Ce matin, une centaine d'éleveurs des Hautes-Pyrénées sont venus "offrir" au Préfet le résultat de l'abattage de brebis par Franska. Une manière très particulière de célébrer le bien-être animal revu et corrigé par les protecteurs de l'ours. Ames sensibles, s'abstenir. L'odeur était également au rendez-vous...
Ce matin les éleveurs ont apporté à la Préfecture "un exemple vivant du bien être animal"... sans jeux de mots.
Alors que de grandes précautions sont prises dans les abattoirs pour éviter les stress et la souffrance des animaux, il semble bien que l'ours ne s'embarrasse pas beaucoup de toutes ces précautions.
Bernard Moules, secrétaire Général de la FDSEA explique à une centaine de manifestants venus des toutes les Hautes-Pyrénées mais aussi d'Ariège et Haute-Garonne, que pour obtenir le retrait de l'ourse Franska "il faut passer par toutes les phases du protocole: se protéger, effaroucher et si elle persiste on pourrait envisager son retrait"
Voilà un beau programme qui existe "chez les bureaucrates bien installés dans leurs bureaux" mais il apparaît un net décalage entre la théorie d'un document administratif et la réalité du terrain. "On s'en fiche de ce qu'il faut faire, ce qu'on veut c'est qu'on fasse ce qu'il y a à faire dans les prochaines heures." Lorsque nous voyons l'ours "gambader sur les routes et dans les villages...hier il voulait prendre l'autoroute..." Et oui, ce matin elle était au lac de Montréjeau et les éleveurs font en sorte qu'elle y reste longtemps alors que l'Equipe Technique Ours, après une réunion de crise à la Sous Préfecture de la Haute-Garonne envisage sa capture pour la faire remonter en montagne. "Ils peuvent le faire, nous dit un éleveur, nous la redescendrons à Toulouse." Et ils en sont capables. La preuve!
Depuis les hauteurs du Nistos et de la Barousse ils l'ont amené sans anesthésie jusque sur les bords de l'autoroute.
"Il faut la tuer" dit un autre. Pourtant, Bernard Moules prévient. Mais il précise "un jour il y aura une catastrophe" Déjà, à Pouzac, il y a quelques semaines, le leader
ariégeois Philippe Lacube avait dit "il n'y a jamais eu autant d'armes qui circulent la nuit sur les routes de l'Ariège" Personne ne veut prendre ses menaces au sérieux mais
parmi les responsables agricoles tous voudraient "éviter qu'une personne qui ne se maîtrise plus.... Une personne peut avoir une réaction que nous ne souhaitons pas." Et
d'avertir "s'il reste un peu de raison à l'Etat, il faut cesser cette situation....Dire à l'Etat que c'est devenu insoutenable et que l'ordre public est particulièrement troublé."
Christian Puyo, Président de la FDSEA rappelle que "plus de 100 brebis ont été tuées en un mois" Et il faut y rajouter les attaques de vautours. "Si on veut que les citoyens respectent l'Etat, il faut que l'Etat respecte les citoyens."
Marie-Lise Broueilh met l'accent sur "l'atrocité subi par les animaux" et explique de quelle manière "l'Etat minimise la quantité de prédation" en rappelant ce qui s'est passé en Ariège (voir Lourdes-Infos d'hier et aujourd'hui) mais aussi sur le massif du Pibeste et de l'Estibette. Elle rappelle également les conséquences d'une attaque d'ours sur un troupeau qui peut s'étaler sur plus d'une année avec les avortements, les retards de saillies dues au stress, les pertes de revenues, etc... sans parler des incidences écologiques.
Une délégation d'éleveurs a été reçue par le Préfet notamment les éleveurs de la Barousse ayant été récemment sinistrés. "Nous sortons à peu près comme vendredi, il y a 3 semaines" nous dit Bernard Moules. C'est-à-dire que rien ne bouge. "Nous avons pris acte de ce qu'a dit le Préfet pour sensibiliser le Ministère." Pour le "combat mené depuis 2000 est légitime. Si nous ne le menions pas, les générations qui suivent nous le reprocheraient. On doit continuer pour obtenir le retrait rapidement et pour que cesse ce programme d'introduction qui nuit à tous les secteurs de l'économie. Aujourd'hui, beaucoup de gens ont vu l'ours et ses dégâts."
Il rappelle que "ce n'est pas une battue qui est dangereuse, c'est l'ours qui est un danger." Il s'indigne du fait que "l'ours est plus protégé que l'humain." Et pire encore que l'on "humanise" l'ours en parlant de "dépouille mortelle alors qu'il ne s'agit que du cadavre d'un animal"... "L'humanisation est anormale "
La situation n'est pas encore débloquée. Les représentant de l'élevage des Hautes-Pyrénées devraient être reçus les 26 juillet par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'écologie.
En attendant, des éleveurs sont exaspérer et de nombreuses brebis vont encore mourir dans des conditions atroces.
Texte et photos: Louis Dollo