Le 29 janvier, un communiqué de presse officialisait la rumeur sous le titre "Mensonges de l'ours: la Coordination pyrénéenne descend du minibus". Depuis longtemps déjà, la mention de mensonges d'Etat était apparue. "Avec ces deux voyages nous en avons vu assez" nous dit-on. "La méthode asturienne n'est pas transposable avec des éleveurs qui ont une moyenne de 5 brebis par exploitation, ce n'est pas sérieux". Et une responsable de l'ASPAP, membre de la délégation dans le Trentin de rajouter" En Italie, c'est par hasard que nous avons rencontré un berger sur le bord de la route et que nous avons dû faire arrêter le minibus."
Mais en Slovénie, le discours officiel nous dit que tout se passe bien. Il est peut-être intéressant de voir comment cela est organisé dans ce pays? "Faux!" nous répond Bruno Besche-Commenge. "Il y a suffisamment de communications et études que l'on trouve sur le site du ministère de l'environnement slovène."
C'est un comble! Effectivement, dans le communiqué de l'ADDIP les liens sont bien là et Bruno
Besche-Commenge avec toute sa passion nous dit: "On y parle de stations de nourrissage avec de la viande, de postes d'observations où l'homme approche 70 % des ours, de conflits
avec les populations en constante augmentation, d'accidents sur les personnes et de ... la gestion des ours les plus difficiles." Tiens donc, cela nous rappelle Franska. Et nous
pouvons lire, en anglais"... dans le cas spécifique des conflits en zone rurale des ours ont été enlevés au milieu concerné et transférés dans des zones éloignées et isolées.
Mais au bout de quelques jours les animaux reviennent alors dans leur zone d'origine. Il nous intéresse beaucoup de transférer ces ours dans quelques uns des pays qui ont foi en la
population d'ours slovènes". Là, plus de doute. Le communiqué le précise: " Oui c'est bien de la France dont on parle. La France où les extrémistes de l'écologie persistent à
réclamer deux nouvelles ourses!"
Conflits, accidents sur les personnes, nourrissages... en fait, dans les Pyrénées, on nous dit tout le contraire.
Et puis je me souviens, personnellement, en 1999, au cours du tour de table de présentation lorsque je suis allé pour la première fois représenter la France dans une commission de l'UIAA (Fédération Internationale de la Montagne et de l'Escalade), à la seule évocation de "Pyrénées", Zdenka, la représentante de la Slovénie m'a regardé avec un large sourire moqueur en me disant "on vous a envoyé nos ours à problèmes". J'ai longtemps hésité entre moquerie et sérieux. Aujourd'hui lorsque je lis "Il nous intéresse beaucoup de transférer ces ours dans quelques uns des pays qui ont foi en la population d'ours slovènes" je comprends beaucoup mieux. Les français sont, au mieux, considérés comme des naïfs au pire comme "des ânes et des imbéciles", sujet que connaît particulièrement bien Madame Nelly Olin.
Vendredi soir à l'occasion de l'AG de l'ASPAP, les dirigeants associatifs étaient partagés entre colère et franche rigolade. "Après l'épisode de la vieille Franska capturée pour jeune, du massacre à la seringue pour Papillon un temps baptisé Luz, d'une capture qui tourne mal en vallée d'Aspe, du dévissage d'une ourse aux Gourgs Blancs, ça ne fait pas sérieux." En effet. Cela fait même désordre. Et certains de dire "les Camara et Quenette doivent être démis de leurs fonctions". Il faut dire que ces deux spécialistes ont parfois des discours divergents ou à géométrie variable dans le temps. C'est ainsi que pour Jean-Jacques Camara "l'espace vital pour un ours a évolué en 10 ans selon que le texte est en français ou en anglais." Un béarnais nous rappelle qu'en 1999 l'IPHB avait fait un voyage d'étude en Europe centrale et avait conclue "qu'il ne fallait surtout pas prendre des ours slovène en raison du nourrissage". De son côté, le rapport de mission du Conseil Général des Hautes-Pyrénées prévenait des mêmes risques. Et c'est précisément des ours slovènes qui ont été choisis alors que pratiquement tous les pays de l'ancien bloc de l'est faisait des propositions manifestement pour s'en débarrasser à bon compte (Cf. Voir les propositions de la Roumanie).
Nous comprenons que les arguments ne manquent pas mais un voyage aurait sans doute était l'occasion de s'expliquer sur place. Grande rigolade. "Tu sais très bien comme nous qu'à cette période de l'année il y a de la neige en Slovénie et que les ours hibernent. Qu'est ce qu'on va aller voir? Rien! Si c'est pour dépenser de l'argent des contribuables français, pas question. Nous ne sommes pas comme à l'ACP et l'ADET". Difficile de dire le contraire....
Et le Montana? Aller voir aux Etats-Unis?
Voilà des questions qui amusent. "Tu crois vraiment qu'ils transhument comme nous?" Evidemment... mais un ariégeois se ravise "on y a peut-être des cousins qui viennent du Couserans
et qui transhument dans les Rocheuses". L'affaire tourne au comique. Et le même béarnais de nous rappeler qu'en 1996 un certain Christopher Servheen de l'Université du Montana
devait participer à "L'état des lieux de la population ursine et de son habitat dans le Haut-Béarn". Il doit donc connaître le problème pyrénéen. "Tu parles, il n'est jamais venu.
Si vous y allez là bas, dites lui que la mission n'a jamais été terminée dans le Béarn". Je comprends vite que, là aussi, nous sombrons dans un autre mensonge et / ou une
manipulation qui se sont soldés par un arrangement à l'amiable à défaut d'un bon procès.
Décidément, le Ministère de l'Ecologie, les DIREN et les associations environnementalistes ont beaucoup de choses à se faire pardonner face à autant de tromperies. Car il ne s'agit pas d'un simple malentendu. C'est bien de tromperie et d'abus de confiance depuis plus de vingt ans dont nous parlons.
De son côté, François Arcangéli, maire d'Arbas et président de l'ADET parlait de "main tendue. "C'était l'époque où il faisait appel d'une décision de justice contre 10 éleveurs.
C'était plutôt mal venu....
Son communiqué du 1er février dernier est assez surprenant à bien des égards. Et il n'est pas fait pour
calmer les esprits et les rancoeurs.
Le titre, pour commencer. "Les opposants déclarent forfait."
C'est assez loin de la réalité que nous avons pu voir. Mais, bon... c'est un titre! Il faut accrocher.
"...les anti-ours rompent le dialogue". Nous sommes tentés de demander "avec qui?" Du côté des éleveurs, on nous dit "il n'y a jamais eu de dialogue avec eux et il n'y en aura jamais. On ne risque pas de le rompre". Un éleveur qui a participé à un des voyages nous précise: "Ce n'est pas parce que nous sommes polis et qu'on se salue qu'il y a un dialogue. En fait, ils se servent de nous dans les voyages pour prétendre qu'il y a dialogue alors qu'il n'y en a jamais eu. "Il est vrai qu'ils ont peut-être à se justifier auprès de l'Union Européenne dans le cadre du financement européen LIFE Coex (pour coexistence). En matière de coexistence il y a encore un sacré chemin à faire et 2008 est la dernière année. Philippe Lacube nous précise que "le seul interlocuteur c'est l'Etat et uniquement l'Etat. Ce ne sera jamais les associations environnementalistes. Et avec l'Etat, pour nous le dialogue n'est pas rompu. Il y a des rendez-vous de pris qui seront assurés comme avec les inspecteurs généraux". Il est clair que l'Union Européenne et les environnementalistes se sont trompés d'orientation. Un autre responsable d'association nous précise "nous n'avons pas demandé de concertation mais nous sommes toujours resté ouvert au dialogue. Bien sûr, pas avec Arcangéli, l'ADET, le FIEP ou Ferus. Ces gens là ne représentent rien pour nous si ce n'est d'être des dilapidateurs de fonds publics sans rien offrir en contrepartie." Il faut admettre qu'au regard de plusieurs rapports parlementaires, des questions peuvent se poser. Nous pouvons même nous interroger: "Que fait la Chambre régionale de la Cour des comptes?"
Autre curiosité de ce communiqué de l'ADET, en quoi le fait de ne plus participer aux voyages remettrai en cause l'abandon des "actions violentes" si tant est qu'il y en ait eu? Manipulation oratoire ou instrumentalisation?
Parler de "la faiblesse ou la malhonnêteté de leurs arguments" est assez osé lorsque l'on voit les dossiers fournis à la suite des voyages en espagne et dans le Trentin et les documents diffusés. Nous n'avons jamais rien vu des environnementalistes. En fait, il y a peut-être une erreur... comme nous l'écrit un ingénieur agronome de Pau "...le site de l'Adet, mais c'est assourdissant de silence! Même la nouvelle de l'abandon par les éleveurs du voyage en Slovénie ne les fait pas réagir! L'électrocardiogramme est au plus plat..." Il y a quand même eu le communiqué mais l'argumentation reste effectivement très pauvre. "C'est un monument de mensonges" nous dit un éleveur. "Ca fait plus de vingt ans qu'ils mentent, ils ne vont pas changer du jour au lendemain."
Il faut effectivement oser écrire que "l'ours n'est pas un animal dangereux" après avoir lu, en anglais, ce qui est sur le site du ministère de l'environnement slovène et les quelques morts en Grèce ou Roumanie pour ne citer que ceux là. Dire que "l'ours ne menace pas l'activité pastorale" relève carrément du délire lorsque nous savons que 76% des bêtes ne reviendront plus jamais sur le secteur "Col d'Andorre - Estibette - Ouzoum" pour ne donner que cet exemple. Prétendre que "la cohabitation élevage - ours s'organise, et ce n'est qu'une question de bonne volonté et de moyens" c'est ne rien connaître à la réalité du terrain car, même pour ceux qui ont tenté la bonne volonté, les moyens n'existent pas. En dehors d'une partie du Béarn, voyez-vous beaucoup de cabanes aménagées aux normes de la législation du travail? Combien de bergers ont tenu à Melles ou Migouélou? Cinq en trois mois en raison des conditions de vie. Quelles clôtures pour protéger les troupeaux la nuit? Des filets alors que l'ours dans un enclos se trouve dans une véritable cage (400.000 Euros pour un ours dans le Trentin). Prétendre que "l'ours est un atout pour le développement du territoire" ne manque pas d'un certain culot. Si c'était le cas, cela se saurait depuis longtemps et tout le monde se précipiterait pour en avoir. Mais lorsque nous voyons seulement 5 ou 6 éleveurs pour le broutard du Pays de l'Ours sur 11 communes adhérentes à l'ADET (Association de développement Economique et Touristique) et une vingtaine pour le fromage "Pe Descaous" en Béarn, nous ne pouvons pas, raisonnablement, parler de succès. Et ne parlons pas de ce qui a été vu en Espagne et Italie.
Il s'agit bien d'un échec et nous ne pouvons que constater "le gouffre qui les sépare de la réalité" pour reprendre les termes du communiqué de l'ADET. "Le miracle économique" avec l'ours, beaucoup y ont cru, notamment en Béarn et en Ariège. Mais ils l'attendent encore. Et cela dure depuis 10 et 20 ans. Ce n'est pas maintenant qu'il faut leur raconter des histoires.
Il y a un réel malaise entre deux conceptions de la société mais aussi de l'exercice de la démocratie locale. Ceux qui veulent imposer un point de vue par la force (introduction avec des gens en arme refusant l'accès à un élu de la République) pour satisfaire une idéologie plus qu'un concept environnemental et qui, de surcroît, ne vivent pas, majoritairement, dans les territoires de montagne et ceux qui vivent et travaillent sur les territoires et qui proposent un concept environnemental vivant, à l'opposé du "tout sauvage", et qui a toujours fait la richesse de la biodiversité et des paysages des Pyrénées.
Dans cette affaire, l'ours n'est que l'otage, le prétexte d'un conflit voulu et organisé dès 1985 pour satisfaire des motivations commerciales (entreprises de commerce comme La Maison de Valérie, publicitaires, médias... avec des pages achetées dans Le Monde et Libé), obtenir des subventions pérennes et créer quelques emplois assez dérisoires. L'éleveur, le berger, les collectivités locales n'en retirent rien sauf des situations conflictuelles permanentes qu'il faut gérer depuis 1982 (le premier plan de sauvetage de l'ours date de 1984). Selon la rumeur, des témoignages, un ouvrage écrit par Marianne Bernard en 1992, les environnementalistes et leurs financeurs auraient usé de la manipulation, du mensonge, de la menace, parfois même, paraît-il, de tentative de corruption pour la sauvegarde de l'ours qui "va devenir l'affaire de pisse-froid tristes à en mourir" (Cf. Marianne Bernard dans "Génération Démagogie" - 1992). Difficile de tout prouver après tant d'années mais le souvenir est tenace comme ce dossier de presse édité en mai 1989 (La Maison de Valérie créera l'association ARTUS fin septembre 1989 dans laquelle la démocratie n'était pas de mise) par la Maison de Valérie avec ce slogan redoutable "Qu'ils crèvent!" Ce n'était pas à l'adresse des ours, rassurez-vous. Dans le même temps il était lancé un ultimatum au gouvernement. "Nous mettons l'Etat en demeure d'assumer sa responsabilité. D'exercer sa prérogative. L'opinion publique s'est déjà exprimée. Nous sommes assurés de son soutien." Voilà des méthodes de coup d'Etat assez surprenantes, peu démocratiques, mais vécues par des acteurs actuels. Dans le fond, c'est ce qu'ils ont reproduit en 2005 avec des sondages assez surprenants.
Que dire de cette appréciation du docteur Christopher Servheen de l'Université du Montana (USA), coordinateur du plan fédéral de restauration du Grizzli au sujet de ce qui se passe dans les Pyrénées à la fin des années 80: "Le frein principal de la recherche sur l'ours provient de sentiments négatifs de la communauté des protecteurs de la nature qui considèrent que la recherche peut être utilisée par le gouvernement pour reporter dans le temps la mise en place des mesures de gestion importantes." (Ref. Spécial ours brun des Pyrénées. Page 38 à 43. janvier 1990) Assez surprenant mais suffisant pour avoir des réticences quant aux intentions de ces associations dites "pro-ours" qui font n'importe quoi sur le plan environnemental, biodiversité et développement durable. Le système n'a pas changé.
Nous pourrions également citer ce projet de démolir les cabanes de berger et "déplacer éleveurs et bergers dans les banlieues de Tarbes et Pau en leur payant le RMI." Quelle belle idée sociale et humaine!
Tout ceci marque les esprits d'un bout à l'autre de la chaîne des Pyrénées. Rien n'est oublié même si on ne fait pas le réveillon avec ces souvenirs. Néanmoins les administrateurs de l'ADDIP et des associations adhérentes connaissent leur histoire. Ils ne se laisseront "plus rouler dans la farine". Philippe Lacube, Président de l'ADDIP a d'ailleurs été très clair lors de sa conclusion de l'AG de l'ASPAP le 1er février dernier en disant: "Que l'on me montre un pays sur une étendue aussi vaste que les Pyrénées avec une activité humaine de pastoralisme qui cohabite avec l'ours. Si on me montre ce pays, j'y vais pour voir. Mais comme ce pays n'existe pas.... Inutile de perdre notre temps et de dépenser de l'argent public. "Pour lui " les voyages devraient s'arrêter là, nous en savons assez."
Louis Dollo, le 4 février 2008