Forte suspicion d'une prédation d'ours au Moudang dans les Hautes-Pyrénées où 75 brebis ont été retrouvées mortes
Voilà déjà 3 jours que D S.... de Cadéac court la montagne pour retrouver ses brebis vivantes et mortes. Sur plusieurs milliers d'hectares, 2.200 brebis tarasconnaises de la famille pacagent en toute quiétude tout l'été sur la vaste estive du Moudang. Malheureusement, 75 d'entre elles ont été retrouvées mortes pour le plus grand bonheur des vautours dont plus de 200 d'entre eux s'étaient déjà réunis pour festoyer.
"Il faut s'attendre à plus de 80 brebis mortes mais il est difficile de tout retrouver sur une telle superficie" nous dit-il. "Déjà, il y a deux ans, Franska en avait tué 40". Un habitué de la prédation ursine. Et il parait que les prédations sont en baisse. Peut-être parce que tout est mis en oeuvre pour ne pas en parler.
Toute la problématique est d'apporter une preuve matérielle. Et s'il y a un doute, la reconnaissance est suspendue à la décision d'une commission d'indemnisation qui donne son avis. Après quoi, le préfet ou un sous-préfet décide en son âme et conscience. Et c'est parfois la loi de l'arbitraire qui s'impose comme à l'automne dernier à Bruges avec le sous-préfet d'Oloron qui, 15 jours après son parachutage en Béarn avait une "intime conviction" plus forte que celle de, ce qui est communément et respectueusement appelé "des experts".
Dans ce cas du Moudang, aucune trace. Normal, en montagne il n'a pas plu, le sol est sec. Rien ne permet de trouver une trace. Par contre, hier après midi, une brebis non consommée a été trouvée la poitrine ouverte et pelée. Une "opération" qui laisse à penser que seul un ours peut le faire. Dans tous les cas, ce n'est ni une maladie, ni la foudre.
On peut donc espérer que la reconnaissance de prédation sera assurée pour cet éleveur qui en est à plus 8.000 euros de pertes de jeunes bêtes destinées à la reproduction qu'il n'aura pas. Trois ans de travail perdu pour toujours, sans parler des 3 jours de recherches pour seulement une partie des bêtes accompagné d'amis venus l'aider.
Au final, et dans le meilleur des cas, seules les bêtes retrouvées mortes pourraient faire l'objet d'une indemnisation à minima. Si l'ours n'est pas reconnu coupable, il n'y aura aucune indemnisation. Quant aux journées de dérangement, seules celles de l'éleveur seront indemnisées à l'exception de son déplacement du domicile aux lieux de... travail. Quant au manque à gagner d'agnelages prévus pour la fin de l'année et qui constitue l'essentiel du revenu, il n'y aura rien.
Qui dira qu'ils sont bien indemnisés pour des journées de 5h du matin à 18 ou 19h le soir? Qui dira qu'il est préférable de laisser ses animaux à l'abandon pour toucher des primes et indemnisation?
"Impossible à appliquer" nous disent tous les éleveurs. La montagne n'est pas faite pour ça. Un troupeau de 2.200 brebis est éclaté en 400 petits troupeaux qui vont pacager dans des petites superficies. C'est d'ailleurs ce qui permet d'entretenir la biodiversité de nos montagnes. Une trop grande concentration par gardiennage entrainerait un surpâturage des zones les plus accessibles permettant une telle quantité de brebis. Et puis, ces races ne sont pas adaptées au stress d'un gardiennage permanent. Un regroupement est inadapté pour des raisons sanitaires mais également par le fait que ses brebis se nourrissent tard dans la nuit. Les parquer serait les priver d'une grande quantité de nourriture. "Tout ceux qui l'ont fait ça été une catastrophe" nous dit D.S...D'ailleurs, dans le cadre du Plan Loup dans les Alpes, Laurent Garde, du CERPAM, explique sur le site gouvernemental tout le mal que l'on peut dire de ces recommandations idéo-écologistes d'un ministère incompétent en matière d'élevage. Mais la Bible écolo-administrative existe, ce qui permet à Isabel Sanchis, de la DIREN Midi-Pyrénées, de réciter son bréviaire à chaque réunion sans jamais rien comprendre à ce qu'elle dit (Cf. Réunion de Salles et Arrens en 2007 suite aux prédations de Franska). Même face aux évidences de terrain notamment en estives sèches, la Bible du plan ours est supérieure à la réalité visible.
Pourtant, la situation évolue. Sur le site gouvernemental dédié au loup, Laurent Garde, du CERPAM, écrit en matière de prévention contre le loup: "les trois mesures principales sont le gardiennage, le regroupement nocturne du troupeau, si possible dans des parcs, et la présence de chiens de protection. Efficaces contre la prédation, elles imposent toutefois un ensemble de contraintes qui rendent plus difficile la gestion pastorale, avec des conséquences certaines sur les trois piliers du système pastoral: bon état du troupeau, bon état de la montagne, conditions de travail du berger." Ce qui se dit dans les Alpes au sujet des mesures contre le loup doit être la même chose dans les Pyrénées au sujet de la protection contre l'ours. Qu'on se le dise....
Nous aurons surement à revenir sur ce problème d'ours plus ou moins fantôme. Sur ses origines, son sexe, son avenir et... celui des éleveurs des Hautes-Pyrénées entre Cauterets et Saint-Lary. Une affaire trouble qui remonte à la mort de Cannelle. Une affaire cachée? Peut-être bien!
Si les gardes du Parc National assurent les constats de prédation, ils n'ont pas la responsabilité du suivi des ours. Ils sont hors de l'équipe de suivi de l'ours. Et puis, la zone coeur du Parc ne dispose pas d'un biotope permettant à l'ours de séjourner. Le problème se situe toujours en zone périphérique dite "potentielle d'adhésion". C'est à l'ONCFS d'assurer le suivi. Mais le font-ils vraiment? Nous pouvons en douter. Aucun document officiel ne fait état de la présence d'ours dans le département depuis le 8 juillet. Qui en a parlé? Le faire devient un "gros mot". Annoncer la présence d'une trace devient une agression.
Il faudra sans doute revoir certains comportements et assurer une meilleure transparence envers le public sur une affaire qui coûte plus de 2,5 millions d'Euros aux contribuables français dont une grande partie part aux associations écologistes qui ne rendent aucun compte de l'usage de l'argent public. Combien touche la "Pastorale" pour le placement de quelques chiens par an avec 4 salariés annoncés? Et l'ADET-Pays de l'ours? Et le FIEP? Grand mystère d'associations qui n'ont pas de comptes à rendre aux non-adhérents. Et pourtant c'est bien de l'argent public. Et pour des sommes supérieures au budget de certaines petites communes de montagne.
Un ours a été photographié samedi au col du Pourtet à Saint-Lary. Il semble bien que la photo prise à environ 300m avec un zoom ne fasse aucun problème d'authentification. Cette présence corrobore certaines autres observations de l'existence de deux ours sur le département. Sujet sur lequel nous reviendront.
Louis Dollo - vendredi 7 août 2009