Philippe Lacube fait part de rumeurs en Ariège
Depuis 2008, des rumeurs d'ours tués, soit par arme à feu soit par empoisonnement, circulent dans les Pyrénées notamment en Ariège. Ces bruits évoqués par Philippe Lacube devant
les caméras de télévision ne sont pas nouveaux sauf pour ceux qui adoptent ostensiblement une position de vierge outragée. Les pouvoirs publics ont été très largement informés des
risques et des réalisations depuis plus d'un an. Les moyens mis en oeuvre via l'Andorre ont clairement été expliqués à des journalistes, des Préfets, des services de police et
gendarmerie et aux inspecteurs généraux de l'environnement chargés de l'établissement d'un rapport à mi-parcours.
L'enquête judiciaire se poursuit aujourd'hui au sujet de la mort éventuelle d'un ou deux plantigrades.
Producteur et éleveur aux Cabannes, en Haute-Ariège, Philippe Lacube, par ailleurs membre fondateur de l'ASPAP (Association pour la défense du patrimoine d'Ariège-Pyrénées), est convoqué aujourd'hui, à 9 heures, chez les gendarmes de Foix. Objet de cette convocation? C'est lui qui a déclaré en septembre à "La Dépêche du Midi" qu'au printemps dernier deux ours ont été abattus en Haute-Ariège. Une déclaration retentissante qui a généré une enquête d'abord administrative puis juridique demandée par la secrétaire d'état à l'Ecologie, Chantal Jouanno. C'est dans le cadre de cette enquête que Philippe Lacube sera entendu, après des dizaines d'éleveurs ariégeois passés dans le bureau des gendarmes.
Hier, Philippe Lacube était en vacances au Maroc où nous avons pu le joindre. Il s'apprêtait à prendre l'avion pour "revenir au pays". Il raconte: "J'ai été appelé sur mon portable pour venir à la gendarmerie de Foix. J'y serai. Mais je continue à assumer ce que j'ai dit et je ne lâcherai rien par rapport au fait qu'un ou deux ours aient été tués. C'est l'omerta des montagnes qui prévaut en la matière. En revanche, je considère la disproportion des moyens déplacés face à l'événement comme énorme. Pendant plus d'un mois, les gendarmes ont entendu les éleveurs ariégeois qui sont tous restés sous la loi du motus et bouche cousue. J'espère qu'ils ont compris qu'il ne fallait pas s'attendre à quoi que ce soit de notre part. Aujourd'hui, ce qui est important, en Ariège, ce n'est pas ma convocation, mais les obsèques de Jean-Pierre Laguerre, éleveur à Saint-Pierre-de-Rivière, auxquelles je me rendrai. Car lui aussi symbolisait cette résistance rurale à laquelle nous tenons tant."
Hier, un comité de soutien à Philippe Lacube s'est constitué immédiatement. Il viendra manifester ce matin devant la gendarmerie de Foix pour soutenir le producteur. Une nouvelle priorité après la manifestation monstre des chasseurs ariégeois sur les allées de Villote? Certainement. Car tous les agriculteurs du département ont décidé de soutenir leur chef de file. Nous ne saurons toujours pas ce soir qii quelqu'un a tué "Boutxy" et un autre ours.
Auteur: Jean-Christophe Thomas
Source: La Dépêche du Midi du 12 novembre 2009
Bérets vissés sur la tête, ours en peluche tenant une brebis entre ses dents à la main, banderole sous le bras, les éleveurs sont descendus de la montagne, hier matin, pour soutenir Philippe Lacube devant la gendarmerie à l'heure de sa convocation. Le leader anti-ours devait répondre à 9 heures aux enquêteurs dans le cadre de la procédure demandée par la ministre Chantal Joanno, sur la "disparition" d'un ou deux ours au printemps dernier en haute Ariège. En septembre l'affaire avait fait grand bruit quand Philippe Lacube avait annoncé que les plantigrades avaient été tués. Aussi hier matin, sur les allées de Villote, pour les membres de l'ASPAP, l'heure n'était plus au débat pour savoir qui aurait tué les ours et comment, mais bien plutôt porté sur le sujet de la réintroduction elle-même. Les oreilles des membres du comité écologique ariégeois ont dû siffler, tant les propos concrets, à l'image de ceux de cette éleveuse d'Axiat, ont été virulents de la part de ceux qui estiment "ne plus pouvoir travailler dans les montagnes".
Et sur la grande banderole blanche, pendue aux grilles de la gendarmerie, le slogan "Nous sommes tous avec toi Philippe" suffisait à résumer l'état d'esprit.
"attention aux dérives"
à la sortie de son audition, un peu plus d'une heure plus tard, Philippe Lacube nous confirmait n'avoir rien cédé: "Les gendarmes m'ont dit que toutes les réponses à leurs
questions étaient dans La Dépêche du jour (lire notre édition d'hier). Je leur ai confirmé que je n'avais effectivement rien à ajouter. En leur précisant toutefois qu'il était
important qu'ils fassent attention. On ne combat pas une identité, une vie locale sans créer des risques de dérives. L'ASPAP (association de sauvegarde du patrimoine
d'Ariège-Pyrénées) est là pour structurer. Vouloir couper les têtes de ses leaders c'est s'exposer à engendrer des réactions que l'on ne maîtriserait plus ensuite. Volontairement
je me suis placé sur le champ politique, car c'est là-dessus que nous sommes attendus".
Quant à l'enquête sur l'éventuelle disparition des ours, elle est toujours en cours. Cette audition l'aura-t-elle fait progresser?
Auteur: Jean-Christophe Thomas
Source:
La Dépêche du Midi du 13 novembre 2009
Cette situation n'est pas propre à la France. La même exaspération existe en Espagne de la Navarre à la Catalogne avec les mêmes moyens mis en oeuvre tout comme, dans une autre région plus lointaine, les Asturies.
Dans les manifestations des acteurs anonymes ne se sont jamais cachés de dire que "plus on en fait monter au ciel, plus il y en a. Comment ils arrivent?" Durant près de deux ans, un voile pudique a recouvert ces rumeurs. Vrai ou faux? Difficile à dire.
A une période, FERUS a dit avoir mis en place une "brigade "de surveillance du côté de Melles. Puis ils ont parlé de bluff de la part des éleveurs... Qui bluffait l'autre? Là aussi, difficile à dire. Le fait est que l'ASPAP a considéré que la vérité sur la localisation des ours n'étaient pas dite puisqu'au printemps 2009 ils mettent en place leur propre réseau de surveillance et d'information avec un serveur téléphonique qui en dit plus, mieux renseigné, que celui de l'équipe de suivi. Curieux?
Non. Normal! Depuis longtemps, l'équipe de suivi agit de manière solitaire avec peu ou pas de moyens humains alors que les ours se sont développés, répartis sur un vaste territoire, sans aucun moyen d'émission radio. Sans aucune aide des populations locales, comment trouver la trace d'un ours? Pas sérieux!
Les "contacts" sont de moins en moins nombreux. La montagne est de moins en moins surveillée. Et là, que se passe-t-il? Personne ne peut savoir sauf celui qui fait ou voit et... ne dit rien. Parce que, dans ces montagnes, personne n'a intérêt à y voir un ours pas même les quelques très rares éleveurs qui sont pour l'ours et qui, comme à Melles, malgré les dispositions prises, se rendent compte par la force des choses que cela ne fonctionne pas.
"Contacts" moins nombreux, pratiquement plus de prédations dans certains secteurs (du moins déclarées), 12 à 14 ours officiellement en Vall d'Aran dont les autorités françaises ne parlent jamais, ours éliminés, localisations officielles très approximatives, équipe de suivi sans moyens et sans appuis locaux, etc... sont la preuve de l'impuissance de l'Etat et son incapacité à gérer la situation. Qu'en serait-il s'il y avait une population d'ours viable de 100 à 200 individus? Encore un aspect de la situation qui rend de moins en moins crédible les fantasmes écologistes.
Alors, deux ours tués? Ou 5? Qu'en Ariège? Et pourquoi pas également ailleurs? Qui sait tellement la rumeur comme l'hostilité est forte. Il faudra sans doute attendre longtemps pour connaître la vérité. Mais une chose est certaine, comme le disait Paco Boya, Syndic d'Aran, eu balcon de la mairie de Lès: "ces ours disparaîtront comme les autres ont disparus".
Louis Dollo, le 22 septembre 2009