Si en France, dans les Pyrénées, le suivi de l'ours fait l'objet d'un véritable secret d'Etat, en Suisse, la situation est bien différente. Toutes les informations sont données pour pouvoir le voir. Il fait l'objet d'une véritable attraction touristique du Week end même si tu côté des éleveurs il n'est pas mieux accepté qu'en France.
Deux ans après Lumpaz, un adulte entre en Suisse venant sans doute du Trentin en Italie. Sept chasseurs ont distingué un plantigrade près du parc national. La confirmation avec les traces relevées dans la neige par un garde-faune
La neige fraîche tombée vendredi dans les Grisons fournit la preuve du retour de l'ours brun, deux ans après le passage de Lumpaz. Un groupe de sept chasseurs a observé l'animal dimanche après-midi dans le Spöltal, à proximité du parc national. Sa présence est confirmée par les empreintes relevées sur des centaines de mètres par un garde-faune. "C'est un adulte d'au moins deux ans", analyse l'inspecteur grison de la chasse, Georg Brosi.
Les traces indiquent que l'ours a grimpé jusqu'à 2.800 mètres d'altitude avant de redescendre dans une vallée latérale. Georg Brosi s'attend à une nouvelle apparition de cet ours, mais il souhaite surtout découvrir des poils ou des crottes, pour identifier l'animal et sa provenance avec l'analyse de son ADN. "Il doit venir du Trentin italien, où la population augmente après la réintroduction de l'espèce", suppose Georg Brosi.
Sans être exclu, le retour de Lumpaz est improbable. Premier ours aperçu après un siècle d'absence, celui que les scientifiques appelle JJ2 a totalement disparu après tué plusieurs moutons en deux mois: "Nous le considérons comme mort, soit par accident, soit par braconnage dans le Tyrol du Sud", admet l'inspecteur de la chasse. La venue d'un adulte a surpris Georg Brosi, lui qui s'attendait à voir apparaître un jeune observé à la Pentecôte sur le côté italien du Stilfserjoch, à deux kilomètres de la frontière suisse.
Les éleveurs ont été contactés pour mettre le bétail en sécurité. "Nous appliquons depuis six mois des mesures visant à protéger les ruches et les troupeaux avec des filets et nous rencontrerons des apiculteurs la semaine prochaine", précise Johanna Schönenberger, responsable du projet ours au WWF.
Pas question pour Johanna Schönenberger de troubler la tranquillité de l'ours observé dimanche: "Le public ne doit pas s'en approcher ou le nourrir. Opportuniste, l'ours perd rapidement sa timidité naturelle", note Johanna Schönenberger, en évoquant le sort de Bruno, l'ours abattu l'été dernier en Bavière. Georg Brosi prévient les imprudents: "Les dangers sont minimes pour l'homme, mais l'ours reste un animal sauvage".
Auteur: Vincent Donzé
Source: Le Matin du 4 juin 2007
L'ours qui a laissé des traces vendredi dans les Grisons n'est pas le seul à convoiter notre pays. Deux autres plantigrades peuvent à tout instant franchir la frontière
"Deux autres ours bruns sont très près de la frontière et peuvent à tout moment entrer dans notre pays." La Tessinoise Joanna Schönenberger, responsable du projet ours du WWF, est persuadée que le plantigrade repéré vendredi dernier ne sera pas le seul à fouler cette année le sol des Grisons. "Un jeune adulte, âgé de plus d'un an, a été repéré à seulement 1 km de la frontière. Un autre a été observé dans le Tyrol italien à quelque 30 km du Parc national suisse. Or nous savons que l'ours brun peut facilement parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en une journée."
Ce n'est pas tout:
dans le Trentin italien, d'où proviennent les ours bruns qui se baladent dans les Alpes, onze jeunes adultes sont nés l'an passé sur une population totale d'une vingtaine
d'individus. "A partir du mois de mai, les jeunes adultes sont à la recherche d'un territoire. Il n'est pas exclu que certains d'entre eux choisissent aussi de passer par les
Grisons. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils s'installeront définitivement en Suisse."
S'il est exact qu'un ours brun adulte possède suffisamment de force pour arracher une tête d'un seul coup de patte, son comportement vis-à-vis de l'homme est généralement craintif. "Il a peur de l'homme, poursuit la spécialiste du WWF. Mais il est impératif de respecter certaines règles. Par exemple, il ne faut jamais abandonner de la nourriture au cours d'une excursion dans un périmètre où des ours ont été repérés. Même pas les emballages: l'ours est doté d'un odorat très développé."
"Madame Ours" du WWF explique comment la bête pourrait perdre sa crainte naturelle des humains: "S'il renifle de la nourriture chez l'homme qui a un pouvoir calorifique plus élevé que ce qu'il peut trouver en forêt, il pourrait se dire: tiens, ça vaut la peine de me rapprocher des humains qui ne sont peut-être pas si méchants."
Mais un ours qui n'a plus peur de l'homme est imprévisible et peut devenir dangereux. "C'est le cas de "Bruno", le frère de "Lumpaz" qui avait été le premier ours à passer par la Suisse en 2005: "Bruno" a finalement été abattu en Bavière." La cohabitation de l'homme et de l'ours est-elle possible? Joanna Schönenberger en est persuadée. "J'ai travaillé comme ranger (garde forestier) dans des parcs nationaux en Alaska et en Virginie. Les visiteurs sont habitués à rencontrer des ours et ils ont appris à respecter une certaine éthique."
Auteur: Victor Fingal
Source: Le Matin le 5 juin 2007
Joanna Schönenberger dit: "J'ai travaillé comme ranger (garde forestier) dans des parcs nationaux en Alaska et en Virginie. Les visiteurs sont habitués à rencontrer des ours et ils
ont appris à respecter une certaine éthique."
Vouloir comparer ces parcs avec les espaces alpins et éventuellement pyrénéen n'est plus de l'inconscience mais de la bêtise pure. En dehors du tourisme, quelles activités
économiques et agricoles existe-t-il dans ces parcs? Pourquoi ne dit-elle pas qu'il faut déplacer les populations humaines pour laisser la place aux ours? Après tout, c'était bien
une idée des écologistes pour les Pyrénées.
A entendre ces propos, c'est bien une raison de plus pour s'oposer à la présence de grands prédateurs.
La bête observée dimanche près du Parc national suscite beaucoup d'émotion dans la région. Les curieux affluent de partout
"Le téléphone crépite sans cesse pour des demandes d'information. L'ours brun observé dimanche en bordure du Parc national à une demi-heure de marche du premier parking de la zone protégée provoque une déferlante de curiosité." Pour Hans Lozza, responsable de la communication du Parc national suisse à Zernez (GR), la situation n'est heureusement pas aussi critique que lors de l'apparition de Lumpaz en 2005. "Cette fois l'ours a eu l'excellente idée de montrer son museau avant la période des grandes vacances." Il n'empêche l'Hôtel Il Fuorn, situé à 10 km à vol d'oiseau de la cabane Ivraina, à proximité de laquelle l'ours brun adulte a été repéré dimanche dernier, connaît un regain d'activité. "Nous sommes bombardés d'appels qui nous demandent si nous sommes complets, commente Sonja Cazin, la gérante de l'hôtel situé sur la route qui traverse le parc national. L'hôtel est déjà bien rempli de jeudi à samedi, mais nous avons encore quelques places."
Pour s'approcher au plus près des traces de l'ours, le porte-parole Hans Lozza propose l'itinéraire 17 du Parc national. "Une marche d'environ trois heures, trois heures et demie: le sentier didactique passe à proximité de l'endroit où Lumpaz avait été observé en 2005. Mais à défaut d'ours, le visiteur traverse l'aire du gypaète barbu dans le Val Stabelchod et il pourrait aussi apercevoir des marmottes. La balade par le mont Margunet (2328 m) offre un panorama superbe qui surplombe tout le Parc national." Pour celles et ceux qui tiennent à tout prix à se rendre là où l'ours brun a été observé dimanche, le trajet n'a rien d'héroïque. "Il suffit, explique Hans Lozza, de partir depuis le Parking 1 du Parc national: après une demi-heure de marche en bordure du Parc, le visiteur atteint la hutte Ivraina. Mais les chances de pouvoir apercevoir le plantigrade sont des plus minces."
Auteur: Victor Fingal
Source: Le Matin du 6 juin 2007
L'arrivée de l'ours en Basse-Engadine se fait sous haute surveillance.Le garde-faune de la région tente de le localiser après son apparition dimanche dernier.
"Voir un ours c'est toujours très impressionnant. Ca ne m'est arrivé que deux fois. C'était en 2005, lorsque Lumpaz a traversé le territoire suisse", se souvient Guolf Denoth. Le garde-faune de la région de Zernez en Basse-Engadine se réjouit de l'arrivée d'un autre jeune mâle dans son arrondissement. C'est lui qui a pris les photos des traces de l'animal dans la neige dimanche soir. Alerté par un ami chasseur, il l'a pisté jusqu'au sommet de l'Ivraina à 2.880 mètres, juste à côté du Parc national suisse. Puis il a perdu sa trace quand l'ours est redescendu en dessous de la limite de la neige. "Je voulais être sûr de ne pas être en présence d'un canular", explique le Grison.
Depuis, le plantigrade, de nature plutôt timide, fuit la présence des hommes. "Peut-être qu'il se cache quelque part dans la montagne. Mais il se peut aussi qu'il soit déjà à une centaine de kilomètres d'ici, en Autriche ou en Allemagne. Les ours sont très imprévisibles."
Chez Heidi
Le téléphone sonne. L'animal aurait été vu à Ardez à une vingtaine de kilomètres de Zernez. Il est 15 h. Mais pas d'affolement. Guolf Denoth attend que l'information soit vérifiée.
"On ne court pas à chaque appel. Les gens qui pensent avoir vu l'ours sont nombreux." Le garde-faune a prévu une sortie en soirée, c'est là que le plantigrade est le plus actif. En
attendant, le garde-faune termine quelques tâches administratives. Son bureau, il l'a installé dans la maison familiale. A part quelques journalistes qui s'enquièrent de
l'évolution de la situation, rien à signaler. L'info en provenance d'Ardez s'est dégonflée.
En fin d'après-midi, Guolf Denoth se prépare pour partir en piste. Il embarque ses deux chiens de chasse dans sa Jeep et choisit une vallée dans le prolongement de celle où l'ours a été aperçu dimanche soir, entre le village de Lavin et Macun, une enclave du Parc national. Les chances de tomber sur l'ours sont minimes. "C'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin", confirme l'ex-chasseur. Une piste carrossable permet de monter jusqu'à l'Alpe Zeznina. C'est là que le cinéaste Markus Imboden a tourné sa version de Heidi. On comprend pourquoi: la nature est intacte, le paysage grandiose.
Auteur: Monique Keller
Source: Tribune de Genève du 7 juin 2007
La vallée proche du Parc national veut cohabiter avec l'ours brun, qui attire les touristes. Mais de l'autre côté de la frontière italienne, les braconniers attendent l'animal de pied ferme
"Depuis le passage de "Lumpaz" en 2005 en Haut-Adige, en Italie, les autorités du Tyrol du Sud n'ont rien entrepris pour informer la population sur une cohabitation de l'homme avec les plantigrades. La situation est radicalement différente dans le val Müstair, aux Grisons, proche de la frontière avec l'Italie." Pour Joanna Schönenberger, 35 ans, responsable du Projet ours du WWF, la plus imposante des bêtes sauvages d'Europe qui se baladerait dans la province italienne risquerait sa peau.
Le plus visé? "JJ3", son nom scientifique dans le cadre du projet de repeuplement Life ursus élaboré dans le Trentin italien, un jeune adulte âgé d'un an et demi, et qui a été repéré à deux reprises à la mi-juin dans des vallées latérales du val Müstair: le val Mora et le val Vau.
"S'il quitte la Suisse, il risque de devenir la cible des braconniers", ajoute Joanna Schönenberger. Il est vrai, au cours de son passage au sud du col Stelvio (I), au début du mois, "JJ3" a massacré 12 moutons. "Il est revenu à plusieurs reprises au même endroit. Il ne les a pas tués en une seule fois."
Conséquence: le monde politique de la région de Bolzano (I) est en émoi. D'autant plus que Luis Durnwalder, le gouverneur de la province du Tyrol du Sud, n'a jamais caché son hostilité envers les bêtes sauvages qui réapparaissent dans les Alpes. Dans un premier temps, il a même proposé d'endormir "JJ3" afin de le déplacer. Un projet jugé fantasque par le WWF: "L'ours, on le sait, voudra revenir dans la région où il a été enlevé. De plus, on ne peut pas décider à sa place du territoire qu'il veut occuper, ça ne marche pas comme ça!"
Tancé par Rome, le gouverneur est revenu partiellement sur son projet et ne parle plus que de poser un collier muni d'un émetteur sur l'animal afin de suivre ses déplacements. Malgré l'hostilité de certains politiciens, le WWF a réussi à établir des contacts fructueux avec des fonctionnaires du Tyrol du Sud qui ne sont pas opposés à la présence de l'ours, et prépare des projets communs de protection des ruchers et troupeaux. Mais dans une région où le braconnage découle d'une tradition liée à des dures conditions d'existence, les chasseurs peu scrupuleux foisonnent. "Lumpaz", "Polisson" en rhéto-romanche, avait été le premier ours en 2005 à fouler le sol de la Suisse depuis plus d'un siècle. Toutes les rumeurs concordent pour affirmer qu'il a fini ses jours sous les balles.
A l'opposé de l'attitude qui prévaut dans la province de Bolzano, la majorité des 1.200 habitants du val Müstair sont favorables au retour du plantigrade. La vallée reculée, traversée par le Parc national a vu sa population diminuer au fil des ans. Et puis, soudain, en été 2005, avec le passage de "Lumpaz", le miracle: les hôtels sont pleins à craquer. "En deux ans, la population s'est préparée au retour des ours, poursuit Joanna Schönenberger. Aujourd'hui, deux tiers des bergers sont équipés de barrière électrique et de chiens pour faire face à des raids des prédateurs sur leur troupeau."
Symbole de l'accueil réservé à l'animal, un ours sculpté trône au milieu d'un hameau proche de Tschierv. "La cohabitation entre l'homme et l'ours est possible à condition que chacun reste à sa place. L'ours doit craindre les hommes et ne pas être tenté par des apports faciles en protéines comme des moutons sans surveillance ou de la nourriture laissée à l'abandon."
"Je me bats pour la préservation d'une nature intacte, et l'ours en fait partie." Renata Bott, 64 ans, présidente des apiculteurs du val Müstair, n'est pas rancunière. "JJ3" a pourtant saccagé deux ruchers de la région. "Avec mes collègues apiculteurs, nous posons des barrières électrifiées alimentées par un générateur solaire." Le matériel, environ 1.000 francs par rucher, est payé par la Confédération. Le solde, s'il y en a, est pris en charge par le WWF. Mais le travail n'est pas rétribué. Pas de quoi décourager Renata, qui peut compter sur la solidarité entre apiculteurs pour électrifier au plus vite le périmètre qui entoure la vingtaine de ruchers que compte le val grison. "L'un des traits particuliers de "JJ3", petit frère de "Lumpaz" et de "Bruno", abattu en Bavière l'an passé, c'est d'avoir été élevé d'une façon particulière par sa mère "Jurka". La maman emmenait son rejeton avec elle pour l'initier au pillage des ruches."
Le 3 juin, près de Zernez (GR), au lieu-dit Ivraina, une maîtresse d'école découvre un ours de taille adulte du genre timide.
L'animal, âgé d'environ deux ans et demi, ne s'attarde pas longtemps et sera repéré à nouveau, un peu plus tard dans le Val Dischma, près de Davos. "Les quelques poils laissés par cet ours n'ont pas permis de l'identifier. Mais le fait qu'il fuit les humains prouve qu'il n'a pas été contaminé par leur présence et que son comportement est normal. C'est un très bon signe", précise Joanna Schönenberger, du WWF.
"Il ne faut jamais nourrir un ours sauvage ou laisser de la nourriture à sa disposition. Il ne faut pas lui donner l'impression qu'il est attaqué en allant à sa rencontre, et bien sûr ne pas utiliser des flashs pour le photographier." Joanna Schönenberger, du WWF, commentait hier l'accident qui s'est produit dans les Carpates, en Roumanie, et qui s'est achevé par la mort d'une touriste américaine dans la nuit de samedi à dimanche.
Une ourse qui était sortie de la forêt pour chercher de la nourriture dans les poubelles de cabane a attaqué un groupe de six touristes sur un sentier. L'animal avait été ébloui par les flashs d'appareils photo.
"Les flashs aveuglent momentanément l'animal, qui a l'impression d'être attaqué", explique la responsable du Projet ours.
"De plus, de nombreux ours en Roumanie ont un comportement anormal depuis l'époque de Ceausescu, qui les nourrissait pour pouvoir plus facilement les abattre au cours de parties de chasse."
Auteur: Victor Fingal
Source: Le Matin du 24 juin 2007