François Arcangéli aura mis 25 jours pour murir une réponse à la dénonciation de ses mensonges au cours de l’émission télévisée "la voix et libre". 25 jours pour trouver une réponse aux divers points relevés par Bruno Besche-Commenge qui n’avaient pas pu être développés au cours de l’émission par manque de temps. Il faut dire que l’exercice était difficile. Il n’a d’ailleurs pas convaincu car, comme toujours, entre gargarisme oratoire et interprétations mensongères, François Arcangéli continue de surfer avec une mauvaise foi sans précédent, sur la vague de ses incohérences et de son obsession de l'ours. Nous allons donc, à notre tour, reprendre chacun de ces points afin que le lecteur comprenne, une bonne fois pour toute, que l’ours n’est qu’un alibi mensonger justifiant, non seulement une association créée pour "faire moins parisien" mais surtout pour capter des subventions, permettre à quelques amateurs de vivre de leur passion sur le dos des éleveurs pyrénéens et satisfaire une idéologie du "tout sauvage" et de "re-wilding" initiée par le WWF.
La réponse de Bruno Besche Commenge / ADDIP: M. Arcangeli s’obstine à manipuler la réalité, c’est lassant pour tout le monde!
Manifestement déçu de sa prestation télévisée sur les plateaux de France 3 dans l'Émission "La voix est libre" et par la faiblesse générale de son argumentation, M. Besche-Commenge cherche visiblement à "refaire le match" dans la presse locale, mais de manière à la fois déloyale et trompeuse.
Sous couvert d'un ton faussement journalistique – M Besche-Commenge se met maladroitement en scène lui-même comme s'il était interrogé par le journal – il affirme qu'en ma qualité de Conseiller Régional délégué en charge de la biodiversité, Maire d'Arbas et Président de l'association Pays de l'Ours – Adet, j’aurais menti durant toute l’émission.
Revenons donc sur les faits et point par point, voici les preuves qui valident l’ensemble de mes propos:
Oui, la Directive Habitats impose de restaurer la population d’ours dans les Pyrénées!
La Directive Habitats impose à la France une obligation de résultats en matière de protection des espèces prioritaires (annexe IV), dont l'ours brun fait partie.
La situation étant différente d’un état à l’autre, la Directive laisse le choix des moyens d'y parvenir mais impose à chaque État d’étudier "l’opportunité de réintroduire les espèces de l’annexe IV, lorsque cette mesure est susceptible de contribuer à leur conservation".
Évidemment les réintroductions ne sont pas obligatoires dans un texte qui s’applique à tous les états, car il n’y aurait aucun sens à obliger certains – la Slovénie par exemple – à réintroduire des ours alors que la population n’est pas menacée.
Mais dans les Pyrénées, il n’y a pas d’autre moyen de sauver l’ours que d’en lâcher de nouveaux. Il suffit pour s’en convaincre de lire les études de l’ONCFS ou la dernière du Muséum National d’Histoire Naturelle. M. Besche-Commenge se croît-il plus compétent sur l’ours que les plus grands scientifiques mondialement reconnus?
Oui, de nouveaux lâchers d'ours sont donc de fait obligatoires dans les Pyrénées!
La France fait d’ailleurs l'objet d'une procédure d'infraction par la Commission Européenne à ce motif, depuis novembre 2012. La France a déjà été condamnée par la Cour Européenne de Justice pour insuffisance de protection d'une autre espèce prioritaire, le grand Hamster en Alsace. Elle le sera à nouveau pour l'ours dans les Pyrénées si elle ne restaure pas sa population.
M. Besche-Commenge se croît-il plus compétent pour interpréter le droit européen que les juristes de la Commission Européenne...?
Bien sûr que la population d’ours dans les Pyrénées n’est pas génétiquement viable! Mais les vrais chiffres de viabilité ce n’est pas 50 comme l’ADET le proclame aujourd’hui encore sur son site [Ndr: Capté par nous le 3 avril 2014] mais près de 300 comme l’indique le rapport du Muséum, et pour une viabilité uniquement à court terme. Or, entre 200 et 300 minimum, je souligne ces chiffres depuis 2009 sur la base de travaux scientifiques indubitables, dont Trinidad Pérez et alii, Non-invasive genetic study of the endangered Cantabrian brown bear (Ursus arctos), dans «Conservation Genetics» d’avril 2009 (Article en ligne, mais payant et non diffusable, taper le titre).
Le politologue lui-même qui ponctue l’émission par ses analyses a indiqué que l’article 22 de la directive Habitats n’imposait aucune obligation de réintroduction. M. Arcangeli écrit que cela concernerait certains Etats (France et Pyrénées) et pas d’autres (Slovénie). Cela revient à dire que la législation est un cadre à géométrie variable, la loi c’est pour les autres pas pour moi, analyse inquiétante chez un élu régional!
En 2013, a été publié un bilan des programmes LIFE-Europe qui gèrent ces problèmes: LIFE and human coexistence with large carnivores - Luxembourg: Publications Office of the European Union, préfacé par le Commissaire européen à l’environnement, Janez Potočnik.
La position est claire, p. 16: «Une forte opposition locale peut signifier que des projets de nouveaux lâchers risquent de ne pas obtenir le feu vert. Le gouvernement français
compte plutôt atteindre la viabilité à travers la reproduction des ours existants. Cependant, des problèmes liés à la consanguinité peuvent se produire si aucun autre ours n’est
introduit. La population pyrénéenne d'ours bruns reste donc menacée, et seul un changement important dans les attitudes locales à la présence de l'ours dans les Pyrénées peut la
sauver.» («only a significant shift in local attitudes to the presence of bears in the Pyrenees may save it»)
La partie en gras est essentielle: il est reconnu que la population pyrénéenne d’ours est insuffisante, on s’attendrait alors à ce que soit affirmé «seules des réintroductions
peuvent la sauver» … mais ce n’est pas cela qu’écrit l’Europe: le refus des «populations concernées», celles au centre de l’article 22, est une barrière incontournable. La loi
s’applique partout même si cela déplaît à notre élu! Je reviens en B sur ce refus local.
Auparavant l’affaire hamster en Alsace que cite M. Arcangeli. En fait il n’a pas davantage lu in extenso ce jugement de la Cour Européenne de Justice que le reste, ou trompe ses lecteurs, ou n’a rien compris. Les attendus sont clairs: ce n’est pas pour non réintroduction que la France a été condamnée alors qu’il est souligné par le requérant que la population d’hamster est en danger grave (§ 14: «La Commission soutient que l’espèce du grand hamster est menacée d’extinction en Alsace») et dans les attendus que la population n’est pas viable (§ 24). Elle l’a été pour la "la détérioration ouestruction des sites de reproduction ou des aires de repos", problème qui ne se pose pas dans les Pyrénées où est partout souligné l’excellent état du milieu.
Oui, L'ours est bien l’espèce-symbole des Pyrénées!
Le sondage de 2008 demandait "Quelle est l’espèce animale sauvage qui symbolise pour vous le mieux les Pyrénées?" Les Montagnards pyrénéens ont mis l'ours largement en tête avec 48%, loin devant l’isard (26%) et les autres espèces.
L'ours est bien, selon les Pyrénéens, l'espèce qui symbolise le mieux les Pyrénées. S’il en était besoin, les expositions sur l’ours en cours, à Foix comme à Toulouse, le confirment.
Oui, les Français comme les Pyrénéens acceptent et soutiennent massivement la présence de l’ours dans les Pyrénées!
Les faits sont têtus: tous les sondages d’opinion réalisés sur le sujet de l’ours mettent en évidence l’acceptation locale de la présence de l’ours:
M. Besche-Commenge se croît-il plus compétent pour connaître l’état de l’opinion que les instituts de sondage?
Oui, les populations locales ont bien été consultées avant les lâchers!
Contrairement à ce qu’affirme M. Besche-Commenge, la Directive "Habitats" ne requiert pas l’accord ou "l’adhésion" des populations concernées, mais leur "consultation appropriée".
Comme ils doutaient que cela ait été fait pour les lâchers d’ours de 2006, M. Besche-Commenge et l’ensemble du mouvement anti-ours ont alors saisi les tribunaux. Et c’est le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction française, qui a tranché.
Son arrêt du 23 février 2009, que chacun peut consulter, rejette l’ensemble de leur argumentation et précise: "ont été notamment associés à la concertation les élus locaux des territoires concernés, les responsables des organismes intervenant dans la gestion du massif, des comités départementaux regroupant les représentants des différents acteurs, les fédérations de chasseurs, les associations de protection de la nature et diverses instances scientifiques" et il conclue "les requérants ne sont pas fondés à demander l'annulation de la décision attaquée", "la requête [... ] est rejetée".
Dans un état de droit, ce sont les tribunaux qui jugent de l'application des lois, pas les lobbies. Sérieusement, en contestant ces points de droit, M. Besche-Commenge se croît-il juriste plus compétent que les juges du Conseil d'Etat...?
Là M. Arcangeli se surpasse dans la manipulation des données. Deux groupes différents sont envisagés par le sondage IFOP de 2008, les habitants des départements pyrénéens en général et d’autre part «les montagnards directement concernés».
Or de façon assez perverse M. Arcangeli fait semblant de confondre les premiers avec les «populations concernées» de l’art. 22 de Habitats, que le sondage appelle «les montagnards de chaque département», et ce sont elles qui disent à 60% non à des réintroductions (67% pour les trois départements des Pyrénées Centrales) (pages 27-32). D’où la position de l’Europe dans le bilan 2013 cité ci-dessus: «seul un changement important dans les attitudes locales à la présence de l'ours /… etc./».
Rien à voir ici avec une question de «symbole», il s’agit de la réalité concrète et non plus d’images emblématiques, et pas des mêmes groupes. M. Arcangeli fait semblant de confondre les deux!
Nous pouvons rajouter deux observations
1/ Le premier commentaire de Bruno Besche était clair. Il suffisait de lire le tableau. Preuve supplémentaire du mensonge et de la manipulation de François Arcangéli qui se trompe sciemment de colonne - Dossier original IFOP / Ministére de l'Ecologie
2/ Nous pourrions rajouter les résultats de la consultation publique organisée en janvier / février 2011 par le Préfet des Pyrénées-Atlantiques. Le résultat est sans appel. Mais François Arcangéli continue à vouloir faire croire le contraire.
Pour tenter de noyer le poisson, il parle ensuite jugement du Conseil d’Etat en 2009 et concertation, mais il s’agissait alors de lâchers purement franco-français, l’Europe avait refusé de s’y associer!
Et la «concertation» qu’exhibe M. Arcangeli fut mise en place le 2 février 2005 APRÈS «le 13 janvier 2005 la décision du gouvernement d’engager dès cette année le renforcement de la population d’ours bruns dans les Pyrénées» (cf. dossier de concertation). Diverses rencontres informelles avaient précédé, elles n’avaient aucun statut légal de «concertation»: c’est bien a posteriori que celle-ci a officiellement été organisée, voir par ex. les dates pour les élus concernés annexe 1, début de page 4 des annexes du «Plan de restauration…»! Une fois de plus, M. Arcangeli ou trompe sciemment, ou n’a pas lu, ou n’a rien compris.
OUI, les emplois de bergers sont bien liés au retour de l’ours!
Petit rappel des faits: avant 1995, les aides publiques à l’embauche de bergers étaient quasi-nulles, les bergers n’étaient ni déclarés ni correctement rémunérés.
Comme par hasard... c’est au moment où il décide de lâcher des ours que l’État commence à subventionner l’embauche de bergers, via le Plan Ours!
En 2005, alors que se prépare un nouveau plan ours, le Préfet de Région écrit dans le dossier de concertation du plan de renforcement "s’agissant plus particulièrement de pastoralisme (...) le ministère de l’agriculture a demandé (...) d’établir en concertation avec les organisations professionnelles agricoles et forestières une série de propositions de soutien de ces activités". Cette démarche aboutira en 2007 au PSEM, Plan de Soutien à l’Économie de Montagne.
M. Besche-Commenge se croît-il plus compétent que le Préfet pour nier que le PSEM est une conséquence directe du plan ours?
Que l’Administration ait eu ensuite la faiblesse de céder au lobby anti-ours pour dissocier le plan ours du PSEM ne change rien à l’histoire: l’essentiel des mesures en faveur du pastoralisme dans les Pyrénées est lié au retour de l’ours, et les bergers pour la plupart lui doivent leur emploi. Qu’ils ne l’oublient pas trop vite: ils sont alliés, à défaut d’être amis, et la disparition de l’ours si elle devait intervenir un jour entraînerait de manière inéluctable leur propre disparition.
Enfin, toujours à propos des bergers: Comment M. Besche-Commenge peut-il exploiter en l’exhibant la détresse de jeunes bergers confrontés à la prédation, alors que les techniques
de protection des troupeaux ont été supprimées de la formation de bergers en Ariège dont il est un des principaux intervenants!? Le rôle premier d’un berger n’est-il pas de
protéger les bêtes dont il a la garde? Dans quelle mesure cette détresse n’est-elle pas organisée pour augmenter les dégâts et justifier l’opposition à l’ours?
Manifestement, de moins en moins d’éleveurs partagent ce cynisme, si l’on en croit l’extension continue des mesures de protection depuis 15 ans, avec une efficacité chaque année
meilleure. Ainsi, si les dégâts d’ours ont baissé de moitié depuis 2000 alors que le nombre d’ours a doublé, ce n’est vraiment pas grâce à M. Besche-Commenge!
Désolé je vais me répéter, je n’y peux rien si c’est l’État lui-même (Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement) qui dans le récent «Plan d’action national loup 2013-2017» écrit: «un dispositif global de développement du pastoralisme à été élaboré: le Plan de Soutien à l'Economie de Montagne (PSEM) indépendant du plan ours, financé par le Ministère de l'agriculture et les Collectivités territoriales, qui inclut des mesures de protection des troupeaux.» (page 11).
Indépendant du plan ours M. Arcangeli, il suffit de lire! C’est l’État qui le dit, et le Préfet de Région que vous citez applique la politique de l’État, pas la vôtre Dieu merci!
Chacun se fera donc son opinion sur ce débat et sur qui cherche vraiment à manipuler l’opinion. Nous avons aujourd’hui 20 ans se recul sur le dossier de l’ours et cela devrait nous
permettre à la fois de dépassionner les débats et d’objectiver les problèmes qui restent à résoudre.
Monsieur Besche-Commenge l’a dit dans l’émission: il reste 7 à 8 estives où l’ours pose encore un problème sérieux. C’est dire si nous avons avancé et si beaucoup d’autres
questions ont été réglées!
Par respect pour les éleveurs qui connaissent encore des prédations, il faut les aider et leur dire la vérité. Ni leur faire croire que les ours pourraient être capturés comme l’a
fait le Conseil Général de l’Ariège, ni qu’il n’existe aucune solution efficace, il faut travailler à leur côté pour faire en sorte que, à l’image de nombreuses autres estives, la
mise en place de moyens de protection efficaces donne de très bons résultats.
Reste la concertation que vient de lancer Monsieur le Ministre de l’Écologie en vue d’un nouveau plan de renforcement. La encore, on peut se demander si les opposants vont une nouvelle fois la boycotter pour prétendre ensuite qu’elle n’a pas eu lieu, ou si enfin, chacun va prendre ses responsabilités et réussir ensemble à relever ce défi, dans l’intérêt des Pyrénées et des Pyrénéens.
François Arcangeli,
Conseiller Régional délégué en charge de la biodiversité,
Maire d’Arbas
Président de l’association Pays de l’Ours – Adet
Un point de détail, mais très intéressant sur la façon dont M. Arcangeli manipule les faits: selon lui, je serais «un des principaux intervenants de la formation des bergers» en Ariège. Les vrais formateurs vont être très étonnés! J’interviens en fait un tiers de journée avec deux autres chercheurs, spécialistes des pastoralismes dans les Alpes et les pays tropicaux, pas du tout dans la formation proprement dite mais pour un éclairage sur divers aspects historiques de l’élevage pyrénéen, notamment l’histoire des races locales d’élevage et des savoirs agropastoraux, mes domaines de recherche.
Décidément, M. Arcangeli a beaucoup d’imagination et l’art de tout déformer dans le sens qui l’arrange! Mais cette manipulation démagogique est le code génétique de l’ADET, l’association qu’il préside et qui lui a permis d’acquérir une visibilité médiatique et politique qu’il n’aurait jamais eue autrement. Rappelons qu’elle a été créée de toutes pièces par un haut fonctionnaire du Ministère avant les premières réintroductions de 1995-96: «permettant ainsi au projet d’être moins parisien /…/ pendant que le projet «lourd» de réintroduction évoqué par ailleurs continuerait d’être discuté» (courrier officiel, janvier 1991).
L’objectif était déjà de masquer à l’Europe le refus des «populations concernées» qu’elles manifestement toujours comme le montre le sondage IFOP. Deux ans après cette création supercherie, le 14 janvier 1993 encore, le Directeur régional de l’environnement envoyait au Ministère un rapport où l’on peut lire: «Après quatre ans d’effort, il existe toujours une opposition, voire une forte opposition locale à la présence de l’ours et à tout ce que cette présence implique» (Courrier réf. MTC/PC07-93). La même qui s’exprime aujourd’hui et n’a rien à voir avec les «symboles» chers à M. Arcangeli.
Sur tous ces points, on pourrait continuer à citer des dizaines de documents, officiels comme scientifiques, qu’il suffit de lire sans a priori idéologique. Ce serait vraiment très
lassant mais s’il le fallait…
Le lecteur peut déjà vérifier à partir des références citées
Reprenons encore une fois, ça devient lassant pour tout le monde mais en se reportant aux références que je cite, le lecteur pourra vérifier et apprécier les propos du président de l’ADET. Dans un texte mis en ligne le 25, il s’obstine à tenter de justifier ses approximations au cours de l’émission de France 3 "La voix est libre", sur lesquelles j’étais revenu dans un communiqué. Passons sur les intentions qu’il me prête et les propos qu’il m’attribue, c’est beau l’imagination!
Bien sûr que la population d’ours dans les Pyrénées n’est pas génétiquement viable! Mais les vrais chiffres de viabilité ce n’est pas 50 comme l’ADET le proclame aujourd’hui encore sur son site [Ndr: Capté par nous le 3 avril 2014] mais près de 300 comme l’indique le rapport du Muséum, et pour une viabilité uniquement à court terme. Or, entre 200 et 300 minimum, je souligne ces chiffres depuis 2009 sur la base de travaux scientifiques indubitables, dont Trinidad Pérez et alii, Non-invasive genetic study of the endangered Cantabrian brown bear (Ursus arctos), dans «Conservation Genetics» d’avril 2009 (Article en ligne, mais payant et non diffusable, taper le titre).
Le politologue lui-même qui ponctue l’émission par ses analyses a indiqué que l’article 22 de la directive Habitats n’imposait aucune obligation de réintroduction. M. Arcangeli écrit que cela concernerait certains Etats (France et Pyrénées) et pas d’autres (Slovénie). Cela revient à dire que la législation est un cadre à géométrie variable, la loi c’est pour les autres pas pour moi, analyse inquiétante chez un élu régional!
En 2013, a été publié un bilan des programmes LIFE-Europe qui gèrent ces problèmes: LIFE and human coexistence with large carnivores - Luxembourg: Publications Office of the European Union, préfacé par le Commissaire européen à l’environnement, Janez Potočnik.
La position est claire, p. 16: «Une forte opposition locale peut signifier que des projets de nouveaux lâchers risquent de ne pas obtenir le feu vert. Le gouvernement français
compte plutôt atteindre la viabilité à travers la reproduction des ours existants. Cependant, des problèmes liés à la consanguinité peuvent se produire si aucun autre ours n’est
introduit. La population pyrénéenne d'ours bruns reste donc menacée, et seul un changement important dans les attitudes locales à la présence de l'ours dans les Pyrénées peut la
sauver.» («only a significant shift in local attitudes to the presence of bears in the Pyrenees may save it»)
La partie en gras est essentielle: il est reconnu que la population pyrénéenne d’ours est insuffisante, on s’attendrait alors à ce que soit affirmé «seules des réintroductions
peuvent la sauver»… mais ce n’est pas cela qu’écrit l’Europe: le refus des «populations concernées», celles au centre de l’article 22, est une barrière incontournable. La loi
s’applique partout même si cela déplaît à notre élu! Je reviens en B sur ce refus local.
Auparavant l’affaire hamster en Alsace que cite M. Arcangeli. En fait il n’a pas davantage lu in extenso ce jugement de la Cour Européenne de Justice que le reste, ou trompe ses lecteurs, ou n’a rien compris. Les attendus sont clairs: ce n’est pas pour non réintroduction que la France a été condamnée alors qu’il est souligné par le requérant que la population d’hamster est en danger grave (§ 14: «La Commission soutient que l’espèce du grand hamster est menacée d’extinction en Alsace») et dans les attendus que la population n’est pas viable (§ 24). Elle l’a été pour la "la détérioration ouestruction des sites de reproduction ou des aires de repos", problème qui ne se pose pas dans les Pyrénées où est partout souligné l’excellent état du milieu.
Là M. Arcangeli se surpasse dans la manipulation des données. Deux groupes différents sont envisagés par le sondage IFOP de 2008, les habitants des départements pyrénéens en général et d’autre part «les montagnards directement concernés».
Or de façon assez perverse M. Arcangeli fait semblant de confondre les premiers avec les «populations concernées» de l’art. 22 de Habitats, que le sondage appelle «les montagnards de chaque département», et ce sont elles qui disent à 60% non à des réintroductions (67% pour les trois départements des Pyrénées Centrales) (pages 27-32). D’où la position de l’Europe dans le bilan 2013 cité ci-dessus: «seul un changement important dans les attitudes locales à la présence de l'ours /… etc./».
Rien à voir ici avec une question de «symbole», il s’agit de la réalité concrète et non plus d’images emblématiques, et pas des mêmes groupes. M. Arcangeli fait semblant de confondre les deux!
Pour tenter de noyer le poisson, il parle ensuite jugement du Conseil d’Etat en 2009 et concertation, mais il s’agissait alors de lâchers purement franco-français, l’Europe avait refusé de s’y associer!
Et la «concertation» qu’exhibe M. Arcangeli fut mise en place le 2 février 2005 APRÈS «le 13 janvier 2005 la décision du gouvernement d’engager dès cette année le renforcement de la population d’ours bruns dans les Pyrénées» (cf. dossier de concertation). Diverses rencontres informelles avaient précédé, elles n’avaient aucun statut légal de «concertation»: c’est bien a posteriori que celle-ci a officiellement été organisée, voir par ex. les dates pour les élus concernés annexe 1, début de page 4 des annexes du «Plan de restauration …»! Une fois de plus, M. Arcangeli ou trompe sciemment, ou n’a pas lu, ou n’a rien compris.
Désolé je vais me répéter, je n’y peux rien si c’est l’État lui-même (Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement) qui dans le récent «Plan d’action national loup 2013-2017» écrit: «un dispositif global de développement du pastoralisme à été élaboré: le Plan de Soutien à l'Economie de Montagne (PSEM) indépendant du plan ours, financé par le Ministère de l'agriculture et les Collectivités territoriales, qui inclut des mesures de protection des troupeaux.» (page 11).
Indépendant du plan ours M. Arcangeli, il suffit de lire! C’est l’État qui le dit, et le Préfet de Région que vous citez applique la politique de l’État, pas la vôtre Dieu merci!
Un point de détail, mais très intéressant sur la façon dont M. Arcangeli manipule les faits: selon lui, je serais «un des principaux intervenants de la formation des bergers» en Ariège. Les vrais formateurs vont être très étonnés! J’interviens en fait un tiers de journée avec deux autres chercheurs, spécialistes des pastoralismes dans les Alpes et les pays tropicaux, pas du tout dans la formation proprement dite mais pour un éclairage sur divers aspects historiques de l’élevage pyrénéen, notamment l’histoire des races locales d’élevage et des savoirs agropastoraux, mes domaines de recherche.
Décidément, M. Arcangeli a beaucoup d’imagination et l’art de tout déformer dans le sens qui l’arrange! Mais cette manipulation démagogique est le code génétique de l’ADET, l’association qu’il préside et qui lui a permis d’acquérir une visibilité médiatique et politique qu’il n’aurait jamais eue autrement. Rappelons qu’elle a été créée de toutes pièces par un haut fonctionnaire du Ministère avant les premières réintroductions de 1995-96: «permettant ainsi au projet d’être moins parisien /…/ pendant que le projet «lourd» de réintroduction évoqué par ailleurs continuerait d’être discuté» (courrier officiel, janvier 1991).
L’objectif était déjà de masquer à l’Europe le refus des «populations concernées» qu’elles manifestement toujours comme le montre le sondage IFOP. Deux ans après cette création supercherie, le 14 janvier 1993 encore, le Directeur régional de l’environnement envoyait au Ministère un rapport où l’on peut lire: «Après quatre ans d’effort, il existe toujours une opposition, voire une forte opposition locale à la présence de l’ours et à tout ce que cette présence implique» (Courrier réf. MTC/PC07-93). La même qui s’exprime aujourd’hui et n’a rien à voir avec les «symboles» chers à M. Arcangeli.
Sur tous ces points, on pourrait continuer à citer des dizaines de documents, officiels comme scientifiques, qu’il suffit de lire sans a priori idéologique. Ce serait vraiment très
lassant mais s’il le fallait…
Le lecteur peut déjà vérifier à partir des références citées
Auteur: B. Besche-Commenge ASPAP/ADDIP – 26 mars 2014