A 10 jours de la manifestation "anti prédateurs" qui va se dérouler à Foix, une mission conduite par Eric Fouquet inspecteur général de la santé publique vétérinaire, s’est rendue en Ariège afin de rencontrer la profession agricole sur le dossier des "interactions entre vautours fauves et élevages".
Les récentes attaques de vautours fauves sur le piémont et l’annonce de la manifestation (on sait que les ariégeois peuvent se mobiliser avec virulence contre les prédateurs, ils ont été 7.000 à Foix contre l’ours il y a quelque années) ont sans doute incité la mission à faire étape dans le département.
La mission est constituée à la demande des ministères de l’écologie et de l’agriculture et s’attache à documenter les circonstances particulières de ces "interactions" dès lors qu’elles sont rapportées sur du bétail vivant.
Or justement l’examen du cadavre de la brebis, qui avait pu être rapidement soustrait aux vautours, avait conduit le directeur du laboratoire vétérinaire départemental à conclure de façon formelle que la bête était saine et en bonne santé. D’où les interrogations: Les vautours étaient-ils passés d’un comportements de charognard à celui de prédateur?
Absolument pas selon le chef de la mission Eric Fouquet pour qui "ce serait bien la première fois qu’on aurait ce type de preuve, il faut qu’il fasse une publication de ce constat et qu’il soit validé, car tout ce qui a été publié jusqu’à présent montre que le vautour fauve est un charognard qui ne s’attaque aux bêtes vivantes, que si elles sont en situation de faiblesse, blessées ou lorsqu’elles mettent bas".
Depuis la fermeture des charniers espagnols imposée par l’Europe, les vautours doivent trouver à se nourrir, et depuis 2007, on dénombre 577 dommages sur du bétail sur toute la chaîne des Pyrénées, sachant que 90% des attaques ont eu lieu dans les Pyrénées-Atlantiques.
La mission a exposé les mesures mises en place, notamment les "placettes": des charniers alimentés en carcasses de façon occasionnelle pour que le vautour continue de chercher sa nourriture autour et ne s’y concentre pas exclusivement.
Des mesures d’effarouchement peuvent aussi être efficaces, mais comme l’animal fait partie des espèces protégées, il faut un arrêté préfectoral pour pouvoir le faire. Nathalie Marthien, le préfet de l’Ariège, s’est dite "tout à fait favorable à donner ce genre d’autorisation le plus rapidement possible " après en avoir parlé avec la profession agricole.
François Toulis, le président de la chambre d’agriculture, a pour sa part été très clair "les vautours ne sont pas les ennemis des agriculteurs, ce sont des alliés de tous temps, mais les charniers ont augmenté leur population. Ils sont tout simplement trop nombreux et ils ont faim, donc ils descendent sur le piémont pour se nourrir. Il faut réguler l’espèce, c’est très simple". Il ne cache pas non plus "qu’il faut que les agriculteurs puissent tirer les vautours" avançant que la profession est "exaspérée" par les prédateurs "l’ours, le loup qui n’est pas loin, et maintenant les vautours".
Des éleveurs dont le préfet de l’Ariège comprend l’inquiétude "qui est justifiée, d’autant qu’ils ont le sentiment de ne pas être crus" et qui reconnaît qu’il y a eu une progression des attaques ces derniers temps.
Source: La Gazette Ariégeoise du 19 juin 2014