Le vautour fauve, rapace nécrophage, ne fait pas la distinction entre un cadavre humain et un cadavre animal. Il est donc normal, même si cela choque, qu’il s’attaque au corps d’une personne morte
en montagne. C’est la loi de la nature par ailleurs défendue par beaucoup de personnes se disant «écolos». Néanmoins, une interrogation peut exister dans le cas où l’accidenté n’est que blessé.
Les «spécialistes» nous disent que le vautour fauve peut s’attaquer à une bête en position de faiblesse. Une personne blessée n’est-elle pas dans ce cas? Et ne parlons pas de celui qui aurait envie
de faire la sieste….
Cette affaire n'est pas sans rappeler la mésaventure subie par quatre randonneurs en Pays Basque il y a quatre ans. Le samedi 9 juin 2007, un groupe se promenait sur le Mondarrain, sur les hauteurs d'Itxassou. Dans la descente, l'un des marcheurs s'est effondré, victime d'une rupture d'anévrisme. En attendant les secours, les randonneurs ont dû lutter contre un groupe de vautours qui tentaient de s'approcher du cadavre. Ils ont dû faire de grands gestes pour effaroucher les charognards. «Il est certain que les oiseaux auraient attaqué le corps s'il s'était retrouvé seul», avaient déclaré les camarades du défunt. L'accident de dimanche dernier prouve sans doute qu'ils n'avaient pas tort.
On est en train de franchir un cap de plus. Il va falloir réagir. Moi, j'aime bien faire la sieste quand je vais en montagne. Je ne vais plus oser le faire», craint ce randonneur. «Qu'arrivera-t-il au malheureux pris de malaise tout seul, ou qui se brisera les deux jambes et ne pourra plus bouger?» s'inquiète ce chasseur à la suite de ce qui est, selon eux, un changement de comportement de l'oiseau. «C'est un charognard. Il mange de la viande. En tout cas, le vautour ne s'est pas attaqué à une personne vivante. Et s'ils sont allés si vite, c'est qu'ils étaient vraiment affamés», constate ce militant d'une association environnementale bien connue, sous couvert de l'anonymat. «Mais n'oublions pas que c'est le comportement humain qui a modifié celui de ces rapaces, avec leur multiplication dans les élevages de porcs ou de poulets en Espagne», poursuit-il. «Quand les éleveurs ont dû faire appel à l'équarrissage à cause de la crise de la vache folle, tous ces vautours se sont retrouvés sans nourriture, ce qui explique qu'aujourd'hui ils sont affamés», rappelle-t-il.
«Vous dites que les secouristes ont dû chasser les vautours. Mais il faut savoir combien de temps s'est écoulé entre l'alerte et leur intervention. Il n'y a pas de changement sur le régime alimentaire des vautours. Ils se nourrissent toujours de viande morte. Ça reste un nécrophage», insiste-t-elle.
Gwenaëlle Plet a travaillé sur les inventaires pour dénombrer les vautours fauves en 2006 et en 2007. «En 2006, on dénombrait 580 couples de vautours fauves. En 2007, on en a compté 525. En principe, un nouvel inventaire devrait être lancé en 2012. On verra si cette baisse se confirme», annonce-t-elle.
Auteur: Marcel Bedaxagar
Source: Sud-Ouest du 1 octobre 2011