Le Monde des Pyrénées

La Suisse et ses bien-pensants et protecteurs face à l'ours

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Comme tous les pays où l’ours est présent, la Suisse a ses bien-pensants pour défendre et protéger le plantigrade y compris contre toutes les évidences de cohabitation impossible. Cette mouvance écologiste souvent animée par une niaiserie décapante et une mauvaise foi sans limite est généralement issue de milieux non concernés par l’ours dans leur vie quotidienne.

L’ours est une sorte de jouet ou d’attraction récréative sans aucun fondement écologique. On va voir l’ours comme on va au cirque. Du coté des associations écologistes, les motivations sont parfois étonnantes. C’est pour préserver des emplois de copains et pour justifier des subventions. L’ours devient un motif existentiel.

- Le communiqué du WWF Suisse

Vernier, 25. juillet 2006
Prise de position du WWF à propos du concept Ours brun suisse

L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) publie aujourd'hui son concept "Ours brun suisse".
Le WWF qui, avec des représentants de l'agriculture, de la chasse, et des chercheurs, a participé à son élaboration, est satisfait de constater que le document prévoit plusieurs mesures afin de préparer la population à l'arrivée de ce grand prédateur, et de permettre à l'homme et à l'ours de cohabiter sereinement.

"Un important travail d'information auprès de la population va devoir être effectué, car l'ours est un animal sauvage et timide. Mais si des gens le nourrissent, il risque de perdre sa sauvagerie et de s'approcher des habitations", note Joanna Schoenenberger, spécialiste du plantigrade au WWF Suisse. L'organisation vient de lancer un projet aux confins de la Suisse, de l'Autriche et de l'Italie, afin de rendre possible une cohabitation harmonieuse dans cette région frontalière. Pour Joanna Schoenenberger, "l'ours fait partie du patrimoine naturel et culturel de la Suisse et des Alpes. Il symbolise non seulement la biodiversité helvétique, mais aussi le bon fonctionnement de notre écosystème alpin. En outre, si l'ours devait s'installer durablement dans notre pays, il le rendrait encore plus attractif sur le plan touristique."

Personne de contact:
Joanna Schoenenberger, responsable du projet Ours, WWF Suisse, tél. 079 377 49 76

- Seul un ours "à risque" pourra être abattu

Les ours peuvent vivre en Suisse s'ils ne présentent pas de danger pour les humains. C'est ce que prévoit le "Plan Ours" présenté mardi par la Confédération.
Les défenseurs de l'environnement sont satisfaits, alors que les paysans et les régions de montagnes restent sceptiques sur la coexistence entre humains et ours.

L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a expliqué mardi que le Plan Ours vise à créer "les conditions d'une coexistence pacifique". Il réglemente la prévention des dégâts ainsi que leur indemnisation, et définit la marche à suivre pour les ours qui deviennent dangereux. Le plan se veut d'abord un guide à l'intention des cantons.

Lors de la procédure de consultation, les paysans, les cantons limitrophes des Grisons et les régions de montagne estimaient qu'il n'y a pas de place pour l'ours en Suisse. Ils demandaient à ce que le plantigrade puisse être abattu plus facilement.

L'année dernière, la Suisse avait été très partagée après l'apparition dans les Grisons d'un ours venu d'Italie. Surnommé "JJ2", il avait tué du bétail et s'était approché des zones habitées. Selon le plan, il serait qualifié de "problématique" et n'aurait pas été abattu, a déclaré Reinhard Schnidrig de l'OFEV.

On peut l'abattre
En réponse à ces critiques, le Plan Ours "donne la priorité absolue à la sécurité de l'homme". Tout en affirmant que "l'ours peut vivre discrètement même dans des zones habitées". Il sera désormais classé en trois catégories: farouche, problématique et à risque.

Il devient possible, voire nécessaire, de l'abattre lorsqu'un animal problématique devient ours à risque: il perd toute crainte de l'homme, les actions d'effarouchement n'ont aucun effet, il tente de s'introduire dans des bâtiments clos, il suit des hommes et se montre agressif sans être provoqué, attaque, blesse ou tue une personne.

Un ours ne sera en revanche pas tiré "s'il attaque du bétail, provoque d'autres dégâts, ou n'agresse l'homme que s'il est provoqué". La décision d'abattre l'animal revient au canton concerné après avoir consulté la Commission intercantonale, dans laquelle siège aussi l'OFEV.

Ce dernier prépare avec les cantons les bases pour engager des actions d'effarouchement et met sur pied un groupe d'intervention composé de gardes-chasse cantonaux expérimentés et de spécialistes. Un ours "problématique" peut être temporairement capturé et muni d'un émetteur GPS permettant de suivre ses mouvements.

Indemnisation
La Confédération va, par ailleurs, lancer des projets régionaux de prévention, toujours en collaboration avec les cantons. Il s'agit d'informer activement la population sur les attitudes à adopter. Les cantons sont censés surveiller les peuplements d'ours et veiller à ce qu'aucune nourriture ne leur soit distribuée régulièrement.

Les dommages aux cultures ou au bétail donnent droit à une indemnisation par la Confédération, à hauteur de 80%, et par le canton, à hauteur de 20%. Les autres dégâts directs, aux ruches ou aux clapiers par exemple, sont indemnisés intégralement par la Confédération.

Le Plan Ours a été élaboré après que la réapparition du plantigrade l'été dernier en Suisse, mettant fin à un siècle d'absence. Pendant deux mois, il a été possible de suivre ses pérégrinations du Val Müstair en Engadine (Grisons), puis jusqu'aux frontières avec l'Italie et l'Autriche.

Ecologistes favorables
Les positions des diverses parties concernées par le Plan Ours n'ont pas changé depuis la consultation.

Ainsi, le WWF et Pro Natura apportent leur soutien au Plan Ours. Dans son communiqué, le WWF déclare que "l'ours fait partie du patrimoine naturel et culturel de la Suisse et des Alpes. Il symbolise non seulement la biodiversité helvétique, mais aussi le bon fonctionnement de notre écosystème".

De son côté, Pro Natura relève que le facteur décisif de la réalisation de ce plan est l'information auprès de la population. La validité du projet ne s'observera cependant qu'à partir du moment où de véritables mesures devront être prises. L'une d'elles prévoit l'abattage de l'ours mais ne doit rester, selon Pro Natura, qu'un tout dernier recours.
Paysans toujours sceptiques

L'Union suisse des paysans (USP) reste sceptique. "La cohabition entre l'ours, l'homme et les autres animaux sera difficile", a déclaré Thomas Jäggi, de la Division économie de l'USP. Il souhaite aussi que les coûts dus à la protection des bêtes ne soient pas entièrement à la charge des paysans.

Enfin le Groupement suisse pour les régions de montagne (GSRM) n'a pas encore eu le temps de bien étudier le projet mais reste sur sa position initiale. "La présence de l'ours provoquera des problèmes au niveau de l'agriculture et du tourisme", a critiqué Ueli Stalder, collaborateur scientifique auprès du GSRM.

Source: Tribune de Genève du 25 juillet 2006

- L'homme et l'ours pourront presque vivre "main dans la patte"

Le plan de gestion de l'ours brun mis au point par les autorités met la priorité sur la sécurité. Il ne faut pas que l'animal perde sa timidité.

Un berger soutenait mordicus l'avoir vu mercredi dernier dans le val Müstair (GR). Mais après vérification méticuleuse des gardes chasses, on n'a toujours pas retrouvé la trace de l'ours des Grisons depuis l'automne dernier. Dans les bistrots du sud Tyrol, la rumeur veut que des braconniers l'aient abattu, raconte Reinhard Schnidrig, chef de la section chasse, faune sauvage et biodiversité de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). En tout cas, son frère aîné, qui était allé faire un peu trop le mariole en Bavière, est tombé fin juin sous les balles d'un tireur qui préfère rester anonyme par peur du courroux populaire. C'est pour éviter d'en arriver là, si d'aventure un plantigrade risquait à nouveau le bout de son museau chez nous, que l'OFEV a mis sur pied un plan de gestion de l'ours brun.

Le document se base sur les mesures déjà prévues pour le lynx et le loup, nos deux autres "grands prédateurs" protégés. Il vise à créer "les conditions d'une coexistence pacifique" entre l'homme et l'ours. Le plan règle les questions d'indemnisation et de prévention des dégâts. Garantir la sécurité des êtres humains reste néanmoins la priorité absolue. "Contrairement au loup ou au lynx, l'ours peut être réellement dangereux pour l'homme", souligne Reinhard Schnidrig. "Ce n'est pas une bête sanglante, mais pas non plus un nounours", ajoute Joanna Schoenenberger, responsable du projet pour le WWF Suisse qui a participé à l'élaboration du plan. Ce que craignent les spécialistes, c'est que l'ours perde sa timidité vis-à-vis de l'homme. Dans ce cas, le plan prévoit de le munir d'un émetteur pour pouvoir contrôler ses déplacements et de procéder à des actions d'effarouchement. "C'est-à-dire, des choses peu plaisantes mais qui permettent d'éduquer l'ours, de lui apprendre à ne plus s'approcher des hommes, explique Reinhard Schnidrig. Comme faire du bruit, utiliser des chiens en laisse ou des balles en caoutchouc, qui font mal mais ne blessent pas." En dernier ressort, si ces actions n'ont pas eu d'effet ou si l'animal a attaqué quelqu'un, le plan prévoit qu'il soit abattu.

Les Alpes sont prêtes

Le WWF se dit très satisfait du plan dans la mesure où il se focalise sur la préparation au retour de l'ours. Il déplore par contre que les moyens financiers pour le mettre en oeuvre soient sans cesse réduits par le Parlement. Pour l'organisation, l'information à la population est particulièrement importante.
"Avec la protection des troupeaux et les indemnisations, c'est un aspect qui contribue à rendre les bêtes acceptables", commente Joanna Schoenenberger. Lors de la procédure de consultation, les paysans, les cantons limitrophes des Grisons et les régions de montagne ont estimé qu'il n'y avait pas de place pour l'ours chez nous. Pour le WWF, au contraire, les Alpes suisses sont prêtes à accueillir le plantigrade. Selon une de ses études, l'écosystème alpin serait même plus propice à la venue de l'ours qu'il y a cent ans, à l'époque de son extinction. En effet, il y a moins d'activité, moins d'alpages et plus de surface de forêt: "moins de concurrence entre eux et nous", résume la responsable. Elle souligne que les quatre ours slovènes, introduits il y a quelques années dans le Trentin italien, se sont très bien adaptés et sont désormais près de 25. "L'espace existe, sourit-elle. C'est plutôt dans nos têtes qu'il faut faire de la place." Pour Reinhard Schnidrig, une population de quelques centaines d'individus pourrait effectivement s'installer dans les Alpes, dont une quinzaine chez nous. Mais les deux spécialistes soulignent que, normalement, on ne devrait même pas réaliser la présence des ours. "Elle constitue néanmoins un argument touristique, au même titre que celle du loup et du lynx, dans le sens où elle garantit une nature intacte", conclut Joanna Schoenenberger.

Auteur: Lucia Sillig
Source: 24 heures en ligne du 26 juillet 2006

- La Suisse doit apprendre à vivre avec l'ours

Afin de préparer la Suisse à vivre avec la présence de l'ours brun, la Confédération a publié mardi les grandes lignes du concept de gestion de l'animal élaboré après sa réapparition l'été dernier en Engadine.

Le "Plan Ours" réglemente notamment la prévention des dégâts et leur indemnisation. Il donne aussi aux cantons la possibilité d'abattre les individus dangereux
Le concept ours s'appuie sur le principe qu'une cohabitation de l'ours et de l'homme en Suisse est possible, a précisé mardi l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).

Coexistence pacifique recherchée
Il vise à créer les conditions d'une coexistence pacifique et se veut un guide à l'intention des cantons. Le concept donne la priorité absolue à la sécurité de l'homme, un aspect dont l'importance a encore été renforcée après la procédure de consultation du printemps dernier.

La typologie de l'ours a été adaptée et ne comprend plus que trois catégories: farouche, problématique et à risque. Le plan envisage la possibilité d'abattre l'ours lorsqu'un animal problématique passe dans la catégorie "à risque".

Animaux dangereux abattus
Ce sera le cas si le plantigrade perd toute crainte de l'homme, que les actions d'effarouchement n'ont aucun effet, qu'il tente de s'introduire dans des habitations pour trouver sa nourriture, qu'il suit des hommes ou se montre agressif sans être provoqué et finalement qu'il attaque, blesse ou tue une personne.

C'est le canton concerné qui prendra la décision d'abattre l'ours, après avoir consulté la Commission intercantonale, dans laquelle siège aussi l'OFEV. A noter qu'un ours "problématique" peut être temporairement capturé et muni d'un émetteur GPS permettant de suivre ses mouvements.

Dégâts remboursés
Un ours n'est en revanche pas tiré "s'il attaque du bétail, provoque d'autres dégâts, ou n'agresse l'homme que s'il est provoqué". Toutefois, les dégâts aux cultures ou au bétail donnent droit à une indemnisation par la Confédération à hauteur de 80% et par le canton à hauteur de 20%.

Les autres dégâts directs, aux ruches ou aux clapiers par exemple, sont indemnisés intégralement par la Confédération.

Source: TSR du 25 juillet 2006

- Un ours divise le Tessin

Des randonneurs prétendent avoir aperçu un plantigrade. Les témoins n'ont aucun doute, mais aucune trace n'a été relevée dans la caillasse. Les gros éleveurs réclament déjà la capture de l'animal

Encore émue par l'animal observé mercredi à la jumelle, Franca Biasca n'a aucun doute: ce n'était pas un chamois ou un chevreuil qui broutait sur les pentes du Pizzo Erra (2.416m), mais un ours brun. A 500m du plantigrade, cette randonneuse n'était pas l'unique témoin de la scène visible pendant une demi-heure. Et dès le lendemain, le chef de l'office tessinois de la chasse Giorgio Leoni a sillonné le val Léventine.

Las! Si la neige fraîche avait confirmé la présence d'un ours observé par des chasseurs le 3 juin dans les Grisons, la caillasse du Pizzo Erra ne révèle aucune emprunte. Avant la découverte d'un poil ou d'une crotte, Giorgio Leoni reste sceptique. Mais il n'exclut pas le retour de l'ours dans son canton, après un siècle d'absence. Le chef des gardes-faune table sur d'autres témoignages, dans une région traversée par le sentier très fréquenté Strada Alta.

L'hypothèse évoquée par Giorgio Leoni, c'est une éventuelle escapade de "JJ3", identifié dans les Grisons avec son demi-frère "MJ4", cet ours timide étant invisible depuis deux semaines. "Mais passer des Grisons au Tessin en seulement deux semaines, ce serait surprenant", estime le WWF, par la voix de Johanna Schönenberger. Et l'arrivée supposée d'un troisième ours près du parc national brouille les pistes. En fait, un ours italien peut très bien avoir emprunté un couloir sud pour passer du Trentin au Tessin, d'autant que sur les onze ours nés l'an dernier, les six mâles ont l'âge de chercher un territoire.

Si la population tessinoise est favorable au retour de prédateurs comme le loup et l'ours, ces animaux protégés possèdent aussi leurs détracteurs, regroupés au sein d'un comité très influent qui avait récolté 4.000 signatures contre le loup: "Si un ours est venu, il a été importé!" soutient l'éleveur Tino Celio, en réclamant la capture de l'animal et son expulsion.

La randonneuse Franca Biasca n'a pas peur du loup, mais l'ours remet ses promenades en cause. Une réaction combattue par Johanna Schönenberger: "Nous devrons informer la population: il est inutile d'avoir peur de l'ours, à condition de ne pas le nourrir."

Auteurs: Bruno Pellandini et Vincent Donzé
Source: Le Matin du 20 juillet 2007