Curieusement, l’AFP n’aura retenu qu’une phrase du Ministre de l’Ecologie selon laquelle voudrait que «les pro et anti-ours à se remettre prochainement autour de la table pour discuter». Vision idéaliste sans grand avenir d’autant qu’il y a longtemps qu’ils refusent tout dialogue. Et les événements récents de l’année 2013 ne réunissent pas les conditions d’un dialogue tant sur le fond que sur la forme. Avec un peu de réflexion, ces journalistes, s’ils avaient un minimum de connaissance du dossier, auraient pu se poser cette question beaucoup plus pertinente: «Que se dirait ces deux parties?»
En fait, le ministre sait parfaitement qu’un tel rapprochement est impossible et ne se fera jamais. Et ses propos prévoient d’autres volets comme en témoigne cette vidéo de la réponse à l’Assemblée Nationale.
Comment les éleveurs, avec leurs syndicats et associations, pourraient-ils accepter de discuter avec des gens qui, depuis plus de 30 ans, ont pour principe de dialogue le mensonge et la manipulation?
Comment dialoguer sur des bases erronées puisque nous savons que les introductions antérieures ont toutes été réalisées sur la base de ces mensonges et manipulation? Véritable scandale d’Etat, les ours actuellement présent ne devraient même pas être arrivés dans les Pyrénées. La vraie question pour de nombreux éleveurs n’est-elle pas: «Comment s’en débarrasser?»
Alors que les acteurs locaux se sont retirés du Groupe National Ours et ont fait capoter tout espoir d’un plan ours en 2009, quels faits nouveaux pourraient le conduire à reproduire ce qu’ils ont combattu?
Allons-nous tous les deux ans, organiser une consultation des populations locales jusqu’à épuisement alors qu’elles ont déjà rejeté un projet en 2011?
Comment discuter avec des organisations sectaires qui engagent des procédures judiciaires à tout va pour exercer des pressions plus stupides les unes que les autres afin de faire
aboutir leurs fantasmes?
Alors que nous connaissons les véritables objectifs idéologiques des écologistes de l’ensauvagement des Pyrénées (Cf. rapport WWF, Ferus et ADET-Pays de l’ours de 2008), un retour en arrière de 2000 ans et la restriction des activités humaines, comment les populations locales pourraient-elles accepter leur autodestruction?
A la vision de ce qui se passe dans les Alpes pour le loup, où les éleveurs ont un temps baissé les bras avec toutes les conséquences que nous connaissons aujourd’hui, comment les pyrénéens pourraient-ils accepter une situation similaire alors que le Muséum d’Histoire Naturelle annonce qu’il faudrait 258 ours pour avoir une population viable?
Alors, l’AFP peut rêver et supputer tout ce qu’elle veut en reproduisant les propos partiels du Ministre: «Il est souhaitable que tous les acteurs concernés se remettent autour de la table». Le souhait est peu probable même si, à l'occasion de l'élaboration de cette stratégie, toutes les tendances se retrouvent, ce sera, non seulement à la majorité de décider mais aussi aux acteurs concernés qui ont légalement le droit de participer et d’être informés directement. C’est déjà très mal parti avec ce rapport du Muséum qui n’est toujours pas officiellement public même si nous l’avons dévoilé dans son intégralité.
Il y a un droit, issu de la convention d’Aarhus et de l’article 7 de la charte de l’environnement adossée à la constitution à respecter tout comme les articles 2 et 22 de la directive habitats auxquels il n’est jamais fait allusion sauf Jeanine Dubié dans sa question au Ministre, point auquel il n’a pas répondu.
Louis Dollo, le 18 février 2014
Philippe Martin, le ministre de l'Ecologie, a appelé mardi les pro et anti-ours à se remettre prochainement autour de la table pour discuter à la fois de l'avenir de cette espèce protégée et de celle du pastoralisme dans le massif.
«L'objectif du gouvernement est à la fois d'assurer la préservation de l'ours et de maintenir l'activité pastorale indispensable dans ces territoires», a affirmé le ministre en répondant à une réponse de Jeanine Dubié (PRG) à l'Assemblée nationale qui l'interrogeait sur d'éventuelles nouvelles réintroductions préconisées par un rapport non encore publié.
Le rapport sur l'ours commandé en mai dernier au Muséum national d'histoire naturelle de Paris doit être rendu public d'ici quelques jours, a confirmé le ministre. Si le rapport du Muséum «donne des informations sur le plan de la biologie de l'espèce, je souhaite que d'autres éléments de nature socio-économique soient pris en compte qui garantiront la pérennité et le développement du pastoralisme, auquel je reste particulièrement attaché», a-t-il dit.
Le rapport sera rendu public lors du lancement des travaux sur la future stratégie pyrénéenne de la biodiversité: «le préfet produira l'expertise du Muséum national d'histoire naturelle» à cette occasion, a informé le ministre. Le plan sur la biodiversité dans les Pyrénées «comprendra un volet ours», a précisé Philippe Martin. «Ce volet sera établi au cours de 2014 dans la plus grande concertation avec les associations environnementales et également les éleveurs», a-t-il ajouté. «Il est souhaitable que tous les acteurs concernés se remettent autour de la table» à l'occasion de l'élaboration de cette stratégie, a déclaré le ministre.
Le rapport, que l'AFP a pu consulter au début du mois, juge que l'état de conservation de l'ours, une espèce protégée, n'est pas bon et préconise de lâcher plusieurs femelles dans le massif. Les ours ne subsistent plus en France que dans les Pyrénées où ils menaçaient de totalement disparaître dans les années 90. Avec les lâchers commencés en 1996, ils sont aujourd'hui 22 ou un peu plus. Les derniers lâchers d'ours, qui remontent à 2005 et 2006, avaient suscité une forte mobilisation des opposants qui accusent l'animal de fragiliser encore davantage le pastoralisme de montagne, à cause notamment des dégâts causés aux troupeaux.
Dépêche de l’AFP du 18 février 2014