L'association FERUS issue de la fusion des associations ARTUS (pour l'introduction d'ours) et du Groupe Loup France prétend, sans doute à juste raison, être "la première association française par le nombre de ses adhérents à regrouper de façon spécifique les défenseurs de l'ours et des autres grands carnivores présents dans notre pays." (1)
En dehors du fait que cette association reconnaisse enfin que l'ours fait partie des carnivores, notion toujours réfutées par les défenseurs du plantigrades quoique ce fut le titre officiel du programme LIFE (2) pour la première introduction 1995-2000, elle reconnaît également que "dans les Pyrénées, les mois qui ont accompagné et suivi les nouveaux lâchers d'ours de 2006 nous ont permis de constater qu'il manquait cruellement de personnes sur le terrain pour informer les habitants, mais aussi les touristes."
Voilà une nouvelle preuve de la faillite d'un comportement tendant à imposer un point de vue et des contraintes de vie à une majorité de la population par une minorité avec, selon divers rapports parlementaires, l'aide de fonds publics conséquents dénoncés sans succès à de nombreuses occasions notamment par les députés et les élus de la montagne (ANEM) quelque soit la couleur politique.
Pour tenter de trouver un appui local et redorer son blason quelque peu terni depuis plusieurs mois par de nombreuses prédations et le positionnement de tous les candidats aux dernières élections, FERUS va lancer une campagne d'information du 14 au 28 juillet pour "informer la population locale et les touristes sur l'ours mais aussi recueillir le ressenti des personnes présentes même temporairement dans les Pyrénées. "Elle précise également qu'elle veut" lutter contre la désinformation organisée et sponsorisée par certains élus opposants à l'ours mais aussi sur les sentiers de randonnée pour informer notamment sur l'attitude à adopter lors d'une rencontre avec l'ours ou, bien plus probable, avec un troupeau gardé par des chiens patous."
Chez les éleveurs il est rappelé que "nous n'avons pas attendu FERUS pour faire de l'information du public au travers les fêtes locales et les transhumances". Un éleveur, ayant deux chiens de protection dans une zone touristique, nous précise même que "même avec une information j'ai dû retirer mes chiens car les touristes et randonneurs ne pouvaient plus se balader ni même monter au refuge." Quant à l'attitude à avoir face à un ours, les exemples d'expériences sont diverses mais n'inspirent guère les touristes et les familles avec enfants. Une mère de famille de Tarbes nous dit "je n'ai pas envie qu'il arrive à mes gosses ce qui est arrivé à ce gamin américain de 11 ans. "Pas rassuré la dame et il est peu probable que les discours de volontaires associatifs venus d'ailleurs soient de nature à faire changer les opinions.
Du côté des associations pyrénéennes, il est rappelé qu'elles vont s'organiser autour de l'ADDIP qui va les fédérer. Une réunion est prévue le jeudi 21 juin prochain. Dans les Hautes-Pyrénées, les éleveurs avec leurs organisations professionnelles (Chambre d'Agriculture, Jeunes Agriculteurs, FDSEA) et le soutien de l'ASPP 65 et les élus locaux (maires et conseillers généraux qui envisagent de prendre des délibérations pour le retrait immédiat de franska), se réunissent mercredi 20 juin pour décider de diverses actions notamment à l'encontre de Franska qui perturbe sérieusement les vallées depuis un an. (3)
Les réactions locales ne se font pas attendre. En Ariège la réponse "au parachutage d'écobénévoles choisis par Férus, l'ASPAP a choisi de laisser les hommes et les femmes
des Pyrénées parler, raconter à tous, résidents permanents ou de passage, notre vie dans ces montagnes, et toute cette peine que la présence de l'ours nous oblige à supporter."
(Voir le communiqué de l'ASPAP)
Dans les Hautes-Pyrénées, Claude Vielle, responsable de la commission pastoralisme de l'ASPP 65 nous
dit: " Le bénévolat pendant 8 jours, ça passe encore. Et encore on verra. Les éleveurs devraient en faire (du bénévolat) pendant tout l'été: garder les troupeaux, nourrir les
patous (pour qu'ils ne mangent pas les promeneurs), et avec le sourire puisque c'est pour la bonne cause. Et si les gens de FERUS se portaient bénévoles pour venir garder les
bêtes pendant que nous faisons les foins. Faudra revenir tous les ans. Ils pourraient ensuite parler en connaissance de cause et les éleveurs pourraient lire les mêmes livres
qu'eux sur l'ours. Le dialogue serait enfin possible."
Du côté des éleveurs de l'Ouzoum, membres de la Fédération Transpyrénéenne des Eleveurs de Montagne,
"les situations il faut les vivre sur le terrain. Sur Internet derrière un écran d'ordinateur ou en écrivant sur du papier glacé c'est facile d'en parler"
Et cet éleveuse du Pays Toy nous dit sur le ton de l'ironie: "l'écologie ne s'apprend pas dans les livres...."
Il est vrai que pour des militants habitués à battre la pavé des villes, les chemins caillouteux et les pelouses des estives pyrénéennes, c'est autre chose... "Qu'ils y
viennent" dit cet autre avec le sourir. "Plus ils seront nombreux, plus ils effaroucheront l'ours." Voilà une technique à retenir...
Autant dire que le dialogue entre les militants de FERUS et les populations locales n'est pas pour demain comme en témoigne la réaction de cette éleveuse du haut Adour sollicitée pour dialoguer prochainement avec un élu européen "Vert" à Bagnères de Bigorre ".. Je n'ai pas de temps à perdre avec des gens qui ne connaissent rien et qui vont camper sur leurs positions" d'autant que toutes les énergies sont actuellement mobilisées pour la fenaison et surveiller les troupeaux du Tourmalet où rôde, une fois encore, un ours. "Mieux vaut les ignorer, les pro-ours, ça évite les conflits" résume l'état d'esprit général.
Cet après midi, le brouillard est tombé sur le pays Toy. Les brebis sont calmes mais nous savons qu'un ours n'est pas loin (Très probablement Franska). Quoi faire? Qu'il attaque ou non "nous ne le verrons jamais avec ce temps et on ne pourra rien y faire." Pourtant, France 3 est sur place, des affichettes d'information ont été posées dans tous les lieux publics de La Mongie et Barèges... mesure dérisoire. On ne voit rien mais... en cas d'accident les maires sont responsables de ne pouvoir rien faire.Et les touristes, face à la caméra, ne cachaient pas leur réprobation à cette introduction.
En définitive, le meilleur moyen de rencontrer un ours sans problème reste la visite d'un parc animalier pyrénéen.