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C'est aujourd'hui une grande interrogation. Le loup est-il arrivé dans nos montagnes en plus de l'ours?
Jusqu'à maintenant, personne n'a vraiment osé me dire. Personne n'a voulu en parler de peur de " se faire passer pour des idiots ".
Mais la question circule de vallées en vallées. (Louis Dollo, le 13 mars 2007)

- Les faits

Prédation de loups dans la Vallée d'Ossoue
La peau est retournée sur la tête de la brebis. (Photo: Louis Dollo)
Le 19 septembre 2006 une prédation de 3 brebis est signalée en vallée d'Ossoue. Le lendemain matin à la première heure, les gardes du parc national sont sur les lieux pour faire le constat. A l'évidence, ce n'est pas l'ours. L'éleveur propose même de ne pas ouvrir de dossier. Mais le garde insiste au moins pour le signalement.
La carcasse de la brebis morte était dans un état assez particulier. La bête avait été pelée comme un lapin. La peau tirée sur la tête et les pattes avant. Aucune trace de croc apparente mais après le passage des vautours, il n'est pas évident de faire des constats. Du travail de spécialiste.
Si ce n'est pas un ours, ni un chien (risque très limité dans le Parc National) selon les observations, quelle est l'origine de la mort?

Un renard? Il ne s'attaque pas à une bête de la taille d'une brebis. L'ours est à exclure. Le chacal? Il se dit dans la presse espagnole qu'il remonte vers le nord et les Pyrénées. Mais le loup aussi.
Quelques témoignages de randonneurs ont été recueillis un peu sur toute la chaîne. Tous font états d'un animal plus gros que le renard mais ce n'est pas un renard, de couleur gris/roux, haut sur patte mais ce n'est pas un chien. Bref! Une sorte de bête du Gévaudan dans nos montagnes qu'il est difficile de définir car personne n'en avait jamais vu avant.
Voilà quelque chose qui nous inspire pour un roman avec une mystérieuse bête. Et d'engager l'enquête.
Discrètement, nous rapprochons ces témoignages de ceux des alpins dans leurs débuts de prédations surprenante et inexpliquée. Nous constatons que nous avons des descriptions très similaires. Par la suite, plusieurs années plus tard, ils comprendront qu'il s'agit de loups.
De là à dire que nous avons des loups dans les Pyrénées centrales, il n'y a qu'un pas à franchir.
Mais ne nous emballons pas. Rien n'est prouvé, rien n'a confirmé les récits. Restons simplement vigilants pour la prochaine saison d'estive et essayons d'observer ces bêtes curieuses pour déterminer avec certitude de qui il s'agit.
Le prochain été sur les estives de nos montagnes s'annonce passionnant.
Prédations de loups en vallée d'Ossoue
Du travail de spécialiste (Ph. Louis Dollo)

- Les témoignages

- Témoignage en vallée d'Ossoue

Propos recueillis les 13 mars 2007

JP est un professionnel de la montagne bien connu depuis plus de 30 ans mais aussi un ossalois installé en Bigorre après avoir travaillé en Cerdagne (Pyrénées-Orientales). Un coutumier, habitué et connaisseur de nos montagnes, de sa vie et sa faune. Plusieurs fois par semaine, il remonte la vallée d'Ossoue pour se rendre vers le Vignemale. Il témoigne anonymement pour s'éviter les assauts de quelques terroristes intellectuels écologistes.
Mercredi 6 septembre 2006 je remontais la vallée d'Ossoue pour me rendre au refuge de Baysselance où des clients m'attendaient. Il était entre 16h30 et 17h30 lorsque arrivé au bout de la partie goudronnée de la route, sur la gauche (rive droite) au dessus du pont de Sausse, j'ai pu observer deux animaux que je n'avais jamais observé jusqu'à maintenant. Ce n'était pas des chiens mais plus gros que des renards avec une robe comme le renard, couleur "vieux meubles". Il y avait là aussi une famille qui observait et s'interrogeait sur la nature de ces animaux inhabituels. Plus gros que le renard. Je ne me souviens pas s'il y avait une queue. Mais ils n'étaient pas gris comme les loups que l'on voit sur les photos.
De suite je n'ai pas pensé au loup. C'est plus tard, en m'interrogeant que j'ai pensé que ça pouvait être des loups. Mais plutôt que je passer pour un imbécile j'ai préféré me taire.

- Témoignage en Couserans - Ariège

Propos recueillis les 18 mars 2007)

Un chasseur de la vallée du Garbet, A de S (Ariège - Couserans) nous envoie ce témoignage:
"Pour ce qui est de Seix il y a plus d' un an que les chasseur et les éleveurs ont des doutes pour la zone qui sépare la vallée de l'Arac de la vallée du Garbet (elle touche à Soulan).Ce ne sont que des présomption de présence rien de concret (photos ,empreintes moulées qui ne nous ont pas encore été communiqués).Un type prétend avoir vu un loup dans les phares dans le secteur de Kercabanac mais il redoute de passer pour un farfelu (ce qui ce comprend) .Je vais me renseigner."
Commentaire:
La remarque sur Soulan rejoint une autre "rumeur" (mais les gens qui en ont parlé ne sont pas des "pingouins") selon laquelle des loups auraient été vu au dessus de Soulan. Le maire d'une commune sur l'autre versant, au dessus de Castelnau Durban et La Bastide de Sérou en a aussi entendu parler. Il y aurait donc eu circuit entre vallée du Salat, de l'Arac et Séronnais (une quarantaine de kms). La crainte que soulignent ces personnes de passer pour des farfelus est compréhensible, cette crainte ne peut que disparaître et d'autres témoignages arriver si les hypothèses recoupent ainsi ces témoignages.

- Encore un témoignage en Couserans - Ariège

Propos recueillis les 19 mars 2007)

"Effectivement il y a eu l'an dernier des rumeurs. Un éleveur de ma vallée a vu "un loup" dans les bois derrière chez lui. Il en a parlé à son voisin qui bosse à l'association des naturalistes de l'Ariège. Je connais les deux, l'un n'est pas un farfelu et s'est bien gardé de se faire le héros de la rumeur (qui a un peu couru tout de même) et l'autre n'était pas vraiment surpris par un tel témoignage. Il me semble qu'ils n'avaient rien trouvé de réellement probant. De l'autre côté de la vallée, dans les bois entre Soulan et Oust, un ancien (tu le connais. c'est le vieux D.) a lui aussi vu en hiver un "animal" au comportement étrange. L'homme connaît bien son environnement et s'étonnait d'avoir vu cet animal se déplacer comme en se cachant. Les deux témoignages datent de la même période et il n'y a à vol d'oiseau que 4 ou 5 km entre eux."

Si les témoins potentiels n'ont pas parlé jusqu'à maintenant, comme beaucoup d'autres personnes, hors d'un petit milieu amical, c'est pour éviter de se faire passer pour des idiots ou des farfelus, de recevoir des critiques voir même des accusations de mensonges et être le feu des invectives de certains terroristes intellectuels pro-ours / pro-loups.
Aujourd'hui, toutes personnes ayant fait des observations peuvent le faire avec la garantie de l'anonymat en écrivant via le formulaire de contact.
Ces observations, même fragiles (et nous n'affirmons jamais rien) peuvent ainsi recouper des hypothèses et permettre précises.

Avis de recherche
Nous recherchons en particulier une famille avec deux enfants qui se trouvaient également le 6 septembre en vallée d'Ossoue et qui ont pu faire la même observation.

- Loup y es-tu?

La réaction de Bruno Besche-Commenge
Parues dans "La Dépêche du Midi" du 14 mars 2007, les interrogations sur la présence du loup dans les Hautes-Pyrénées ont, comme pour bien d'autres situations, entraîné deux réactions verbeuses et ignorantes du rédacteur du blog "La buvette des Alpages": Saigneur des agneaux et Peau de mouton.
Il y confirme sa propension à confondre analyse objective des données, hypothèses rationnelles, et simples jeux de mots, parfois drôles d'ailleurs - c'est la moindre des choses - mais qui ne sont que jeux de mots, capables au mieux de berner les gogos, les naïfs, ou les intégristes, toujours prêts à prendre pour un oracle celle ou celui qui sait caresser les mots et les esprits dans le sens du poil!
Comme je suis un peu au départ de ces interrogations, je voudrais simplement expliquer leur origine. J'étais aussi présent dans la vallée d'Ossoue, au pied du Vignemale, en septembre 2006, lors des investigations effectuées par les Gardes du parc National pour déterminer si les brebis de Sylvain Broueil avaient été tuées par un ours. La façon dont la peau de l'une d'entre elles était retournée m'avait alors fait penser à des récits, enregistrés dans les années 1970, où de vieux bergers me décrivaient la façon dont les ours laissaient en général les cadavres des brebis qu'ils avaient dévorées. L'un de ces récits peut être lu ici.
Pas plus que Sylvain, je ne pensais alors aux loups, ignorant ce que je vais à présent expliquer.
Après l'expertise, nous avons cassé la croûte. Dans la discussion, qui porta bien entendu sur l'ensauvagement que certains souhaitent pour les Pyrénées et que nous refusons, Sylvain et un autre éleveur qui venait de descendre des crêtes voisines avec un escabot d'une cinquantaine de bêtes me racontèrent ceci: depuis un certain temps eux-mêmes, et des randonneurs habitués à fréquenter ces lieux, voyaient de loin, sporadiquement, des "renards" un peu particuliers, un peu plus hauts sur pattes, un peu plus gris que les renards habituels, à la fois pareils apparemment et différents dans leur corpulence, leur comportement. Cela leur paraissait étrange, sans plus, mais cette description me fit penser à une autre qui m'avait été faite cette fois du côté espagnol et plus à l'est.
Dans la comarque catalane du Pallars Jussà, la Vall Fosca se situe au nord de La Pobla de Segur. Des éleveurs y ont depuis plusieurs années relancé l'élevage d'une race ovine locale: la Xisqueta. Ils ont aussi des vaches. Deux d'entre eux, au printemps 2006, m'avaient fait exactement la même description de ces " renards " étranges, la même, point par point. Et ces " renards " commettaient une prédation que les deux éleveurs ne comprenaient pas, elle n'avait rien à voir avec le comportement classique des renards.

De race rustique (Brune des Pyrénées pour la majorité), les vaches de ces éleveurs, lorsqu'elles ne sont pas à l'étable, vêlent à l'extérieur, dans les pâturages où elles vivent en semi-liberté, surveillées régulièrement mais habituées à gérer librement leurs parcours, leur choix des points d'eau, des zones de repos. Or, depuis quelque temps là aussi, il arrivait que ces nouveaux " renards ", lorsqu'une vache avait ainsi mis bas en toute indépendance, viennent s'emparer du veau tout juste sorti du ventre de sa mère, l'entraînent et le dévorent. Récemment, l'un de ces éleveurs avait même perdu la vache: ces "renards" en effet avaient attaqué la bête allongée, en train de vêler, avaient saisi le veau alors qu'il était encore en train de sortir; dans la violence de l'action, l'un d'eux avait planté ses crocs dans la vulve de la vache qu'il avait lacérée, la bête s'était vidée de son sang avant que les éleveurs, témoins de la scène mais de loin, soient arrivés sur place pour tenter de la sauver (ils étaient à pied, et avaient observé l'attaque aux jumelles).
Tels étaient les faits: du canton de Luz dans les Hautes-Pyrénées, à la Vall Fosca catalane, il y avait donc cette même récente apparition de "renards" jamais vus. Ni les uns, ni les autres au demeurant ne pensions alors aux loups, et, avec le recul, c'est étonnant.
Qu'est-ce qui alors amène à présent à formuler cette hypothèse?
En février de cette année je me rendis à Manosque (Alpes de Haute-Provence) pour y rencontrer les chercheurs du Centre d'Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée CERPAM). On sait comment les éleveurs des Alpes sont depuis plusieurs années confrontés aux attaques de loups, dans une situation qui ne fait qu'empirer. Ours chez nous pour l'instant, loups chez eux pour l'instant: la confrontation, l'échange des expériences est devenue une nécessité entre les deux massifs, une réflexion commune est en cours.
Dans la discussion, je fis part au responsable scientifique de ce Centre des deux anecdotes concernant les nouveaux "renards". Sa réaction fut alors: "c'est exactement comme ça que, chez nous, les gens qui n'avaient jamais vu de loups les décrivaient quand ils en voyaient pour la première fois: des "renards " différents, un peu plus hauts, un peu gris et qui se comportent de façon inhabituelle. Maintenant, ce n'est plus le cas, mais au début c'était toujours comme ça, des "renards" pas comme les autres. On pensait pas aux loups. Et ces loups italiens ne correspondent pas à l'image qu'on se fait habituellement du loup Et il ajouta: "la peau retournée sur la tête, les loups adultes le font aussi; les jeunes, eux, travaillent moins proprement, mais les adultes très souvent retournent la peau, plus ou moins comme le fait l'ours".
Voilà toute l'histoire. Loups? Pas loups? En l'absence d'éléments objectifs, il est impossible bien sûr d'affirmer, ce que ne font d'ailleurs pas les éleveurs des Hautes Pyrénées qui ont soulevé le problème. Mais l'hypothèse est loin d'être absurde. Comme toute hypothèse, elle demande à être confirmée ou infirmée.
Hypothèse loin d'être absurde, redisons-le: honnête sur ce point, le site de l'association Ferus, militant en faveur des grands prédateurs, vient de révéler l'information suivante.
La présence du loup confirmée dans le Gard! - vendredi 16 mars 2007
Le loup poursuit ses excursions en dehors des Alpes. Après le Cantal, la Lozère ou encore les Pyrénées-Orientales, la présence de l'espèce a été confirmée dans le département du Gard. "
Que, dans les Pyrénées, sa présence déjà ne se limite pas aux Orientales est donc une possibilité que les mois à venir se chargeront de confirmer ou non.
Nous ne sommes plus très loin de la période où le bétail va de nouveau fréquenter les pâturages, de demi-saison ou d'estive. Je crois qu'il faudra que les éleveurs, notamment ceux qui seront victimes de prédations, aient à l'esprit cette hypothèse. C'est ce que conseille le responsable scientifique du CERPAM: chercher attentivement des indices à proximité des cadavres (traces notamment), sur eux, mêlés à la laine, des poils susceptibles d'être analysés. La question devra, dans tous les cas, être envisagée en toutes circonstances. Il faut le savoir, y penser.

Bruno Besche-Commenge 16 mars 2007

- Autres informations

Prédations de loups dans la vallée d'Ossoue
Un travail propre comme le ferait un boucher (Ph. Louis Dollo)

Le 18 avril 2007 aura lieu à Gap (Hautes-Alpes) un rassemblement des associations déleveurs, de défense du patrimoine montagnard, de groupements pastouraux, bergers, etc... confrontés aux problémes des grands prédateurs en Europe.
Outre des délégations françaises de tous les massifs, y compris les Pyrénées, des délégations des Asturies, Navarra, Aragon, Catalogne et Val d'Aran y sont attendues avec l'Italie, la Suisse... et des Pays du centre de l'Europe.