Après avoir vu 75 brebis mortes et 145 disparues, l'éleveur du Moudang dans les Hautes-Pyrénées sera-t-il indemnisé?
On se souvient ce 3 août lorsque Didier Salle-Canne avec son frère Jean-Denis, découvrent plusieurs brebis mortes au fond de la vallée du Moudang. Pas une mort naturelle. Manifestement l'oeuvre d'un prédateur. Et puis ce n'est pas une mais 2, 3... une vingtaine. Nous pourrions dire que les frères ont l'habitude. Franska leur avait laissé un mauvais souvenir du côté de Payolle. Mais c'est le genre de chose auquel on s'habitue difficilement.
Ils redescendent pour informer les gardes du Parc afin de faire un constat. Au final, entre les brebis trouvées mortes et celles, blessées, qui ont dû être euthanasiées, ce ne seront pas moins de 75 brebis retrouvées qui ne redescendront pas fin septembre. Mais il en manque... Et pas facile de regrouper et compter quelques 2.200 brebis pour 4 propriétaires, dans des montagnes difficiles, pentues, en partie boisées et sans aucun parc de contention. Il y a bien un parc, mais aux granges, donc trop bas. Néanmoins la solidarité entre éleveur a fonctionné. Le regroupement et le comptage a eu lieux plusieurs jours plus tard. Et là, stupéfaction, il manque 145 brebis. Il faut encore et encore chercher alors qu'il faut aussi faire le foin en vallée pour nourrir toutes ces bêtes tout l'hiver.
En fin de saison, il en manque bien 145. Au total, ce seront 220 brebis qui ont disparu du troupeau.
Rien de sûr. Pour les 75 constatées, une commission d'indemnisation se réunira vendredi au Parc National. Quelle sera la décision? Parmi les membres, siègent des écologistes qui systématiquement mettent tout sur le compte des chiens mais jamais des ours. Et pourtant, l'ours a été vu et photographié à cette période au col de Pourtet au-dessus de Saint-Lary. La distance n'est pas bien grande pour un ours. Et des chiens au fond du Moudang, c'est bien peu probable même si au niveau des granges il y a de nombreux touristes en cette période estivale. La discussion sera rude pour obtenir une indemnisation des 75.
Là, officiellement, c'est une perte sèche. Une brebis non retrouvée n'est pas indemnisée. Et pourtant, à cet endroit, difficile de faire croire au vol. Il est bien connu que des brebis affolées peuvent partir dans tous les sens. Elles peuvent aussi être tombées dans un trou sans qu'elles ne puissent être vues. Bref! Comme l'éleveur est considéré à priori comme un menteur ou un roubleur... Mais les frères Salle-Canne et leurs amis ont bien l'intention de poser le problème. L'ASPP 65 également, même si elle n'est pas officiellement présente à la commission elle y sera néanmoins présente physiquement avec un de ses représentants. Il faudra défendre le dossier.
Raisonnons à contrario. Si ce n'est pas l'ours, c'est quoi? Les griffes, le mode d'alimentation, les hématomes, etc.. Ne laissent planer aucun doute sauf pour ceux qui ne veulent pas savoir. Le cas s'est produit pour Bruges où, malgré l'avis de la commission, un sous-préfet zélé arrivé depuis peu en Béarn avait décidé le contraire de l'avis de la commission. Caussimont serait-il passé une fois encore par là? Quelle sera l'influence de se pseudo grand spécialiste aux compétences aujourd'hui discutées au travers les nombreuses incohérences de ses communications écrites.? Car, si ce n'est pas l'ours, c'est obligatoirement autre chose et dans le cadre d'une plainte, il faudra que la justice fasse la lumière et dise la vérité.
Tous les éléments ne sont pas pris en compte pour une juste indemnisation. Tous les ans, la Chambre d'Agriculture et l'ASPP 65 font des observations sur les incohérences du barème. Ainsi, le nombre de jours indemnisés pour rechercher les bêtes est le même pour un troupeau de 50 brebis comme de 2000. Il n'est pas pris en compte la sélection du troupeau et le manque à gagner consécutif à la prédation. Une brebis manquante c'est un agneau en moins. Ce n'est pas seulement la brebis indemnisée. Quant au barème, ceux qui disent qu'il est favorable à l'éleveur n'a sans doute jamais eu de prédation.
Voilà encore un sujet inépuisable concernant l'ours mais qui pourrait bien faire du bruit dans les jours qui viennent.
Louis Dollo - Le Petit Journal du 17 novembre 2009