs clichés pris le 7 mars dernier à proximité d’un élevage sur la commune de Plavilla, la présence, dans le massif du Razès, d’un loup identifié à partir de ses caractéristiques phénotypiques (silhouette, forme de la tête, pattes).»

«À la demande de M. le Préfet de l’Aude, les services de l’État réuniront dès vendredi, les Présidents de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, afin de partager les informations et d’étudier les mesures d’accompagnement des éleveurs pouvant s’inscrire dans le cadre du plan national Loup récemment modifié et des dispositions réglementaires (le loup est une espèce protégée au niveau international, communautaire et national).»

«La procédure d’indemnisation adéquate sera par ailleurs mise en œuvre pour tout dommage causé à des éleveurs à la suite d’attaques de troupeaux, présentant des traces de prédation. L’éleveur de Plavilla en a été informé dès lundi, par les services compétents de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).»

Source: La Dépêche du Midi du 12 avril 2013

- Un loup repéré dans l'Aude

Un loup vient d'être répéré dans l'Aude, à une demi-heure de route de Castelnaudary, a-t-on appris jeudi 13 mars auprès de la préfecture.

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a validé la présence d'un loup sur la commune de Plavilla, à la limite de l'Ariège, à partir de photos prises le 7 mars et des caractéristiques de l'animal: sa silhouette, la forme de la tête, les pattes, a indiqué la préfecture.

- Un nouveau signe du retour du loup en France

Cette présence n'a "rien d'étonnant", dit Jean-François Darmstaedter, président de l'association Ferus de protection du loup, du lynx et de l'ours. "On a probablement affaire à un animal erratique, comme on en a eu en Haute-Marne par exemple; ça fait beaucoup de chemin, un loup", dit-il.

Cette présence est un nouveau signe du retour du loup en France où il avait disparu avant les années 1940 et où il est réapparu par extension progressive des populations italiennes depuis 25 ans.

Profitant à la fois de son statut d'animal protégé et de prédateur sans concurrent, de l'abondance de nourriture et de forêts, le loupoccupe aujourd'hui tout le massif alpin et préalpin et est présent aussi dans la partie orientale des Pyrénées, dans le Massif central et dans le sud des Vosges, selon l'ONCFS. Des individus isolés ont aussi été observés en Aveyron, dans le Gers et plus au nord dans l'Aube et en Haute-Marne.

Sa présence est source de crispation, pour les éleveurs surtout. Le cadavre d'un loup abattu par arme à feu a été découvert au début de l'année dans la Marne.

Aussi la préfecture de l'Aude a-t-elle indiqué étudier les mesures d'accompagnement en faveur des éleveurs et réunira-t-elle vendredi les acteurs du monde agricole. Les éleveurs victimes d'attaques du loup sur leurs troupeaux seront indemnisés, a-t-elle assuré.

Source: Nouvel observateur du 13 mars 2014

- La présence d'un loup confirmée dans l'Aude

L'animal a été repéré très à l'ouest du département, après l'attaque de troupeaux. Il s'agirait d'un loup isolé, originaire d'Italie. L'été dernier déjà, la présence de deux mâles avait été confirmée dans le massif du Madres, à la frontière de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.

Alain Bataille, technicien ONCFS,
animateur du réseau loup dans les Pyrénées

C'est bien un loup qui se balade dans l'Aude. La présence de l'animal est confirmée par la préfecture. L'animal a été vu dans l'ouest du département, à la limite de l'Ariège et de la Haute-Garonne, près de Mirepoix. Un élevage a été attaqué sur la commune de Plavilla, et grâce à des photos de l'animal prises par les techniciens de l'ONCFS, l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, le doute a été levé.

Pas de doute, avec une telle silhouette, la forme de la tête, et les traces de pattes relevées sur place. Un loup dans l'Aude, ce n'est guère étonnant, car deux au moins se promènent dans les Pyrénées-Orientales, dans les massifs du Madres et du Carlit, ils ont été officiellement recensés l'été dernier. Peut-être que celui qui a été vu dans l'Aude est un de ceux vus dans les Pyrénées-Orientales il y a quelques mois. Il ne s'agirait pas de meutes, mais de loups isolés, qui viennent de loin.

- Il viendrait d'où, ce loup?

D'Italie! Il s'agirait d'un "canis lupus italicus". On l'appelle aussi Loup des Abruzzes. Un mâle peut mesurer jusqu'à 1m40, et peser entre 25 et 40 kilos. Le trouver chez nous peut paraître surprenant, mais un loup, ça marche beaucoup... jusqu'à 700km! Depuis quelques années, le loup italien a voyagé depuis la péninsule, sur l'arc alpin d'abord, puis vers le sud-est de la France.

Car en Italie, ça manque de place: quand les meutes sont déjà constituées, 8 loups maximum, les animaux esseulés ont tendance à chercher un nouveau territoire. Et c'est ainsi que certains arrivent jusqu'à chez nous, très loin de leur lieu de naissance. Le loup italien est aussi déjà présent en Catalogne sud, sur les hauteurs pyrénéennes.

Enfin si le loup n'est pas dangereux pour l'homme, il l'est pour les troupeaux. Les éleveurs s'inquiètent. La préfecture de l'Aude organise une réunion d'information ce vendredi avec les instances agricoles.

Source: Radio France Bleu du 13 mars 2014

- Aude: un loup repéré près de Castelnaudary

Un loup a été repéré à une demi-heure de route de Castelnaudary.

Le loup vient d'être répéré dans l'Aude, à une demi-heure de route de Castelnaudary. L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a validé la présence du loup sur la commune de Plavilla, à la limite de l'Ariège, à partir de photos prises le 7 mars et des caractéristiques de l'animal: sa silhouette, la forme de la tête, les pattes, a indiqué la préfecture.

Cette présence n'a "rien d'étonnant", dit Jean-François Darmstaedter, président de l'association Ferus de protection du loup, du lynx et de l'ours. "On a probablement affaire à un animal erratique, comme on en a eu en Haute-Marne par exemple; ça fait beaucoup de chemin, un loup". Cette présence est un nouveau signe du retour du loup en France où il avait disparu avant les années 1940 et où il est réapparu par extension progressive des populations italiennes depuis 25 ans.

Profitant à la fois de son statut d'animal protégé et de prédateur sans concurrent, de l'abondance de nourriture et de forêts, le loup occupe aujourd'hui tout le massif alpin et préalpin et est présent aussi dans la partie orientale des Pyrénées, dans le Massif central et dans le sud des Vosges, selon l'ONCFS. Des individus isolés ont aussi été observés en Aveyron, dans le Gers et plus au nord dans l'Aube et en Haute-Marne.

Sa présence est source de crispation, pour les éleveurs surtout. Le cadavre d'un loup abattu par arme à feu a été découvert au début de l'année dans la Marne. Aussi la préfecture de l'Aude a-t-elle indiqué étudier les mesures d'accompagnement en faveur des éleveurs et réunira-t-elle vendredi les acteurs du monde agricole. Les éleveurs victimes d'attaques du loup sur leurs troupeaux seront indemnisés.

Source: RTL.fr du 13 mars 2014

- Limoux. Le loup errant aurait aussi sévi dans le Razès

Malin comme un singe dit-on. L’adage peut s’appliquer au loup. «Chaque fois que les lieutenants de louveterie de l’office national de la chasse et de la faune sauvage, ont planqué des nuits entières, pour tenter d’apercevoir l’animal, ils sont rentrés bredouilles». Frédéric Ervic, maire de Fenouillet du Razès, une des communes concernées par la présence de l’animal -supposé être un loup- (voir la Dépêche du Midi édition Aude du 12 mars) ne désarme pas pour autant. «Nous attendons une réunion en sous-préfecture susceptible de débloquer la situation». Sur la seule commune de Fenouillet, l’animal a égorgé 90 brebis et décimé à 50 % le troupeau de M.Juin, «19 attaques en 14 mois», la dernière s’est produite avant hier, la fille des éleveurs a aperçu l’animal. Le second éleveur installé sur la commune, M.Thibout, a également été frappé. Des mesures ont été prises: battue, piégeage, surveillance avec des caméras. Cela n’ a donné aucun résultat probant. On en est encore à se demander s’il s’agit d’un loup ou d’un chien errant ou de plusieurs chiens errants. Pourtant l’ONCFC Le doute a en sa possession deux photos très parlantes de l’animal, attestant de ses origines. Selon Frédéric Ervic, il s’agirait bien d’un loup. Implicitement cela été reconnu lorsque le préjudice d’une des attaques sur le troupeau de M.Juin a été indemnisé à hauteur de 500 euros.»doit profiter à l’éleveur, ce qui a été le cas en l’occurence. Mais nous voulons que cette réparation soit étendue à l’ensemble des pertes». Et que des spécialistes soient enfin désignés pour mettre fin aux exploits du prédateur.

Source: La Dépêche du Midi du 13 mars 2014

- Aude: "Le loup décime les troupeaux de mon père depuis un an"

Il criait au loup depuis janvier 2013, mais personne ne l'a cru. Edgar Juin a perdu une centaine de bêtes, avant que la présence du loup ne soit enfin avérée. Sa fille témoigne.

"On a subi 23 attaques depuis janvier 2013!" Le témoignage de Sandrine Juin est hallucinant. Cette femme de 35 ans n'est pas éleveuse, mais elle a pourtant pris la suite de son père sur l'exploitation de Fenouillet-du-Razès. "Il est anéanti par les pertes successives de son troupeau, explique Sandrine. Et comme j'étais disponible, j'ai décidé de les remplacer pendant un mois, afin qu'il se repose". Au milieu d'une difficile journée de travail, elle prend quelques minutes pour nous répondre.

Combien de bêtes a perdu votre père?

Sandrine Juin: Environ 110 depuis 14 mois. Surtout des brebis pleines et des agneaux. Les brebis qui vont mettre bas sont plus vulnérables, et le loup est attiré par l'odeur du sang...

Votre père savait que c'était un loup?

Oui, bien sûr, dès les premières attaques en janvier 2013! Les bêtes étaient traînées sur trois mètres, éventrées, dévorées. Jamais un chien errant n'aurait fait cela, et jamais un chien errant ne s'en est pris à nos troupeaux. C'est pourtant ce qu'on nous disait...

Vous avez vu le loup?

Oui, on l'a même pris en photo, de nuit. Il était de profil. On l'a montré à toutes les personnes concernées, à l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) mais on nous a répondu que la photo ne prouvait rien.

Vous aviez l'impression de déranger avec votre histoire de loup?

Oui, ça fait un an qu'on nous demande de ne pas trop en parler...

Quand s'est produite la dernière attaque?

Mardi. Une brebis avait mis bas, et on a retrouvé ses deux agneaux égorgés. L'un était mort et on a dû tuer l'autre. Mais le pire, c'était au printemps dernier, on avait eu une vingtaine de bêtes tuées.

Comment votre père a-t-il vécu cela?

C'était terrible pour lui d'assister à ces massacres, de voir ses animaux disparaître sans pouvoir rien faire. Le métier est déjà très dur, mais quand il faut en plus reconstituer le cheptel en permanence pour toucher les primes. Mon père savait que c'était le loup, mais on ne voulait pas le croire. Il a commencé à déprimer. Je lui ai dit de prendre du recul avant qu'il ne soit trop tard. Je n'avais pas envie de perdre mon père à cause d'une histoire de loups.

La présence du loup vient enfin d'être avérée...

Oui, mais ça n'enlèvera pas tout ce qu'a vécu mon père. Il a été le premier et le principal éleveur touché. Il a fallu que le loup s'attaque à d'autres élevages pour qu'on admette enfin sa présence.

Quel a été le préjudice?

Énorme à tous points de vue. Moralement, ça a été l'enfer. Et financièrement, toutes les pertes ont été très lourdes, puisqu'on n'était pas dédommagés.

Combien de bêtes ont été indemnisées?

2 sur 110! J'espère que la découverte du loup va permettre à mes parents d'obtenir justice. J'espère aussi que mon père se remettra vite et qu'il pourra reprendre son métier comme avant.

Pris en photo

C'est grâce à plusieurs photos prises le 7 mars par l'Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) que la présence du loup a enfin été avérée dans le Razès. Pendant un an, l'animal a déjoué les battues, piégeages et systèmes de surveillance vidéo.

À Ribouisse, Plavilla et Fenouillet-du-Razès, ces villages situés dans le massif du Razès, la présence du loup était pourtant un secret de polichinelle. Il ne manquait que la preuve pour authentifier sa présence.

Maintenant qu'elle existe, les choses devraient enfin avancer. Une réunion est prévue ce soir en préfecture afin d'étudier les suites à donner à ce dossier. Les éleveurs sont à cran, et le loup est un animal protégé... Des mesures devraient aussi être prises pour indemniser au mieux les éleveurs victimes de l'animal.

Source: L'Indépendant sur 14 mars 2014

- Castelnaudary. Le loup piégé par les photographes

Loup
Le loup de Ribouisse pris au piège photographique. Photo Frédéric Salgues et Jean-Pierre Pompidor.

Mercredi, nous annoncions, en exclusivité, qu’une forte présomption pesait quant à la présence d’un loup dans la Piège, Une information confirmée mercredi par la préfecture qui rencontrera aujourd’hui, la profession agricole.

«Le loup est aux portes de Castelnaudary, c’est une bonne et une mauvaise nouvelle à la fois», estime Serge Vialette, président de la FDSEA, fédération départementale du syndicat des exploitants agricoles qui s’explique: «Mauvaise parce que le loup est une espèce protégée, et bonne parce que nous allons pouvoir activer le plan loup qui va permettre d’indemniser les éleveurs. Nous devons d’ailleurs nous rencontrer avec le préfet et le président de la chambre d’agriculture afin de donner rapidement des informations aux éleveurs. Des bêtes se font dévorer tous les jours depuis plus d’un an, nous n’avions pu le qualifier faute de preuves. Maintenant, c’est fait, nous allons demander la rétroactivité des aides. Là dessus, on ne me fera pas lâcher», assène M. Vialette avant de lâcher, en direction de ceux qui en douteraient: «Nous sommes bien un territoire à biodiversité».

- «Il ne va pas rester»

Pour Frédéric Salgues, correspondant du réseau loup-lynx Pyrénées, l’animal ne devrait pas rester. Lui est un bénévole qui collabore à la collecte de données dans les Pyrénées-Orientales. On lui doit ce cliché du loup pris avec un piège photographique qu’il est venu, lui-même, installer à Ribouisse, chez les Girbal, à 200 km de chez lui, avec Jean-Pierre Pompidor, également du réseau loup Pyrénées - ces deux passionnés d’animaux sauvages mettant même à la disposition des agriculteurs du Lauragais leur propre matériel. «J’ai voulu aider ces gens en pleine détresse qui voulaient savoir si on avait affaire à un chien ou à un loup».

La confirmation de la présence du loup dans la Piège ne l’a pas vraiment surpris. «C’est un animal seul, pas en meute qui n’a donc pas de territoire. Il est peut-être seulement de passage. Ce n’est pas une zone pour lui, à découvert et très humanisée», explique-t-il, espérant, maintenant «que l’on parviendra à le marquer génétiquement, pour le comparer à ceux que nous avons dans les Pyrénées-Orientales. Nous en avons un dans le massif de Madre et un dans le Carlit. Nous les connaissons, ils sont suivis. Là, ce peut être un animal de chez nous comme un que l’on ne connaît pas». Ce spécialiste amateur souligne qu’un loup au trot parcourt plus de 10 kilomètres dans une heure, un rythme qu’il est capable de tenir des heures et des heures jusqu’à faire 100 km dans une journée, et ainsi, être à Ribouisse un jour, trois jours plus tard, dans le Carlit». Quant à dire si le loup est coupable de toutes les attaques subies depuis un an… «On ne peut pas le dire. Il peut y avoir des attaques de chiens errants aussi. Les Girbal en ont subi des confirmés. On sait seulement qu’il y a un loup qui vient sur ce secteur tous les trois à cinq jours, toujours de nuit, qu’il est seul et extrêmement peureux». En revanche, pas de danger pour l’homme si on l’en croit. «Il n’y a aucune crainte ou peur à avoir d’un tel animal, extrêmement peureux. La preuve, on ne l’a pas vu de jour. Et vous ne l’approcherez pas à moins de 2km qu’il sera déjà parti tant son ouïe et son odorat sont extrêmement fins.»

Il le redit: «Il ne devrait pas rester. Le loup est très intelligent et du moment qu’on le dérange - là, on va le déranger - il s’en ira. S’il est là, c’est parce que c’est facile. Si cela ne l’est plus, il partira. Là, malheureusement, les conditions sont assez simples. C’est malheureux pour ces gens qui ne peuvent techniquement rentrer leur troupeau mais si on compare les dégâts à ceux commis par les chiens errants à l’échelle nationale et départementale, ils sont infimes. Il ne faut pas crier au loup mais maintenant aider ces gens financièrement et trouver des mesures rapides et efficaces pour les aider».

Auteur: Gladys Kichkoff
Source: La Dépêche du Midi du 14 mars 2014