Chaque année à l’occasion de la première réunion du Groupe National Loup, il est donné une fourchette d’évaluation de loups présents sur la France sans jamais pouvoir avoir un chiffre par département ou région. En ce début 21016 pour 2015, rien.
Cette évaluation établie par calcul informatique assez complexe n’est compréhensible que par ceux qui l’utilise et en aucun cas par des gens de terrain. Tout part des indices relevés sur le terrain et des prédations. C’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, le résultat du calcul mathématique est dépendant des informations qui lui sont fournis. Si on ne fournit pas ou peu d’informations à la machine…. Nous avons toujours le même résultat entre 250 et 300 loups alors que l’espace géographique de présence ne cesse de s’agrandir et les prédations augmenter.
En juillet 2014, les associations dites de protection de la nature lance un mot d’ordre: «Indices de présence du loup: détruisez-les et ne transmettez plus vos données!»….. «Ne transmettez plus aucune de vos données à l’ONCFS et donc au gouvernement». Voilà qui est clair même si à l’ONCFS on cherche à minimiser le rôle de ces associations. L’objectif est de ne plus fournir d’informations pour abattre des loups. Opération apparemment réussie puisque nous voyons officiellement le nombre de loups diminuer alors qu’à l’évidence il augmente. Plus personne ne croit aux chiffres de l’ONCFS en dehors de l’ONCFS elle-même.
En Novembre 2015, lors d'une réunion du CSPNB (Conseil Supérieur pour la protection de la nature et de la biodiversité), sans que personne dans son entourage ne sache depuis expliquer d'où venait ce chiffre, la ministre aurait parlé de 500 à 600 loups. En fait, il y a longtemps que ce chiffre circule dans les couloirs ministériels et que le Cabinet de la Ministre la donne à certains journalistes.
Ne voyant pas arriver l’évaluation 2015 du nombre de loups, nous interrogeons l’ONCFS. La réponse est édifiante: «il y a un mot d'ordre syndical qui a demandé aux agents de l 'environnement (oncfs, parcs, ...etc.) de ne plus transmettre les données de terrain pour estimer le nombre de loups». Voilà donc que les personnels rejoignent la décision des écologistes de juillet 2014. Pour les mêmes raisons?
Par voie de conséquence, il n’y a plus rien à donner à la machine qui fournit le nombre de loups: «pas assez d'information pour calculer ce nombre»
Eric Marboutin, chargé du suivi loups et lynx précise devant le Groupe National Loup que: «vu l'augmentation du nombre de meutes, il était très probable que les effectifs aient aussi augmenté, mais de combien précisément je ne peux le dire pour l'instant (+ quel effet des prélèvements?); certains disent que parce que les attaques ont augmenté de 5% (2015/2014 = 2428/2305) alors c'est que le nombre de loups a augmenté pareillement; je suis réservé car certaines années le nombre de loups a augmenté plus vite que le nombre d'attaques».
Il ressort de ces informations que:
1/ il n’y aura pas d’évaluation du nombre de loups pour 2015 et 2016, ce qui n’a pas empêché de fixer un nombre de loups à prélever
2/ Les syndicats de personnels s’alignent sur les écologistes, ce dont nous avions connaissance depuis longtemps
3/ Il n’y a manifestement pas de patron au sein de l’ONCFS. Chacun fait un peu ce qu’il veut. Nous pouvons d’ailleurs, à cet égard, nous rappeler certaines pratiques des personnels du Parc National du Mercantour.
Louis Dollo, le 13 juillet 2016
En définitive, nous avons une évaluation du nombre de loups en France, tout aussi farfelue que les années précédentes. Selon l'ONCFS: "En première approximation, la modélisation de cette nouvelle donnée correspondrait à un effectif total estimé en sortie d’hiver 2015-2016 entre 214 et 370 individus, pour une valeur moyenne la plus probable de 292 loups. Si on y rajoutait les 33 animaux prélevés légalement entre les mois de mars 2015 et 2016, on obtiendrait environ 325 loups, à comparer au chiffre de 333 prédit en 2015 hors prélèvements par un modèle de croissance ajusté à la série de données des effectifs totaux (période 1993-2015)."
Pour brouiller les pistes, on passe d'une évaluation en année civile en années chevauchées de mars à mars (12 ou 13 mois???) En minimisant le nombre de loups, l'ONCFS tente de limiter le nombre de prélèvements légaux. Si l'effectif et si stable c'est peut-être parce que les prélèvements illégaux sont efficaces. Mais, vu le nombre prédations officielles également minimisées en 2016, il reste encore trop de loups dans les zones d'élevage.
Louis Dollo, le 2 septembre 2016