Le texte ci-dessous de Jean-Baptiste Larzabale remet les pendules à l'heure quant au régime alimentaire de l'ours. Il démonte point par point les théories pro-ours par lesquelles l'ours est devenu, par hasard, une sorte de végétarien au même titre que la vache ou la brebis. Ou, dans le meilleur des cas, omnivore avec tendance herbagère. Il est tout aussi stupéfiant que des agents du Parc National des Pyrénées et de l'ONCFS valident de telles thèses alors que partout il est question de "grands carnivores".
L'ours, animal sauvage est guidé par son instinct et une partie importante de ses activités, en dehors de la période de chaleur, est conditionnée par la rechercher de nourriture. L'ours brun est un animal classé carnivore par les scientifiques. L'anatomie de la mâchoire, de la dentition et de l'appareil digestif sont caractéristiques d'un carnivore. A l'état sauvage comme tous les carnivores il recherche des aliments essentiellement d'origine animale: son régime est constitué à titre principal de poisson ou de viande selon les ressources du milieu dans lequel il se trouve.
- "L'ours s'attaque au bétail, surtout aux moutons, pille les ruches, consomme les fruits de certains arbres fruitiers et des céréales comme le maïs". Cyrille De Klem, représentant français au conseil Européen, 1988
- "Chez les ours des Pyrénées, la part animale annuelle dans le régime alimentaire correspond à 20% du contenu des excréments: 10% sont des insectes et 10% sont des mammifères. 80% de ces derniers proviennent de bétail domestique obtenu surtout comme charogne; les restes des ongulés sauvages appartiennent à des cerfs et des chevreuils". Berducou, 1982 & Caronas Fapas, 2006
Comme pour tout animal, l'étude du régime alimentaire de l'ours nécessite la connaissance des aliments absorbés ou à défaut le prélèvement et l'analyse des laissées et des urines. Le recueil des urines d'un ours en liberté n'est pas possible. L'étude du régime alimentaire se limite donc à l'observation visuelle des prises de repas et à l'analyse des laissées collectées. Ces excréments constituent pour la presque totalité la partie indigestible des aliments, et pour la partie minime, restante, les produits de la desquamation de l'épithélium de l'appareil digestif.
Une étude réalisée par une équipe de scientifiques sur les laissées apporte des précisions essentielles sur le régime alimentaire des ours dans les Pyrénées.
- "Les mammifères constituent au final 44,3% du régime alimentaire. Ayant la densité énergétique la plus élevée des aliments consommés par l'ours, ils sont les éléments clés du régime de cet animal. Les aliments d'origine animale (mammifères et insectes) sont majoritaires au printemps (81,8%); l'ours dispose à la sortie de l'hiver d'une abondance exceptionnelle de viande: d'une part les charognes et les animaux affaiblis par l'hiver et d'autre part les jeunes mammifères très vulnérables, car encore peu rapides et inexpérimentés. S'y ajoutent les couvains d'abeilles: deux à trois ruches suffisent à couvrir les besoins les plus élevés d'un ours de plus de 100 kg. Les aliments d'origine animale sont moins consommés en été (64,5%) et deviennent minoritaires (46,7%) dans le régime alimentaire automnal de l'ours. En effet l'été les mammifère sauvages ont acquis habileté et vitesse pour fuir, et l'ours se tourne vers les troupeaux domestiques et plus particulièrement vers les brebis les plus vulnérables. L'automne les troupeaux sont descendus dans les vallées. L'ours recherche alors les aliments de la montagne auxquels il a déjà goutté en fin d'été ou des champs cultivés". Lagalisse Y, Quenette Py, Rech J et Lignereux Y. 1996-1999
- "Toutefois, même si elle est influencée par de nombreux facteurs environnementaux, la stratégie alimentaire de l'ours répond toujours au même principe: celui de l'utilisation préférentielle des aliments de plus forte densité énergétique. Cette règle justifie amplement la première place par ordre d'importance qu'occupent tout au long de l'année les mammifères ongulés". Lagalisse Y, Quenette Py, Rech J et Lignereux Y. 1996-1999
- "...végétaux et insectes représentent 80 à 90 % de son alimentation /./ Comme une vache au printemps, l'ours mange l'herbe tendre des pâturages de moyenne montagne /./ A noter: un milieu riche en nourriture. Les ours des Pyrénées n'ont pas besoin d'être nourris. Le milieu naturel Pyrénéen est assez riche pour nourrir une population viable de 70 à 100 ours sur toute la chaîne". Dossier pédagogique-L'ours des Pyrénées- (FIEP, groupe ours, ministère de l'environnement) édition 1999.
- "L'ours est un omnivore se nourrissant de végétaux à 80%, il consomme des insectes, des charognes, et son instinct de prédateurs ressurgira parfois au détriment d'une tête de bétail". Dossier pédagogique- Les pâturages des Pyrénées en altitude (FIEP, groupe ours, édition 2007).
A l'encontre de toutes les classifications, l'ours brun y est représenté à l'identique du sanglier: omnivore.
- "Le régime alimentaire de l'ours brun est présenté comme végétarien de 80 à 90%". Gestion forestière et ours rapport du 24 juin 2009 remis à Mme Jouanno du Ministère de l'environnement
Dans chacun des documents cités, on y trouve une représentation du régime alimentaire de l'ours et des graphiques en totale contradiction avec l'étude coproscopique des scientifiques, avec les documents du Fapas (Espagne), ainsi qu'avec l'alimentation de l'ours en Slovénie.
Ne peut-on s'interroger sur les raisons de telles présentations! Ignorance ou Manipulation?
- "Les aliments utilisés par l'ours différant dans leur composition et leur digestibilité, la composition des fèces procure une estimation fortement biaisée du régime alimentaire
réel de cet animal /./ L'aspect grossier des restes végétaux retrouvés dans les laissées indique une faible capacité du tube digestif de l'ours brun à effectuer une dégradation
poussée de la matière végétale. Celle-ci occupe de ce fait la quasi-totalité du volume des laissées, et il possible que l'orientation phytophage (alimentation végétale) de l'ours
brun des Pyrénées ait été surestimée jusqu'ici /./
Longtemps considérées comme aliment d'importance dans le régime alimentaire de l'ours, les herbacées ne représentent que 5,9% de la composition alimentaire estimée / /. Lagalisse
Y, Quenette P-Y, Rech J et Lignereux Y. étude coproscopique.
- "De nombreuses études sont basées sur des analyses fécales, elles sous-estiment la part importante des animaux, et notamment des grands mammifères, dans leur régime alimentaire". John E. Swenson, professeur Scandinave, coprésident du programme ours, Europ-Asie, il a établi à la demande du ministère de l'environnement français les "Recommandations sur le projet de renforcement de la population d'ours bruns des Pyrénées".
En l'absence de ressources carnées, l'ours brun n'a pas d'autre solution que de consommer les végétaux, en commençant par les parties les plus énergétiques telles que les fruits secs ou charnus ou tout autre végétal même au stage feuillu. Il en est de même pour l'ours blanc qui à mesure que la glace de l'arctique fond, ne peut plus se déplacer sur la banquise; en absence de tout animal à se mettre sous la dent il n'a pas d'autre alternative, que de dévorer ce qu'il trouve, les lichens et les algues, de la terre où il est prisonnier. Nombreux ours blancs, morts de faim dont l'autopsie permet de constater que l'estomac ne contenait que des végétaux.
Un régime alimentaire à base de végétaux ne permet de couvrir ni les besoins d'entretien, ou de croissance et encore moins de constituer des réserves pour passer l'hiver. De plus une consommation passagère ou chronique de végétaux en condition de survie, n'autorise pas l'attribution à l'ours, du qualificatif omnivore.
Si le régime est constitué à 99% de végétaux (herbe jeune de prairies) comme indiqué par le FIEP,
- L'apport de 15000 Calories/jour (correspondant au besoin d'un ours normal de 70 à 100Kg) suppose une consommation de 115Kg d'herbe parjour. (Cela représente7 fois la capacité d'ingestion!)
- L'apport de 20000 Calories/jour (correspondant au besoin d'uneourse suitée de 70 à 100Kg) suppose une consommation de 154Kgd'herbe par jour. (Cela représente 10 fois la capacité d'ingestion!)
Les fruits ne peuvent constituer qu'un appoint. Si 90% des besoins (10 000C) étaient couverts par les fruits, l'ours normal devrait en consommer 24Kg /jour.La capacité d'ingestion est dépassée de 52%.
*(1 C = 1 Calorie = 1000 calories)
Présentation de Jean-Baptiste Larzabale - ASPP 65 /ADDIP