Les diverses élections sont toujours propices à interroger les candidats pour connaître leur position sur tel ou tel sujet. En matière d’environnempent, le loup et l’ours sont des sujets récurents au détriment de la biodiversité prises dans son ensemble ou le développemeent durable.
De Ferus, il ne fallait pas s’attendre à une vision de l’environnement dépassant le stade d’un animal emblématique. C’est ainsi qu’ils ont été naturellement conduits à questionner François Hollande, candidat aux élections présidentielles, sur le sujet restrictif du loup. La réponse du candidat est, d’apparence, assez banale. Néanmoins, elle présente une phrase particulièrement significative d’une véritable situation qui a toujours été niée mais qui, dans le contexte présent, n’a jamais été démentie ni commentée.
Dans une lettre adressée à Ferus le 16 avril 2012, François Hollande tente de préciser sa pensée auprès de l’organisation écologiste. Nous avons droit au couplet commun à tous les candidats qui ne veulent pas s’engager, faire de vagues et rester dans le politiquement correcte pour satisfaire tout le monde. De la défense du pastoralisme à celle des espèces protégées, des textes fondamentaux de la Convention de Berne et de la Directive "Habitats" et donc de la protection du loup le candidat Hollande n’apporte pas grand-chose à la réflexion. Encore un qui croit à l’impossible constaté depuis plus de 20 ans: la cohabitation entre élevage et prédateurs. Une naïveté sociétale qui n’étonne plus.
La suite de la lettre devient plus passionnante. Alors que tout le monde, en dehors de nombreux éleveurs et élus locaux, parle de retour naturel du loup à la date bien précise de 1992 dans un lieu tout aussi précis, le Mercantour, François Hollande emploie un autre vocabulaire.
"Il s’agit d’une part des mesures qui ont permis la réintroduction puis le maintien du loup et, d’autre part, des mesures en faveur du pastoralisme, qui permettent de contribuer à l’organisation et l’équipement des bergers, d’assurer la protection des troupeaux et l’indemnisation des éleveurs en cas de perte due aux grands prédateurs".
En tenant un tel discours sur l’équipement des bergers et la protection des troupeaux, nous ne pouvons pas dire que le candidat Hollande et son entourage ne sont pas très au courant de la situation réelle du pastoralisme et des conditions qualifiées, à tort, de cohabitation. Il a beaucoup de progrès à faire.
Par contre, parler "des mesures qui ont permis la réintroduction puis le maintien du loup" interpelle. S’agit-il d’un aveu selon lequel il n’y a jamais eu de retour naturel du loup en dehors d’une mise en scène médiatique mais bien des "réintroductions" d’individus venant on ne sait d’où. Voilà un mot plein de sens qui conduit à de nouvelles interrogations tout en rejoignant les propos toujours tenus de Christian Estrosi, député maire de Nice.
Difficile, également, de ne pas rapprocher ce terme de "réintroduction" aux mêmes tenus par Marie-Odile Guth dans diverses réunions et rapportés par plusieurs acteurs de l’époque où elle était directrice du Parc National du Mercantour. Est-ce une erreur de langage ou l’expression d’une réalité?
Louis Dollo, le 4 mai 2012