La non-acceptation sociale de l’ours dans les Pyrénées n’est pas un vain mot. Le public concerné a été consulté début 2011. Même si les conditions de dépouillement sont contestables, tout le monde connaît le résultat. Seuls les associations écologistes et l’ ONCFS devenu Office Français de la Biodiversité - OFB nient cette consultation et tentent d’imposer leurs méthodes et d'autres introductions au détriment du respect du Code de l’Environnement, adaptation de conventions internationales et de la charte de l’environnement adossée à la Constitution française (article 7).
Dans son communiqué de presse en réaction à la convocation à la Gendarmerie par trois des leurs, elle emploi des termes forts. Elle parle de «mépris» de la part de «ces nouveaux «cow-boys de l'Ariège», qui arrivent à 4, arme au ceinturon, face à un éleveur seul et souvent dans le désarroi». Pour l’association, il faut «s'attendre à des confrontations sur le terrain de plus en plus fréquentes». Elle accuse l'Etat de mettre «en œuvre la confiscation de notre territoire». C’est le même discours que ceux qui s’opposent aux réserves et Parcs Nationaux.
Et comme de nombreux français, qu’il s’agisse des «pigeons» ou des «bonnets rouges» bretons sans parler des «bonnets noirs» des Hautes-Alpes face au loup, l’ASPAP dénonce: «on ne compte plus les contrôles, les verbalisations, les barrières qui compliquent voire interdisent l'accès à tous ceux qui s'obstinent à aller en montagne: éleveurs, pêcheurs, chasseurs, promeneurs...». C’est donc, au-delà de l’activité professionnelle des éleveurs, tous les usagers de loisirs de la montagne qui sont concernés.
Et comme toujours face à l’adversité, l’ASPAP fait référence à l’histoire de son terroir, sa culture, son patrimoine montagnard avec la guerre des Demoiselles. 150 ans après, ils appellent à réunir «nos forces pour résister» et «renforcer notre cohésion et notre solidarité».
On se souvient du conflit qui s’est développé cet été à l’issue de nombreuses prédations en Couserans (Ariège) suivi d’un dérochement consécutif à une attaque d’ours sur l’estive de Pouilh. Dans le même temps, plusieurs attaques étaient constatées par un autre ours dans les Hautes-Pyrénées faisant l’objet d’un effarouchement contesté, comme toujours, par les associations écologistes.
En Ariège, la nouvelle préfète n’avait pas apprécié que les éleveurs contestent l’ONCFS et manifestent une certaine colère à leur égard, sachant que ces derniers constituent une sorte de «bras armé» des associations écologistes depuis les années 1980.
Selon certains éleveurs «il faudrait qu’on soit gentil avec eux et on sera gentil avec nous». Une vision de compromission et d’acceptation de fait de l’ours qui ne semble pas du tout partagé par les éleveurs de terrain selon plusieurs témoignages. Vouloir banaliser la présence de l’ours c’est ne rien comprendre à la culture montagnarde et ne pas connaître son histoire.
Le patrimoine pyrénéen ce n’est pas l’ours mais la chasse à l’ours et… au loup. C’est aussi une culture de résistance au pouvoir central qui cherche à leur imposer des pratiques et modes de vie qu’ils n’ont pas choisi. Le patrimoine des bergers, ceux d’en haut, c’est la Liberté. Et ils défendent ce patrimoine.
Ce n’est pas parce que les plus pauvres des couseranais devenaient montreur d’ours, bien souvent après avoir tué la mère, que l’on accepte sa présence. Et puis, l’époque des montreurs d’ours est terminée puisque certains ne veulent plus d’animaux en cage dans les cirques pas plus que des animaux qui travaillent. Et puis les ariégeois ont choisi librement une autre voie. On ne leur a pas imposé.
C’est cette culture de Liberté qui fait qu’entre certains fonctionnaires et penseurs idéologues d’une part et éleveurs d’autre part il existe un abime culturel que la préfète s’obstine à méconnaître.
A l’issue du conflit de Pouilh, nous nous souvenons que la Préfète de l’Ariège avait annoncé l’organisation d’une concertation. Selon nos informations, quelques réunions auraient bien eu lieu pour la convenance et par politesse. Mais fallait-il encore l’acceptation de la «base», ceux qui sont sur le terrain, qui défendent leur patrimoine culturel de Liberté, comme les militants de l’ASPAP qui ne sont pas forcément tous syndiqués.
Par ailleurs, dans les Hautes-Pyrénées, depuis juin 2013, le député Jean Glavany, avocat d’affaires parisien, engageait des «manœuvres» ouvertement hostiles à l’AOP mouton de Barèges-Gavarnie et aux pratiques pastorales de son cahier des charges, en relation avec l’organisation écologiste France Nature Environnement. Plus récemment, et contre toute attente à l’issue de ses interventions au Congrès de l’ANEM à Cauterets en octobre, le Ministre de l’Ecologie, Philippe Martin, annonce un nouveau Plan Ours alors que tout le monde se satisfait de son inexistence depuis…. 2009.
Autant d’éléments qui donnent des ailes aux associations écologistes pour imaginer d’autres introductions sans beaucoup se soucier des obligations légales notamment celles de la participation du public à l’élaboration du projet et l’acceptation sociale prévue à l’article 22 de la directive habitats (Natura 2000).
Face à tout ce remue-ménage, l’ASPAP et ses adhérents, essentiellement éleveurs et bergers, veillent, discutent, s’informent, se réunissent et décident collectivement. Pour eux, pas question d’accepter localement ce qui a été massivement refusé au niveau national et reste en suspens au sein du Comité de massif dans le cadre de la Startégie Pyrénéenne de valorisation de la biodiversité.
Lorsqu’un ours disparait ou, plus précisément, n’est plus observé ou inventorié par l’ONCFS et les écologistes, on cherche un coupable. Ces zoolâtres obsédés des baptêmes d’ours n’ont jamais compris que toutes espèces animales et végétales naissent et meurent. C’est le cours de la vie. Deux ours disparaissent dans la haute Ariège, et c’est pratiquement une rafle qui est organisé pour savoir… en fait rien du tout. Un ours se cache dans les Hautes-Pyrénées et on assigne en justice le premier venu pour «non dénonciation de destruction d’un animal protégé». Animal qui réapparait au printemps quelques jours avant un interrogatoire policier. Des phénomènes similaires ont eu lieu par le passé en Béarn avec notamment une plainte sur des faits mensongers. Ou encore des personnels du Parc National, qui, il y a quelques années, allaient déposer des mains courantes à la gendarmerie dès qu’un éleveur élevait la voix ou parlait fort, pour tenter de faire pression. Toutes ces mesures d’intimidations ont été vaines et sans suites.
En Ariège, alors que la Préfète découvre que ses grandes idées de pseudo-concertations n’ont guère d’avenir, voilà qu’il est imaginé une procédure d’intimidation supplémentaire en convoquant des responsables de l’ASPAP et d’estives à la Gendarmerie de Saint-Girons. Méthode déjà utilisée par le passé sans succès, quelque peu naïve, qui ne fera que créer l’effet inverse à ce qui est attendu. Là encore, des pouvoirs publics se trompent de méthode. La preuve: une délégation alpine est attendue lundi après-midi, pour le principe, en solidarité avec les pyrénéens.
Ce rassemblement de dernière minute ne réunira surement pas autant de monde que la manifestation de Bagnères de Bigorre mais elle montrera très probablement que le mouvement d’opposition aux introductions d’ours est toujours bien vivant, qu’il est capable de réagir rapidement, de disposer d’un soutien populaire dans le milieu montagnard et que l’acceptation sociale de l’ours n’est pas pour demain. La seule conséquence que peut avoir ce type de convocation à la gendarmerie, c’est de renforcer l’opposition, la solidarité et ranimer un conflit. La Préfète de l’Ariège serait-elle une perturbatrice de l’ordre public?
Louis Dollo, le 26 janvier 2014