La LPO voudrait installer des placettes d’équarrissage dans tout le département pour nourrir les vautours et espérer qu’ils ne s’attaquent plus au bétail vivant. En fait, recommencer les erreurs du passé en Espagne et faire progresser artificiellement la population de vautours.
A Aste-Béon la motivation est essentiellement touristique afin de fixer les vautours sur une falaise visitée par caméra. Les touristes peuvent suivre l’évolution des vautours dans la falaise notamment au moment des naissances.
"Ce n'est en aucun cas d'une aire de nourrissage pour les vautours", s'empressent de déclarer en préambule les signataires de la récente convention qui entérine la création d'une placette d'équarrissage naturelle au dessus d'Aste Béon, à proximité de la Falaise aux vautours, en vallée d'Ossau.
Parmi les signataires, Augustin Médevielle, maire d'Aste-Béon, Jean-Michel Delvert, sous-préfet d'Oloron, Patrick Pujalet, président du groupement pastoral d'Aste-Béon et les responsables du Parc national entendent être très clairs: "Il s'agit de la mise en place et de la gestion d'une placette expérimentale de dépôt de cadavres de bétail naturellement mort en exploitation, en vue de l'équarrissage naturel par les rapaces nécrophages".
Pour les quatorze exploitations du groupement pastoral d'Aste-Béon, se débarrasser des cadavres de leurs animaux posait problème. "Jusqu'à présent, il fallait attendre 4 à 5 jours avant que l'équarrisseur n'arrive d'Agen".
Le vautour, espèce protégée se trouvant à proximité de l'activité pastorale, est vite apparu comme "la" solution, surtout depuis 2011, date à laquelle l'Union européenne, puis la France, ont à nouveau autorisé l'utilisation du bétail domestique comme équarrisseur naturel. Dans cette optique le vautour apparaît comme l'auxiliaire idéal.
La placette pourra également servir pour les percnoptères et les gypaètes de même que pour d'autres espèces opportunistes telles que le milan noir.
"Le peu de restes, suite au passage des rapaces, sera incinéré in situ dans un coffre en fer", ajoute le représentant de l'Etat. L'efficacité et la mission de cette placette feront l'objet d'un bilan, dans un an, afin de renouveler, ou pas, cette convention.
Cette placette, fermée à clé, est un outil collectif exclusivement réservé aux éleveurs du groupement pastoral d'Aste-Béon. Elle est située en contrebas de la réserve naturelle sur une ancienne ardoisière en bordure de la piste du Port d'Aste, loin de toute source ou cours d'eau. "Il existe à Aste-Béon une source dont le débit est de 400 à 500 litres par seconde et qui alimente une partie de la vallée d'Ossau. Il fallait être prudent", commente Augustin Médevielle.
D'autre part, la placette sera interdite au mois de mai, période de nourrissage des jeunes. Et la clôture s'enfonce à 30 cm de profondeur dans le sol pour éviter toute intrusion d'autres espèces animales. Il est enfin déconseillé aux curieux éventuels d'assister aux curées. "Il faut laisser le vautour travailler", déclare-t-on du côté du Parc national.
Auteur: Philippe Delvallée
Source:
La République des Pyrénées du 21 décembre 2012