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Les organisations agricoles officielles aussi disent non - même si c’est avec une certaine ambiguïté - au Manifeste hypocrite de la Commission européenne sur la «coexistence» avec les grands carnivores écrit par l'autoréférentielle LCIE (chercheurs partisans pro loup, pro ours, pro lynx et WWF). En France, les organisations agricoles officielles et les acteurs ruraux et de montagne ont adopté une position commune qui demande expressément à ce que le statut anachronique d'«espèce super protégée soit modifié. Mais il faut changer la Convention de Berne.

La «coexistence», la «cohabitation» présuppose qu'il y ait une volonté de la part des deux partenaires de la relation, sinon ce n'est pas de la cohabitation mais un viol permanent. La «cohabitation» avec les grands prédateurs est imposée par la technocratie verte, par une nouvelle forme d’autoritarisme biopolitique, de contrôle social et territorial ("par nature sauvage interposée") qui nous renvoie à d’autres époques, rétablit le servage et justifie l'impossibilité, pour ceux qui sont porteurs d'intérêts légitimes, de les faire valoir démocratiquement.

Les décisions sont prises par une technocratie qui ne répond à personne, où le «droit divin» a été remplacé par une «nécessité écologique» de même valeur théologique, tout aussi irréfutable et tout autant confiée à l'interprétation d'une caste sacerdotale qui considère les «laïcs» avec le plus grand dédain. Dans le cas de la gestion des grands prédateurs, c’est au lobby de la LCIE (large carnivores initiative Europe) que la technocratie de Bruxelles (la DG Environnement) a demandé d’écrire la politique européenne pour les espèce concernées (ours, glouton, chacal, loup, lynx et espérons que la liste ne s’allonge pas).

Le LCIE est un lobby capable d'influencer la Commission européenne en sa faveur comme tous les pouvoirs forts, capables d'exclure du processus décisionnel les misérables ayant des intérêts connus, les bergers, les éleveurs, les montagnards. Capable d'écrire, en pleine autosuffisance, les règles de «cœxistence» entre prédateurs et proies domestiques et de dicter aux éleveurs les méthodes pour défendre leurs animaux, les méthodes de pâturage, sans tenir compte ni de ce qu'ils disent, ni de ce qu’ils pensent, ni de leurs intérêts, sans écouter leurs représentants, les organismes techniques et de recherche du secteur, les experts du coté pastoralisme. Plus l'UE introduit des références ronflantes aux principes de démocratie, participation, subsidiarité, plus elle instaure dans sa pratique le retour à une forme d’absolutisme. Dans le cas du conflit autour des grands prédateurs la farce est évidente: plus on parle et plus on écrit sur «l’implication des populations et des acteurs concernés» et plus on avance dans le sens de confier à la LCIE d'écrire les règles du jeu.

- Cohabitation» ou viol permanent?

La «coexistence» entre prédateurs et animaux domestiques est supposée par la LCIE comme étant à priori toujours possible et partout. Le truc est simple: celle-ci ne tient compte que d’elle-même et ignore informations, statistiques, évaluations, études du coté du pastoralisme, mais aussi celles officielles qui montrent comment cette situation, dans de nombreuses régions d'Europe, a des coûts prohibitifs pouvant compromettre à moyen et long terme la soutenabilité économique et sociale des systèmes d’élevage.

En l'absence d'une profonde révision de tout ce qui concerne le régime de protection des ours et des loups, il ne peut y avoir aucun rééquilibrage, aucune possibilité de réduire efficacement la pression de prédation par un contrôle de la part des autorités publiques des populations de prédateurs et la mise en place de moyens de défense active (aussi avec usage des armes). Depuis des années, le lobby des grands carnivores (en particulier celui du loup) recueille des dizaines de millions pour «démontrer» que la cohabitation entre élevage et grands prédateurs est possible. La «démonstration» se base sur l’aphorisme de Goebbels: "Un mensonge répété trois fois devient une vérité". En réalité, avec tant de projets LIFE, comme LIFE COEX, nos braves lobbyistes (en se remplissant les poches) ont produit mais non pas trois, mais trois cents rapports, dépliants, brochures, congrès dans lesquels on «explique» qu’avec des chiens de garde et des clôtures électriques (et peut-être même avec la présence 24h sur 24 du berger, le nouveau serf de la glèbe) "on résout le problème".

En réalité l'efficacité de la propagande, puisqu’il s’agit bien de pure et authentique propagande, repose aussi sur un autre facteur: celui qui raconte une autre histoire, qui a un autre son de cloche doit être réduit au silence. Ce ne sont pas les méthodes de la Gestapo ni du KGB, mais des méthodes plus subtiles: manque d'accès aux médias, manque de ressources, délégitimation et raillerie en mettant à profit la machine de l'hégémonie culturelle urbanocentrée et les faveurs de l’intelligentsia du régime qui fournit volontiers à ces opérations anti-démocratiques et anti-sociales l'étiquette de progressisme (c’est d’ailleurs sur cette équivoque que se base le pouvoir post-moderne).

- La double stratégie écolo-animaliste: aile scientifique et aile militante

La LCIE représente le coté «scientifique» du font écolo-animaliste, elle doit soutenir la fiction de la "cohabitation possible". Mais les lobbyistes de la LCIE savent bien (même s’ils ne l’admettent pas en public) que les "moyens de défense passive" ne sont pas suffisants et ne sont pas assez efficaces. Ils savent très bien que les prédateurs apprennent vite à contourner les défenses (comme le montre les attaques à l’intérieur des enclos, les chiens de protection blessés et tués par les loups). La vision «naturaliste» que les représentants scientifiques du front écologiste habillent d’argumentation scientifique, plus ou moins confortable, est basée sur un noyau idéologique (si ça n’est parareligieux). Le loup/ours doit être «super protégé» parce qu’il représente beaucoup plus qu’une espèce importante dans l’écosystème: il est -dans les propos des lobbies écologistes - une "espèce charismatique", une «espèce drapeau», une «espèce parapluie». Concepts qui ont un rapport vague avec de vrais éléments de rationalité scientifique et avec l’écologie.

Ceux qui ne se préoccupent pas de garder un masque de respectabilité scientifique parlent ouvertement du "loup/ours en tant que symbole de la revanche de la nature sauvage". C’est une revanche qui cache une rancoeur nihiliste à l’égard de la présence des communautés humaines qui viole la wilderness. Ces «prêtres» ne remettent pas en question le "dérangement anthropique" des mégalopoles qui dévorent de l’énergie et des ressources non renouvelables et rendent difficile si ça n’est impossible le recyclage naturel de la matière. Non. Ils voient dans l’homme berger, bûcheron, chasseur, de montagne le «dérangement», l’usurpateur, l’élément «abusif». Il aime gagner facilement, s’en prendre aux faibles.

Les groupes les plus militants soutiennent explicitement que les bergers, les éleveurs doivent être éliminés sur la base de l’éthique animaliste végan. Il n’est pourtant pas difficile de se rendre compte que:

1 - derrière l'imposition d'une pression de prédation insoutenable il y a - de la part des écologistes «modérés» et de la composante scientifique (qui affirme que "la nature se rééquilibre toute seule" et que l’homme et les animaux sont un «dérangement» pour l'écosystème), le même désir de purification ethnique que celui qui s'exprime avec plus de hardiesse chez les organisations plus radicales;

2 - les campagnes en faveur du loup et contre la consommation de viande d’agneau ne remettent pas en question et ne nuisent pas au business industriel mais au maillon faible de la chaîne, à savoir les petites exploitations paysannes et pastorales, qui sont mises hors jeu en faveur du monopole du système agro-alimentaire. Est-ce que quelqu’un aurait encore des doutes sur le fait que le "retour de la nature sauvage" d'un coté et la politique des OGM, de l’accaparement des terres, de l’empoisonnement «soutenable» de la nourriture, de l’eau, de la terre, de l’autre coté, ne sont que les deux faces de la même médaille?

- La réalité des faits et pas des lamentations et des pleurnicheries

En soutenant tout ça il ne s’agit pas de tomber dans les «lamentations» auxquelles le monde agricole est accusé de s’adonner. Parlons des faits, ne faisons pas de pleurnicheries. En janvier 2013, un séminaire a eu lieu à Bruxelles, y ont participé aussi des représentants des bergers, des agriculteurs, des chasseurs . Le 5 décembre, dans un séminaire ultérieur, il n’y avait que des représentants du COPA, c’est à dire des organisations professionnelles agricoles officielles. Pour l'Italie il n'y avait que Domenico Mastrogiovanni de la CIA ( Confédération italienne des agriculteurs ) pour représenter «l'autre son de cloche». Vraiment léger, parce que coté écologiste (entre les écologistes en service permanent et ceux en habits de scientifiques et de dirigeants des organismes publics, autant si ça n’est plus caractérisés par leur orsolupophilie que les premiers) c’est toujours très bien représenté.

Parmi les noms des participants italiens se distingue la famille Boitani (Luigi Boitani est le gourou de la lupologie européenne, le «papa des loups» incontesté ), Groff (le «père des ours du Trentin» et dirigeant de la province autonome de Trente ) et puis il y avait les huiles du Parc de la Majella, de Legambiente et Salvadori, une autre universitaire élève de Boitani.

Voici la liste:

Les raisons de la manoeuvre pour limiter la représentation de l’«autre son de cloche» au COPA sont faciles à comprendre: le COPA représente aussi (et surtout) l'agriculture industrielle et polluante qui fait le plein de primes de la PAC et qui est certainement beaucoup plus «souple» que les organisations représentant l'agriculture paysanne, l’agriculture de montagne, et le pastoralisme. Ces derniers sont les parties prenantes souvent faibles et qui se trouvent directement confrontées aux grands carnivores. Traiter avec les premiers, qui n’ont certainement pas envie d'entrer trop en conflit avec la Commission, est beaucoup plus intéressant pour les écologistes.

En France, en Italie, et en Espagne (et pas seulement ) la situation est chaque jour plus chaude

L’année dernière, ces derniers mois, ces dernières semaines, quelque chose pourtant a changé. On a l'impression que la situation est en train d’échapper aux stratèges de la LCIE, aux apprentis sorciers, aux démiurges d'un monde re-naturalisé où prédateurs, super prédateurs, charognards, proies jouent dans le Théâtre de la nature, un théâtre où l'homme (celui qui travaille avec la nature pour gagner sa vie) est viré, et ce sont eux qui interviennent, deus ex machina, les nouveaux dieux, les super hommes qui tirent à distance les ficelles des acteurs du théâtre, c’est à dire les populations de leurs chouchous en chair et en os et fourrure . Ils ont tellement bien appris à utiliser les colliers radio, les gps, les pièges photographiques, les puces et engins du genre, pour transformer le Sauvage en leur Créature hybride (entre technologie et «nature») que peut-être qu’ils se sont un peu trop gonflés à bloc. Pendant ce temps les bergers, les éleveurs, encore trop nombreux et vifs (le coté écolo-animaliste aurait souhaité que le conflit explose dans quelques années) ont décidé de livrer bataille. Et ils ont trouvé des sympathisants. (La Spia della Maremma).

En France, un groupe relié à la Confédération Paysanne, la Fédération Nationale Ovin , la FNSEA, Jeunes Agriculteurs et des associations ( Eleveurs et Bergers du Vercors; Eleveurs et Montagnes; Solidarité pastorale; Le Cercle; Fédération des Acteurs Ruraux, l'Association des Bergers de Provence et des Alpes du sud; l’Association des pâtres de haute montagne) ont rédigé une déclaration commune qui ne laisse aucune place à l'ambiguïté: "Nous devons changer le statut d’espèce protégée du loup".

- Dans ce communiqué il est dit que:

"L'État est dépassé par la situation tant dans les zones de présence historique où les attaques explosent que dans les nouvelles zones qu'ils colonisent jour après jour. Seule une modification de la législation européenne, et plus particulièrement une révision de son statut dans la directive Habitats, lui donnera une chance de gérer cette population. Le plafond de 24 prélèvements pour la saison 2013-2014 était déjà insuffisant pour enrayer l'explosion démographique et géographique des loups en France. Seuls sept loups ont finalement pu être prélevés sur les 71 autorisations pourtant délivrées en 2013. En plus d'être la plupart du temps impossibles à réaliser, ces prélèvements sont sans cesse attaqués juridiquement. Aussi, malgré la mise en place de moyens de protection, plus de 6000 bêtes sont encore tuées chaque année. Les éleveurs sont à bout car si rien ne change ils se savent condamnés. Il y a donc urgence à modifier le statut de l'espèce dans la convention de Berne et la Directive Habitats pour sortir de l'impasse d'une cohabitation impossible entre loups et pastoralisme.

Nous demandons une réunion de crise avec les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture pour faire modifier les textes européens et internationaux. l'Environnement et de l'Agriculture de modifier les textes européens et internationaux"

Malheureusement il faut noter que la référence à la directive Habitats (voulue par la FNSEA qui représente la France au COPA ) ne va pas dans les sens des associations des parties prenantes qui pensent au contraire qu’il est nécessaire de se concentrer sur la révision de l'article 22 de la Convention de Berne (ce qui est aussi demandé par le Parlement suisse ). La révision de la directive Habitats risque d'attirer les forces qui veulent défendre le pastoralisme et la ruralité dans un bourbier de débats sans fin pendant 10 ans en laissant pourrir la situation, c’est à dire en laissant le pastoralisme être de plus en plus à la merci des grands prédateurs (ce que veulent les écolo-animalistes).

Ce qui laisse aussi des inquiétudes est cette référence à la «compensation» , à la monétisation des dommages que les associations du pastoralisme rejettent. Le COPA pense acheter l'acceptation sociale de la présence des grands prédateurs (et de l'impossibilité de s’y opposer activement) avec des formes ultérieures de rémunération. Peut-être que s’insinue l'idée de subventionner des élevages paratonnerres destinés à répondre aux besoins alimentaires des grands carnivores pour "atténuer le conflit". Mais les bergers n’accepteront jamais d'élever des animaux pour se les faire dévorer par des ours et des loups.

- Et en Italie?

Ces derniers mois, en Maremme, au sud de la Toscane, une dizaine de carcasses de loups ont été exposées sur la place et le long des routes comme des actes de protestation par rapport au désintérêt pour la gravité des dommages que subissent les éleveurs à cause des loups. Les trois principales organisations ont donc lancé une campagne de communication sur un ton anormalement décidé "en soutien à la lutte contre les prédateurs des troupeaux". Des paroles fortes mais jusqu’à quel point correspondent-elles à la volonté de se ranger ouvertement avec les bergers, et demander la révision de la Convention de Berne et le lancement d’un programme de contrôle du prédateur?

Quelques doutes sont permis du moment que, justement dans la province de Grosseto, les organisations agricoles ont participé (en partageant le gâteau) à IbriWolf, un projet à hauteur de millions pour convaincre que les «mauvais» ne sont pas les loups mais les hybrides et les chiens errants. En réalité les loups sont tout autant opportunistes que les «hybrides» et reporter sur eux la prédation (et les comportements toujours moins craintifs à l’égard de l’homme) est encore la même manoeuvre rusée de propagande menée avec l’aval de ces organisations qui, sur le papier, devraient protéger les éleveurs.

Si aujourd’hui ce "trio des champs" utilise une parole forte, elles le font peut-être plus par peur que leur base ne les plaque pour tendre à s’organiser en dehors des structures de représentation institutionnalisées.

En tous cas, face au Manifeste sur les grands carnivores de la Commission Européenne, qui maintient le statu quo et prévoit une «acceptation» de la présence des grands prédateurs des plus consensuelles, même la Coldiretti a choisi, comme la majeure partie des organisations du COPA, une position fortement critique. Il était temps.

Mais les limites de cette attitude sont évidentes. La Coldiretti en particulier demande la révision de la Directive Habitats en fonction de l’article qui autorise des «dérogations. C’est à dire qui consent, avec un processus confus (autorisations préventive du Ministère de l’écologie), un contrôle limité du loup (ou de l’ours) au cas où l’on constate de graves dommages économiques ou de graves déséquilibres dans les populations de la faune sauvage. C’est au contraire de la Convention de Berne qu’il faut partir, pour démanteler ce château législatif mis en place par la stratégie écolo-animaliste.

Dans tous les cas il vaut mieux des prises de positions critiques tardives de la part des organisations agricoles par rapport à l’attention tellement insuffisante qu’on accorde à ce problème.

Nous pourrions en effet nous demander: "où étaient les organisations agricoles les décennies passées quand le lobby des grands carnivores a fabriqué les conditions pour leur «revanche»? Pour le moins distraites. Trop longtemps les organisations agricoles sont restées inertes sur la base d’un «pacte scélérat» tacite avec le front écolo-animaliste: "Vous, ne nous cassez pas les pieds sur le front économiquement plus juteux des primes de la Pac, sur l’agriculture polluante super intensive et peu soutenable, l’utilisation de pesticides, et nous, nous vous laissons carte blanche pour la gestion des Parcs et de la faune". Ce pacte a permis au front écolo-animaliste de gagner beaucoup de positions stratégiques. De plus: cette position opportuniste a permis de cautionner la thèse du lobby des grands carnivores au sujet de l’acceptation de la part du monde agricole de l'expansion numérique et géographique des prédateurs.

Les récentes positions de la Coldiretti au sujet des Parcs sont éclairantes: elle ne demande pas une révision du concept de «zones protégées qui ont créé tant de contraintes aux petites activités agricoles, forestières et pastorales. Elle ne demande pas assez effrontément de faire plus de place aux organisations agricoles, elle demande des fauteuils (et la répartition du gâteau des financements que les Parcs continuent de recevoir alors que les administrations territoriales ont les caisses vides)

Mais aujourd’hui nous sommes à un virage. Le conflit social devient dur et les organisations agricoles ne peuvent plus maintenir leur positon opportuniste et commode qui ménage la chèvre et le chou.

La situation échappe à tout le monde: aux patentés écologistes comme à ceux agricoles qui ont laissé aux premiers de vastes zones de "pâturages réservés".

- Nous sommes à l'heure des comptes

Face au Manifeste de la Commission les marges de marchandage sont nulles ou presque. Ce sont les organisations agricoles qui ont fait croire à la DG environnement, au monde écolo-animaliste qu’ils pouvaient agir avec autoréférentialité. Aujourd’hui il ne leur reste plus qu’un choix: ou ils rejettent le Manifeste, refusant de jouer le jeu de la Commission et des écologistes qui ne pourraient plus soutenir la thèse de la «consensualité», ou ils se font désavouer par les parties prenantes qui, toujours plus fréquemment, doivent se confronter à la pression de prédation et aux impacts indirects de la présence des grands prédateurs.

Les critiques du Manifeste de la part du COPA et de la Coldiretti (voir le communiqué intégral) sont lourdes. Elles soutiennent que le document ne tient compte que des exigences de la conservation (mais il faudrait parler d’expansion) des grands prédateurs sans la moindre allusion à la pression économique que ces animaux créent dans les zones agricoles et rurales. Elles contestent la situation actuelle qui voit la gestion en la matière confiée uniquement aux acteurs concernés par la protection des prédateurs et rappellent à ceux qui font le sourde oreille que la contraction des activités d'élevage extensif et pastoral, induite par une pression de prédation croissante et insoutenable, porte en elle le risque d'extinction de nombreuses populations autochtones d'animaux domestiques à diffusion limitée pour lesquels il est prévu un engagement précis de protection sur la base de l'adhésion de l'Italie et de l'UE à la Convention pour la biodiversité. Deux poids, deux mesures, évidemment.

A ce sujet, vu que pour la DG Environnement et que du coté écolo-animaliste on ne peut renoncer au statut de super protection du loup (et on ne peut pas non plus discuter le monopole conservationiste sur tout ce qui concerne la prévention des dommages et la gestion des prédateurs), il ne restera aux organisations agricoles européennes qu’à rejeter le Manifeste. Si elles ne le font pas, si elles poursuivent d’impossibles compromis, elles se prêtent au jeu du lobby des grands carnivores qui n’attend rien d’autre que de légitimer son autoritarisme, l'imposition antidémocratique de l’éco-pouvoir technocratique caché derrière la feuille de vigne de la «consensualité». Le monde agricole doit faire savoir à la Commission, au Parlement, à l'opinion publique que la politique de réintroduction des grands carnivores est menée avec sa ferme opposition. Il doit faire savoir que ce qui se perpétue est un abus social d’une minorité aguerrie et arrogante (d’avantage poussée par des intérêts économiques et de pouvoir que par «amour de la nature») contre des millions d’éleveurs, de bergers et d’habitants des zones rurales et de montagne.

Auteur: Michele Corti
Source: Ruralpini du 6 mars 2014