Le Monde des Pyrénées

Suivi de l'ourson de Canelle après la mort de mère 2004-2005

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Suite à la mort de Cannelle tuée par un chasseur en vallée d'Aspe, que deviendra son ourson qui la suivait? Survivra-t-il? C'est toute la question.
Nous allons essayer de suivre les informations au cours des mois qui viennent après la mort de la mère 2004-2005.

- L'ourson de Cannelle repéré fin décembre 2004

Le Réseau ours a constitué des réserves de nourriture, "au cas où l'enneigement deviendrait trop important pour qu'il se nourrisse seul".

L'ourson de Cannelle, dernière ourse de souche pyrénéenne abattue le 1er novembre par un chasseur, a été repéré le 24 décembre et semble en "relative bonne forme", a indiqué mardi soir 11 janvier Jean-Jacques Camarra, coordinateur du Réseau ours brun de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
"Nous avons vu sa trace la dernière fois le 24 décembre, à 1.850 m sur un col enneigé, ce qui donne à penser qu'il est en relative bonne forme", a précisé Jean-Jacques Camarra lors d'un débat organisé par l'institut Paul Ricard.
Selon lui, le fait qu'il n'ait pas été repéré depuis le 24 décembre "n'est pas inquiétant", car il est en phase d'hibernation, où il se manifeste moins.
L'ourson a été repéré une dizaine de fois depuis le 1er novembre sur les zones qu'il fréquentait avec sa mère, en haute vallée d'Aspe (Pyrénées-atlantiques).

- Un ourson sur deux meurt avant l'âge adulte

"Je précise que nous ne l'avons pas nourri", a expliqué Jean-Jacques Camarra. "Nous essayons de le garder dans les conditions naturelles".

Le Réseau ours a constitué des réserves de nourriture, "au cas où l'enneigement deviendrait trop important pour qu'il se nourrisse seul", a toutefois indiqué Jean-Jacques Camarra.
Il y a heureusement cette année "beaucoup de nourriture naturelle": glands, faines etc.
L'ourson est un mâle d'un an. Il mesure 50 cm au garrot et pèse 25 kg. Sa survie est loin d'être acquise: un ourson sur deux meurt avant l'âge adulte.
Jean-Jacques Camarra avait "baptisé" en 1994 sa mère Cannelle. Il estime entre 14 et 18 le nombre total d'ours dans les Pyrénées françaises et espagnoles, dont 3 ou 4 mâles (mais aucune femelle) de souche pyrénéenne, les autres étant issus de la réintroduction d'ours slovènes en 1996/97. Le père de l'ourson est d'ailleurs d'origine slovène.
Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier a indiqué qu'il "prendra une décision dans les tout prochains jours sur la question d'une réintroduction éventuelle d'ours dans les Pyrénées", mardi lors de ses voeux à la presse.

Source: Permanent du Nouvel Obs

- Privé de mère, le petit ours se terre

Cela pourrait ressembler à un conte de Noël. Car le 24 décembre, on a trouvé des traces de pattes d'ourson dans la neige. Ce sont les derniers indices laissés par l'orphelin des montagnes. Depuis, bébé ours a dû mettre son bonnet de nuit et ses boules Quiès, se pelotonner dans sa tanière et plonger dans le sommeil réparateur de l'hibernation. O douce (et longue!) nuit! Il faudra attendre la fin du mois de mars pour qu'il réclame son Ricoré et son miel.
En fait, cet ourson est sous très haute et très discrète surveillance depuis la mort de sa mère, Cannelle, le 1er novembre dernier.
"S'il s'était affaibli, il aurait eu tendance à descendre vers les vallées, estime Jean-Jacques Camarra, de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Mais on l'a remarqué plutôt en altitude: il a l'air d'avoir du jarret! "C'est tout le réseau Ours brun qui est au chevet de ce rejeton. Des techniciens discrets et expérimentés qui le suivent, si ce n'est pas à pas, du moins, à la trace. Ils ont l'oeil pour distinguer dans la boue, la neige ou le lichen la signature des grosses papattes d'un plantigrade qui doit actuellement peser dans les 20 kg.
Dans tout le secteur, la chasse est interdite. Les promeneurs sont tenus à l'écart. Même le ministre ne s'approche pas. Personne pour mettre la pagaille dans la nursery.

Faines et Glands
Côté nourriture, on est désormais rassuré: " Juste après la mort de Cannelle, explique Pierre-Yves Quenette, du groupe Ours, on avait prévu de disposer des plots de nourrissage pour lui éviter de mourir de faim. Mais en fait, on n'a pas eu besoin de s'en servir. Il s'est débrouillé tout seul".
"C'est beaucoup mieux ainsi, affirme Jean-Jacques Camarra: il faut tout faire pour qu'il se nourrisse par lui-même, qu'il ait un comportement totalement naturel et que nous intervenions le moins possible".
Le glouton, qui devait s'engraisser avant d'aller à la sieste, a pu profiter d'une forêt garde-manger encore bien garnie.
"On trouve des faines, qui sont les fruits du hêtre, explique Pierre-Yves Quenette. L'ourson peut aussi manger des glands, des sorbiers, des baies des églantiers: il y a encore quelques fruits séchés qui subsistent avant l'hiver...". Après avoir fait le plein, il a dû donc dégoter une tanière pour passer les grands froids: "Soit un endroit repéré avec sa mère, soit un site qu'il aura trouvé tout seul...".
Lui qui est né il y a tout juste un an n'aura pas, cette saison, la douce chaleur maternelle, ni lait d'ourse en self-service.
Doit-il craindre les prédateurs?
"Oui, notamment les autres ours, avertit Pierre-Yves Quenette. Ils peuvent très bien s'attaquer à lui pour le dévorer: cela s'est déjà vu." Une meute de gros chiens peut aussi être dangereuse pour l'ourson.
Et les loups? Il n'y en aurait que deux ou trois, à l'autre bout de la chaine des Pyrénées. Reste à savoir si les bébés ours ont peur du loup...
Dominique Delpiroux

Article paru le 08/01/2005
Source: La Dépêche du Midi

- L'ourson de Cannelle "en relative bonne forme"

Le mâle, âgé d'un an, a été aperçu vivant le 24 décembre, selon un expert. Si la nourriture naturelle abonde, sa survie n'est pourtant pas assurée.

L'ourson de Cannelle, dernière ourse de souche pyrénéenne abattue le 1er novembre par un chasseur, est vraisemblablement vivant. "Nous avons vu sa trace la dernière fois le 24 décembre, à 1.850 m sur un col enneigé, ce qui donne à penser qu'il est en relative bonne forme", a indiqué Jean-Jacques Camarra, coordinateur du Réseau ours brun de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Selon lui, le fait qu'il n'ait pas été repéré depuis le 24 décembre "n'est pas inquiétant", car il est en phase d'hibernation, où il se manifeste moins. L'ourson a été repéré une dizaine de fois depuis le 1er novembre sur les zones qu'il fréquentait avec sa mère, en haute vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques).
Des réserves de nourriture
"Je précise que nous ne l'avons pas nourri", a expliqué Jean-Jacques Camarra. "Nous essayons de le garder dans les conditions naturelles". Le Réseau ours a constitué des réserves de nourriture, "au cas où l'enneigement deviendrait trop important pour qu'il se nourrisse seul", a toutefois indiqué le responsable. Il y a heureusement cette année "beaucoup de nourriture naturelle": glands, faines etc. L'ourson est un mâle d'un an. Il mesure 50 cm au garrot et pèse 25 kg. Sa survie est loin d'être acquise: un ourson sur deux meurt avant l'âge adulte.
Jean-Jacques Camarra avait "baptisé" en 1994 sa mère Cannelle. Il estime entre 14 et 18 le nombre total d'ours dans les Pyrénées françaises et espagnoles, dont 3 ou 4 mâles (mais aucune femelle) de souche pyrénéenne, les autres étant issus de la réintroduction d'ours slovènes en 1996/97. Le père de l'ourson est d'ailleurs d'origine slovène. Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier a indiqué mardi qu'il "prendra une décision dans les tout prochains jours sur la question d'une réintroduction éventuelle d'ours dans les Pyrénées".

Source: News TF1 du 12 janvier 2005

- Dis, quand est-ce que tu te réveilles, nounours?

Pas de nouvelles. Bonnes nouvelles. D'après Jon Swenson (NdR: UICN), expert norvégien sur la conservation de l'ours, il n'y a pas de raison que l'ourson de Cannelle ne soit pas en vie. Et même réveillé après quelques mois de torpeur hivernale. "Dès l'âge de 7 mois, les oursons orphelins peuvent survivre". Le sourire de l'expert norvégien auprès de l'Union internationale pour la conservation de la nature ne laisse planer aucun doute sur l'avenir de cet ourson maintes fois vu en compagnie de Cannelle. Privé subitement de sa mère, dernier ours brun des Pyrénées, abattue par un chasseur en novembre dernier dans la vallée d'Aspe, l'ourson n'a plus donné signe de vie. Agé alors de 11 mois, le bébé de Cannelle s'est retrouvé seul à l'entrée de l'hiver. Après une période d'errance et d'abattement, la meilleure solution qui s'imposait à lui était l'hibernation. Comme tous ses congénères, le petit - encore sans prénom - s'est couché dans une tanière improvisée dans une cavité rocheuse ou "aménagée" dans un abri sous la végétation. Les caprices climatiques d'un long hiver à peine entrecoupé de jours printaniers auraient-ils à ce point retardé sa sortie de la torpeur hivernale?

Le réveil a sonnébr> A l'heure qu'il est, l'ourson, réveillé par l'horloge biologique et émoustillé par les parfums du printemps, doit être en train de gambader dans la montagne à la recherche de nourriture. Tombera-t-il museau à museau avec d'autres ursidés, dans ce vaste territoire? On dénombre aujourd'hui 14 à 18 ours bruns sur l'ensemble des Pyrénées françaises. Sur le versant espagnol, la Cantabrie en recense une centaine. Dans la partie occidentale des Pyrénées françaises, ont été repérés trois mâles adultes (Aspe-Ouest, Camille et Néré) et un ourson mâle. Dans la partie centrale et orientale vivent 10 à 14 individus: deux femelles (Ziva et Caramelle), 2 à 3 mâles adultes Pyros, Boutxy et peut-être Kouki dont on a perdu la trace depuis 2003. Deux femelles d'au moins un an ont été identifiées par la génétique et deux jeunes d'un peu plus d'un an et demi ont été observés visuellement, ainsi que deux individus nés en 2000 de Ziva, 1 à 2 individus nés en 2002 de Ziva et un ourson né en 2004. En attendant des nouvelles fraiches de l'ourson aujourd'hui âgé de 14 mois, la concertation se poursuit. Ainsi que les réunions de travail franco-espagnoles qui déboucheront sur la rédaction d'un mémorandum.

Dans la peau de l'ours
Cette concertation menée avec les institutions, les élus, les associations, les partenaires de la vie montagnarde et le gouvernement espagnol fait suite à la décision de Serge Lepeltier, ministre de l'Ecologie et du Développement durable, de doubler la population d'ours bruns dans les Pyrénées. En effet, 5 nouveaux spécimens doivent être introduits à l'automne 2005, 5 autres en 2006 et les 5 derniers en 2007. L'objectif est de parvenir, avec les naissances espérées, à un cheptel oursin d'une cinquantaine d'individus. D'ici-là, il faut préparer le terrain et alimenter le dialogue sur ce sujet passionné sinon passionnel. Un site web a été ouvert à cet effet. Il a déjà recueilli plus d'un millier d'avis. Des forums citoyens (lire ci-contre) ont été suscités par la Mission Agrobiosciences, bien dans son rôle de médiateur, qui a apporté sa logistique, ses compétences et son savoir-faire dans le débat. Chacun a pu se mettre dans la peau de l'ours (ou de son adversaire) pour faire remonter remarques et suggestions...

Auteurs: Martine Cabanne et Pierre Escorsac
Source: La Dépêche du Midi

- Des traces de l'ourson de Cannelle dénut mai 2005

Des preuves de vie du petit de l'ourse abattue en novembre par un chasseur ont été découvertes samedi dans les Pyrénées-Atlantiques. Depuis la mort de Cannelle, la population d'ours brun est réduite à quatre mâles dans le Haut-Béarn, y compris l'ourson orphelin aujourd'hui âgé d'environ 16 mois.

Sa mère Cannelle avait été abattue en novembre dernier par un chasseur. Pour la première fois depuis quatre mois, des traces de l'ourson ont été relevées ces derniers jours en vallée d'Ossau, dans les Pyrénées-Atlantiques. C'est ce qu'a annoncé le groupe Ours Pyrénées qui milite pour la protection des plantigrades. "Cela prouve qu'il est vivant", s'est félicité Gérard Caussimont, le président de l'association.

Les traces dans la boue et la terre humide ont été repérées samedi à 1.500 mètres d'altitude, dans un secteur autrefois fréquenté par l'ourse Cannelle car riche en faines, le fruit du hêtre. La semaine dernière, un garde du Parc National avait déjà vu des traces "moins précises" dans la neige.

Depuis la mort de l'ourse Cannelle, la population d'ours brun est réduite à quatre ours mâles dans le Haut-Béarn, y compris l'ourson orphelin aujourd'hui âgé d'environ 16 mois. Le ministre de l'Ecologie avait annoncé en décembre un plan de réintroduction prévoyant de doubler en trois ans la population ours des Pyrénées. Mais "ce plan est au point mort" dans le département des Pyrénées-Atlantiques en raison notamment de l'opposition des chasseurs et des bergers, selon le Groupe Ours. Pour l'association, "s'il n'y a pas renforcement, s'apitoyer sur le sort de l'ourson ne sert à rien".

Source: TF1

- L'ourson a passé l'hiver

Vallée d'Ossau. Deux naturalistes du FIEP ont retrouvé des traces du petit de Cannelle, samedi

Qu'était-il advenu du petit de Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne, abattue par un chasseur en vallée d'Aspe au mois de novembre 2004?
Cette question a trouvé sa réponse cette fin de semaine: l'ourson est bien vivant. Gérard Caussimont et Alain Bruel, deux naturalistes du Fonds d'intervention éco pastoral (Fiep), Groupe ours Pyrénées ont retrouvé samedi en vallée d'Ossau plusieurs traces d'un jeune plantigrade, correspondant à la taille de l'ourson de Cannelle, né au début de l'année 2004. Cette observation a été validée par le coordonnateur du Réseau ours, Jean-Jacques Camarra et ne fait que confirmer les observations faites la semaine dernière par un garde du Parc national des Pyrénées.
"Ces traces ont été trouvées dans un secteur fréquenté habituellement par Cannelle quand elle avait des petits et où il restait encore des faines (fruits du hêtre) conservées sous la neige pendant plus de six mois. Le jeune ourson a dû s'en nourrir", explique Gérard Caussimont.

Renforcement vital.
"C'est une bonne nouvelle qui ne doit pas cacher la situation dramatique de l'ours en Béarn, condamné à disparaitre s'il n'y a pas un renforcement", poursuit le naturaliste. Gérard Caussimont rappelle que dans les Pyrénées-Atlantiques, l'homme est responsable de la mort de plusieurs ours au cours de la dernière décennie. "Il faut réparer estime-t-il. S'il n'y a pas de renforcement, s'apitoyer sur le sortde l'ourson ne sert à rien, car cela veut dire que la disparition de l'ours est voulue. "Le président du FIEP profite de l'occasion pour rappeler que ce renforcement fut accepté localement. "Ceux qui bloqueraient le renforcement de deux femelles dont le principe a été accepté à l'Institution Patrimoniale le 8 décembre, porteraient la lourde responsabilité de la disparition de cette espèce dans notre département. L' IPHB et les signataires de la charte, renouvelée en 2004, doivent honorer leurs engagements, après avoir bénéficié des avantages liés à la charte pendant dix ans."
Aussi le Fiep - Groupe ours Pyrénées lance-t-il un nouvel appel aux responsables locaux, départementaux et régionaux pour qu'il trouvent une solution avec le ministère de l'écologie "afin d'appliquer dans les Pyrénées-Atlantiques le renforcement et le Plan de soutien à l'économie de montagne qui l'accompagne."

Auteur: Marcel Bedaxagar
Source: Sud-Ouest du 16 mai 2005

- Hibernation réussie pour l'ourson de Cannelle

Faune. L'animal, dont la mère a été abattue par un chasseur, a laissé des traces dans les Pyrénées-Atlantiques. Les premières depuis quatre mois.

Il reste bien quatre ours dans les Pyrénées-Atlantiques: l'ourson de Cannelle a laissé, samedi, des traces fraiches dans la boue, de quoi constater qu'il a survécu à l'hiver. Sa mère était devenue célèbre le 1er novembre 2004, jour où elle fut abattue par un chasseur: elle était la dernière femelle de la souche pyrénéenne. Mais Cannelle appartenait à la même espèce que l'ours brun de Slovénie. A l'automne, ce cousin va permettre d'augmenter en France une population au nombre encore anecdotique: aux quatre présents en Pyrénées-Atlantiques s'ajoutent une dizaine vivant dans le centre et l'est du massif.

Emotionnelle.
C'est donc dans la vallée d'Ossau, à 1.500 m d'altitude, que les traces de l'ourson, les premières depuis quatre mois, ont été relevées samedi par un membre du réseau de surveillance, dans un secteur que Cannelle fréquentait autrefois. Les spécialistes craignaient que l'ourson trop jeune n'ait pas acquis assez d'autonomie pour survivre à l'hibernation. Le voilà âgé de 16 mois et apparemment sauvé.[NdR: à consulter] "C'est une demi-surprise, note Pierre-Yves Quenette, responsable de l'équipe technique ours pour les Pyrénées à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. On savait qu'il avait ses chances, il a réussi à s'alimenter et à trouver une tanière. Depuis la sortie de l'hiver, nous prospections à la recherche de traces." Les ours se nourrissent à 70 % de végétaux et à 30 % de viande (ovins, insectes...)

L'importance de l'ourson est surtout émotionnelle.
Ce ne sont pas quatre mâles qui assureront la survie de l'espèce: ils sont en période de rut en ce moment mais n'ont pas la moindre femelle à se mettre sous la dent, la plus proche étant à 150 kilomètres de là... Trop loin pour un ours, même motivé. En effet, à l'est et dans le centre des Pyrénées, vit l'autre groupe de plantigrades, une dizaine dont quatre femelles. Leur introduction en 1996 et 1997 en provenance de Slovénie a été un succès. Aussi en janvier, le ministre de l'Ecologie a-t-il annoncé un plan consistant à doubler la population des ours sur le massif. Cinq bêtes sont attendues à l'automne.

Il s'agira essentiellement de femelles achetées à la Slovénie, 10.000 euros l'animal, sans compter les frais de transport. Chaque ours est capturé avec des pièges à lacets attiré par de la nourriture, il met la patte dans un noeud coulant, puis endormi et transporté en camion avant d'être relâché dans une zone boisée. Ce projet, qui a déjà suscité beaucoup de réactions, relève de l'homéopathie si l'on regarde ce qui se passe dans les pays voisins. Alors que la population ursine est estimée entre 14 et 18 individus en France, elle atteint près de 600 en Slovénie. En Espagne, dans les monts Cantabriques, on recense entre 90 et 120 ours.

"Primes pour tuer".
Le rapport de ces pays avec l'animal n'a rien à voir avec celui qu'entretient la France, où le débat est passionnel: fantasme de citadin pour les uns, dernière chance de posséder encore une vie sauvage sur le territoire pour les autres. En Espagne, dans les Asturies, la mort de Cannelle a fait la une des journaux car elle est inimaginable dans le pays: ainsi, les battues aux sangliers sont interdites dans les zones les plus fréquentées par l'ours. "En Slovénie, l'ours a toujours été présent; s'il fait des dégâts, c'est un élément naturel comme une averse de grêle, explique Pierre-Yves Quenette. Chez nous, la situation est plus artificielle et les plus âgés se souviennent qu'ils touchaient des primes pour tuer l'ours. Il faut se réhabituer."

En France, chaque année, entre 120 et 200 brebis sont tuées par l'ours, sur un cheptel de 600.000 brebis dans les Pyrénées. En soi, ce chiffre est assez faible mais c'est souvent la goutte d'eau de trop pour des éleveurs confrontés à des difficultés économiques.

Auteur: Sylvie Briet
Source: Libération mardi 17 mai 2005