Le Monde des Pyrénées

Concertation ou grande dispute? - 2005

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Mettre tous les acteurs autour d'une table pour discuter d'un introduction ou réintroduction d'ours dont personne ne veut à l'exception de l'ADET et du Gouvernement parait assez peu sérieux. Nous risquons de tomber rapidement dans le grotesque.

Réintroduction d'ours: ça se dispute

Pyrénées: La réunion du Comité se Massif demain donnera le coup d'envoi de la concertation sur l'arrivée de nouveaux ours. Mais les crispations restent très vives

Les bergers avaient dit: zéro ours. L'institut patrimonial du Haut Béarn avait suggéré: deux ours. Le ministre a tranché: 5 ours...
Autant dire que la réintroduction de cinq femelles de plantigrades dans les Pyrénées ressemble, d'ores et déjà, à un parachutage en terrain miné. Et si ce vendredi, le préfet Jean Daubigny doit lancer cette concertation, à l'occasion de la réunion du comité de massif, il lui faudra une belle dose d'optimisme pour espérer à long terme une discussion sereine et paisible...

L'équation est délicate. Serge Lepeltier a suivi les recommandations des spécialistes. Qui estiment que pour que la population d'ours soit viable, il faut la doubler. Que se contenter de réintroductions homéopathiques ne serait qu'un soin palliatif pour une mort annoncée de l'espèce.
De leur côté, les bergers, et spécialement ceux de la vallée de Luz, sont vent debout lorsqu'on leur cause d'un goinfre qui se sert de leur pâturage comme d'un garde-manger.
Entre les deux, le député Jean Lassalle, président de l'Institut patrimonial du Haut-Béarn, avait tenté le grand écart.

Après la mort de Cannelle et avant l'annonce du ministre, il avait proposé que deux ourses femelles soient réintroduites.
"Nous avions mis au point un projet qui prenait en compte l'avenir de l'ours, mais aussi celui de nos vallées, des bergers qui y vivent, et à la cohabitation qui y est possible," explique Jean Lassalle.
Après l'annonce du ministre, l'IPHB s'est très nettement démarqué: "Nous avons arrêté notre projet, et nous nous opposons au projet du gouvernement. A part l'Adet, personne ne veut de ce projet, tempête Jean Lassalle, ni les organisations agricoles, ni les parlementaires: en prenant une telle décision, on se coupe du massif!"

L'IPHB pratiquera donc la politique de la chaise vide.
"Si l'on parvient à faire admettre ces cinq premières ourses, si on surmonte cette première crise, alors une seconde arrivera immédiatement après avec la seconde phase de réintroduction! On va mettre des dizaines d'années à y arriver: entretemps, ce seront les bergers qui auront disparu!" avertit Jean Lassalle.

Du côté de Pays de l'Ours-Adet, on se réjouit de cette réintroduction, bien entendu. " Nous voulons jouer un rôle déterminant pour la valorisation de l'image de l'ours " explique Alain Reynes, de Pays de l'Ours-Adet.
Mais si le discours de la cohabitation passe dans certains secteurs, (voir ci-dessous à Melles), en d'autres endroits, il est vécu comme une provocation. Des éleveurs, des chasseurs, voire des élus veulent la peau de l'ours, et la concertation risque de prendre des allures de chemin de croix pour les apôtres du plantigrade. La véritable bataille de l'ours est désormais de réussir à dépassionner un débat où les poils sont hérissés de partout.

D. D.
Article paru le 10/02/2005
Source: La Dépêche du Midi

- Du côté de l'ADET - Pays de l'Ours

Alain Reynes déclare à la presse: "Nous voulons jouer un rôle déterminant pour la valorisation de l'image de l'ours"

Que signifie concrétement cette formule à priori vide?

Vide, pourquoi?

Si l'ADET avait réussi à valoriser l'image de l'ours, ça se saurait depuis longtemps et nous n'en serions pas là où nous en sommes à discuter. Mais le problème est que l'ADET ne vit que de rêves et de pas grand chose de concret en dehors de quelques expositions et brochures. Alain Reynes me disait en privé "L'ours ne sert à rien. C'est comme l'art et la culture, on aime ou on aime pas".

Voilà une vision concréte pour un berger!
Une chose est certaine: avec ce type de discours, l'oncompréhension sera permanente et il y aura toujours des "pour" et des "contre".

Il faut peut être changer de discours et apporter des solutions concrétes et rapide en cessant une bonne fois pour toute de vivre dans un imaginaire non partagé par les acteurs de terrain