Projet d'introduction d'ours dans le Parc Naturel Alt Pireneu?
Alors qu’en France la communication officielle et environnementaliste se fait sur la base de 22 ou 23 ours dans les Pyrénées plus 3 oursons découverts plus récemment, soit 25 ours à début 2013, le discours est bien différent en Espagne ou plus exactement en Catalogne. Selon un communiqué du gouvernement catalan repris par l’agence Europa Press le 13 août 2012: "Les experts calculent qu’il y a actuellement une trentaine d’ours, tous descendants de huit plantigrades slovènes - six femelles et deux mâles - qui furent relâchés en 1996, 1997 et 2006".
Le 20 mars 2013, «le Département de l’Agriculture, de l’Elevage, la Pêche, l’Alimentation et du Milieu Naturel vient de présenter à Llavorsi, dans le Parc Naturel de l’Alt Pirineu, les résultats du suivi de l’ours brun pour l’année 2012». Au cours de cette conférence de presse, il a été présenté un poster et des brochures sur lesquels «on peut voir les 12 ours bruns habitués à vivre dans le milieu du Parc». Ce qui signifie qu’il existe bien plus d’ours que ce qu’on veut bien nous dire en France et que pratiquement la moitié de ceux-ci sont dans un le parc de l’Alt Pirineu en Catalogne Sud.
Au-delà de ce constat, nous apprenons que la Catalogne, confrontée à de nombreuses difficultés financières, envisage de développer un tourisme autour de l’ours avec un intérêt, non pas écologique lié à la biodiversité, mais un intérêt touristico-financier. L’ours devient ainsi un vecteur de captation de subventions essentiellement européennes. Nous rejoignons là, une démarche déjà entreprise et avortée dans le massif Cantabrique il y a environ deux ans.
Nous proposons ci-dessous des communiqués, articles de presse et analyses de la situation par Bruno Besche Commenge. Il est évident que si un noyau d’ours d’origine slovène se développe dans ce secteur de catalogne, ces animaux n’étant pas parqués, ils ne manqueront pas de déborder sur les vallées pyrénéennes françaises et, à terme, s’implanter de manière durable en France. Nous pouvons également remarquer que les efforts financiers assurés par la France ont été fait pour assurer des ours en Espagne. Curieuse situation… en définitive très européenne.
Le Département de l’Agriculture parie sur la mise en valeur des territoires de présence de l’ours afin que justement en bénéficient les zones qui cohabitent avec lui.
Aujourd’hui [Ndr: 20 mars 2013]le Parc Naturel de l’Alt Pirineu a rendu public le poster édité par le Département avec les photos des 12 ours bruns qui vivent habituellement dans les environs du Parc. Il sera vendu comme produit d’appel touristique dans les commerces de la zone.
Le Département de l’Agriculture, de l’Elevage, la Pêche, l’Alimentation et du Milieu Naturel vient de présenter à Llavorsi, dans le Parc Naturel de l’Alt Pirineu, les résultats du suivi de l’ours brun pour l’année 2012. Il en a profité pour présenter aussi un poster qu’il a fait éditer, pour en expliquer les objectifs et la diffusion. Dans ce poster et les brochures qui ont été rédigées on peut voir les 12 ours bruns habitués à vivre dans le milieu du Parc. La présentation a été assurée par le Président du Conseil directeur du Parc (PNAP), Agustí López, le directeur général du Milieu Naturel et de la Biodiversité, Antoni Trasobares, et le chef de service de la Biodiversité, Jordi Ruiz.
Antoni Trasobares a expliqué la ligne budgétaire ouverte par le Département de l’Agriculture pour la prévention des dommages que pourrait occasionner l’ours. Concrètement il s’agit du programme d’aide auxéleveurs et propriétaires de ruches qui pourraient être affectés par l’action prédatrice de quelque ours brun. Outre le paiement de ces dommages, existe depuis plusieurs années un programme d’aide aux éleveurs et propriétaires afin qu’ils regroupent leurs troupeaux, puissent appliquer les mesures effectives de protection et de surveillance lorsque les bêtes pâturent dans les zones de présence de l’ours, dans l’objectif de faciliter la conduite des troupeaux. En même temps est mené à bien le programme de contrôle et entretien des clôtures électriques installées pour protéger les ruches.
Ces dernières années plus particulièrement, le Département a travaillé avec le secteur primaire pour arriver à faire baisser au maximum les effets négatifs de l’ours brun avec pour résultat moins d’une tête de bétail prédatée par l’ours au cours de cette période (1).
Il s’agit donc d’assurer la conservation de l’ours brun à la fois comme élément de notre biodiversité à récupérer et élément dynamisateur de notre territoire. En ce sens, le directeur général du Milieu Naturel et de la Biodiversité a explique que «la cohabitation avec les habitants du territoire doit se faire, tout en respectant leurs traditions et leur donnant les moyens pour que coexistent leurs activités et la présence de l’ours».
Le Département de l’Agriculture, de l’Elevage, la Pêche, l’Alimentation et du Milieu Naturel est chargé du suivi de l’ours brun dans les Pyrénées catalanes. Au Val d’Aran c’est le Conseil Général qui s’en charge. Il s’agit principalement du suivi et de la validation des traces telles qu’empreintes, griffures, excréments ou litières, du suivi radiométrique des ours, des pièges pour récolter des poils, et des photographies. Il faut ajouter le nombre remarquable d’observations directes qui ont eu lieu au cours de cette année.
Le département a édité un poster où l’on peut voir représentés les douze ours bruns vivant habituellement dans le milieu du Parc. Il est accompagné de livrets, et l’ensemble représente un pas en avant dans l’acceptation et la valorisation de l’ours comme espèce protégée et représentative qui a trouvé son habitat dans le Parc naturel. Le poster, promu par le Parc, bénéficie du soutien du Conseil Comarcal du Pallars Sobirà, de la municipalité d’Alt Àneu, de l’EMD (2a) d’Isil et Alos, de la municipalité d’Alins, EMD d’Àreu, des syndicats d’initiative des vallées d’Àneu et de l’Alt Pirineu, de la Fédération ovine et caprine de Catalogne (FECOC), de l’Association des éleveurs ovins et caprins e l’Alt Pirineu, de la Fondation Ours Brun, et des associations environnementalistes Acció Natura et Depana.
Pour l’instant on peut acheter poster et livrets au siège du Parc, ils seront bientôt disponibles dans différents commerces de la zone du Parc au prix de 3 € pour le poster et 0,50 € pour les livrets. (2b)
21 mars 2013 – Généralité de Catalogne – Communiqué de presse
Traduction: B.Besche-Commenge ASPAP/ADDIP
(Lire en parallèle mon analyse de la situation
«La grande prostitution des ours en Catalogne … et ailleurs»)
(1) Note du traducteur: de rares exploitations agricoles «devenues aujourd’hui simplement les témoins du passé» indiquait en 2010 une étude géographique à propos de l a zone pyrénéenne catalane: Carles Guirado González, Antoni F. Tulla i Pujol, Entre l'abandonament i l'ús intensiu del territori? Sistema d'assentaments i gestió del territori en espais de muntanya. El cas de l'Alt Pirineu Català, Documents d'anàlisi geogràfica, ISSN 0212-1573, Vol. 56, Nº 3, 2010 , págs. 607‐623
(2 a et b) Note du traducteur: EMD = Entitat municipal descentralitzada, il s’agit de noyaux d’habitats disposant d’élus et de droits de gestion spécifiques à l’intérieur d’une municipalité de plein exercice, un peu comme en France les sections de communes. En général il s’agit d’anciennes communes aujourd’hui regroupées. La municipalité d’Alt Àneu, née à la fin des années 1960, compte deux EMB: Sorpe, et Isil-Alos. Ces deux dernières directement liées au Couserans et notamment aux estives de Couflens – Salau où, venus d’Espagne, les ours commettent d’incessantes attaques malgré bergers et patous. La municipalité d’Alins est elle directement reliée à Auzat et au Vicdessos (j’ai corrigé l’erreur du communiqué de presse qui écrit EMD d’Àneu alors qu’il s’agit d’Àreu). Voir carte ci dessous.
Ellipses noires: Versant catalan municipalités et EMD concernées, versant français estives limitrophes.
Tirets de couleur: les chemins et sentiers de randonnée figurant sur la carte. Pour ceux qui connaissent, et pour les ours, multiples autres passages possibles, certains faciles,
d’autres moins mais franchissables sans problèmes majeurs si l’on a l’habitude de la montagne.