Le Monde des Pyrénées

2006: Discussion autour des expertises

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Il semble que certains vétérinaires remettent en cause les conditions d'expertises des prédations de l'ours. Certaines images à la télévision sont suspectes aux yeux de certains. Qu'en est-il exactement? Quelle est la formation des experts? Qui fait des expertises? Quelle est la valeur technique et juridique de ces expertises de prédations de l'ours ou d'autres animaux?

- Exposé de la problématique des expertises de prédation de l'ours

Il arrive, parfois, que les expertises des prédations soient discutées.
Contestées?
Les éleveurs sont souvent pris le couteau à la gorge. Ils n'ont pas le choix. C'est cela ou rien. La discussion est donc limitée. Engager une procédure? A quoi bon. L'état est juge et partie: il expertise, il apprécie et il indemnise.
Les écologistes? De toute manière ils remettent toujours tout en cause. Ils discutent tout et ne croient jamais personne. Pour eux, par définition, un éleveur est un délinquant s'il n'adhère pas à une de leurs associations.

Néanmoins, il semble qu'il y ait des moyens de contestation sérieux.
Sans avoir approfondi le sujet, il faut constater que des vétérinaires remettent discrètement en cause la qualité des personnes en charge de l'expertise.
Actuellement ce sont des agents de l'ONCFS ou du Parc National des Pyrénées qui assurent cette mission parfois délicate auprès des éleveurs. Mais des vétérinaires, dont certains, chercheurs au CNRS, contestent leurs compétences. "Non, elles n'ont pas reçu la formation adéquate. En outre, seuls les vétérinaires sont habilités (surtout car ils engagent leur responsabilité contrairement à n'importe qui d'autre) par le code rural pour ce genre d'acte. Toute autre personne est passible normalement de prison pour exercice illégal de la médecine vétérinaire (hormis le propriétaire - sauf que dans d'autres pays, des éleveurs ont été poursuivis pour ce genre d'affaire...). On bafoue la loi et c'est pour cela que les statistiques françaises en la matière sont du n'importe quoi. Je défie quiconque de m'apporter la preuve de ces conneries de chiffres et surtout de démontrer à tous les coups ce qu'il avance quand il affirme que c'est l'Ours (ou toute autre bête d'ailleurs, y compris l'humain)... Que dirait-on si l'on faisait faire les autopsies humaines par des agents des impôts???"

Le ton est donné et ne donne pas dans la dentelle. Si les statistiques officielles de prédations clairement constatées et reconnues comme telles sont contestées, que doit-on penser des estimations ministérielles ou écologistes (on ne sait plus très bien qui est qui et fait quoi...) sur les morts et disparitions en estives hors prédations de l'ours reconnues.

Et l'homme de l'art poursuit: "Il n 'y a jamais de certitude même chez un vrai spécialiste... Alors chez ces agents, ça me fait franchement rigoler... On aime bien ces trucs dans la théâtralité mais la recherche de la vérité ce n'est pas de l'à peu près", c'est une démarche scientifique et policière..."

En sommes, nous ne sommes pas prêt de trouver des terrains d'entente et dans tout ça, c'est encore l'éleveur qui est tiré d'un côté et de l'autre.... Et qui fait les frais de toutes ces discordes.

- Exercice de la médecine vétérinaire

L'exercice de la médecine vétérinaire est réglementé par le code rural

L'établissement des causes de la mort (animal ou homme) se fait par autopsie et examens complémentaires.
Il est difficile d'imaginer que des personnes non formées puisse effectuer une autopsie dans les règles! Cela devrait être du ressort exclusif des professionnels.
Mais les "tolérances" sont nombreuses hors procédure judiciaire...
Autrement dit, dans le cas qui nous préoccupe de l'expertise des prédations d'ours, les professionnels, et exclusivement eux, ne sont commis experts que par les tribunaux:
Les "expertises" administratives sont beaucoup moins rigoureuses sur le fond sinon dans la forme (il faut toujours des kg de papiers...)
Pour en savoir plus sur les vétérinairesexperts...

Yves Lignereux Professeur à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Nota: De là à imaginer que les expertises administratives actuelles pourraient être remises en cause par l'une ou l'autre des parties...

- Discussion et informations diverses

Vétérinaires et juristes, si vous disposez d'un argumentaire concernant les propos ci-dessus, nous sommes preneur de toutes informations. - Merci

- Témoignage d'un professeur d'école vétérinaire

Une petite pierre que j'ai au fond de la chaussure depuis quelques mois

Lorsque le premier cas de mort de mouton "par ours" a été annoncé au printemps dernier aux informations télévisées (c'était fin mars ou début avril, sur TF1 ou sur la 2), on nous a montré le cadavre d'un mouton "victime de l'ours" affamé au sortir de son hibernation.

Qu'avons-nous vu?
Sur une paroi abdominale dépouillée, quatre trous bien nets, alignés, distants les uns des autres d'un petit travers de main.

Cela a été présenté au téléspectateur comme étant les traces des griffes de l'ours.

C'étaient en réalité des trous faits par la fourche qui avait dû servir à retourner ou à déplacer le cadavre.
Aucun délabrement, aucune hémorragie etc.

Cela en dit assez sur la pertinence et l'honnêteté des "expertises" lorsqu'elles sont menées par des éleveurs (à la fois juges et parties) et reprises (ou suscitées?) par des journalistes ignares, en mal de "scoops" et/ou peu préoccupés de déontologie.

Merci pour votre attention.

Mail reçu le 21 août 2006 de YY
Professeur à l'Ecole Vétérinaire de....