Les autorités se tournent uniquement vers les Pyrénées-Atlantiques et accessoirement les Hautes-Pyrénées lorsqu’il s’agit d’attaquent de vautours fauves sur des animaux vivants. Erreur! La problématique concerne toutes les Pyrénées françaises et espagnoles mais aussi les Alpes et jusqu’en Suisse. Les faits sont décrits depuis le 19ème siècle. Mais difficile de le faire comprendre autant aux pouvoirs publics qu’à des organisations naturalistes sectaires.
Officiellement, le vautour fauve n’est pas un prédateur mais un charognard qui nettoie la montagne des animaux morts. C’est aussi un rapace protégé en raison de son petit effectif. Foutaise! Il suffit de voir le nombre de vautours qui s’abattent sur des bêtes mortes et connaître la durée d’existence du cadavre d’une brebis qui vient de mourir. Juste quelques heures. Si l’effectif des vautours fauves étaient faibles, nous n’en verrions pas autant qui, manifestement, manquent de nourriture dans le milieu naturel.
Souvenons-nous déjà en juillet 2007 lorsque 80 brebis ont déroché à Coste de Mourtes près du Pic de Recantous à 2300 mètre d’altitude. Un véritable nuage d’une centaine de rapaces s’étaient abattus sur les cadavres. En 5 ans, le nombre de rapaces n’a fait que s’accroitre. Il devient même inquiétant comme partout dans les Pyrénées. L’équarisseur naturel devient un prédateur pour vivre. On le retrouve sur les estives du Pays Basque au Canigou jusque sur les hauteurs de Cerbères. Celles de l’Ariège sont sur le chemin que ce soit la Haute-Ariège ou le Couserans.
La fermeture des «muladares» en Aragon en 2003 avec l’épidémie de la vache folle n’a fait qu’accélérer un mouvement naturel nié depuis les années 1970. A cette époque 7 à 10.000 vautours des Pyrénées occidentales se sont retrouvés du jour au lendemain sans aucune nourriture. Ils se sont adaptés. Dans d’autres régions, les vautours d’élevage lâchés par la LPO ont également trouvé des solutions pour remplacer la nourriture artificielle. La protection maximum de l’espèce, sans aucun contrôle de quelque nature que ce soit tout en diffusant des chiffres d’effectifs les plus fantaisistes font que les problèmes basques et béarnais se sont exportés sur toute les Pyrénées. Nous voyons des vautours fauves sur les maisons, aux portes des villes, attaquer autant les poulaillers des Hautes-Alpes que des brebis, des vaches ou des veaux.
En 2011, Les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées n’ont pas été les seuls concernés par des attaques. L’Ariège a eu son lot de prédation comme à Montgaillard chez Agnès Ferrand ou à Ventac chez Colette Roméro. Mercredi, c’est chez Hervé Ferrand, jeune éleveur à Gasconnes sur la commune de Bénagues, que les vautours se sont invités pour un festin. C’est son voisin qui, vers midi, a vu une vingtaine de rapace attendre le moment opportun. Trop tard. Il n’a pu que constater la mort de deux veaux. Qu’on ne nous dise pas que c’était au vêlage. L’un avait 3 semaines et l’autre quelques jours. Et comme toujours ils se sont attaqués aux orifices naturels pour créer une hémorragie et la curée devient facile.
Une perte sèche pour l’éleveur, dans une filière en difficulté. Et il ne peut pas utiliser le seul moyen de défense: le fusil. C’est pour lui la preuve d’un «réel déséquilibre
entre les prédateurs et la faune domestique doublé d’une lourde injustice face à des réglementations pensées par des technocrates»
Jeudi matin avant l’arrivée des journalistes invités à assister aux constats par des agents de l’ONCFS il y avait encore deux vautours à proximité. Des agents qui arrivent après
la batail, ce qui est normal, pour faire une autopsie afin de déterminer les causes de la mort des bêtes. Situation presque risible lorsqu’on sait comment se passe une curée.
Parions qu’ils ne trouveront rien. Alors ils trouveront des explications comme partout ailleurs qui seront contestée et pas prises au sérieux. Pas besoin de faire une autopsie
pour comprendre ce qui s’est passé.
On se souvient, il y a deux ans, les prédations sur le Hautacam. Le sous-préfet d’Argelès avait sollicité une autorisation de tirs d’effarouchement: refusé par le Ministère. Evidemment, vu de
l’Esplanade de La Défense à Paris, il est difficile d’imaginer qu’un vautour soit différent d’un pigeon. Et puis, c’est si beau à voir…
Pas question d’utiliser le fusil même pour faire peur. Le discours officiel reste toujours le même: «Nous faisons remonter au Ministères… Nous demandons des tirs d’effarouchement…» Du folklore
administratif qui de toute manière, même si le retour est positif, arrivera bien trop tard d’autant qu’il est impossible d’imaginer le lieu de la prochaine attaque. Alors ne nous étonnons pas
que les rapports entre éleveurs et pouvoirs publics notamment l’ONCFS soient conflictuels.
Pourquoi n’est-il pas exigé le respect de ces textes par l’Etat?
Louis Dollo, le 4 mai 2012
Rémi Denjean, co-président de l’Aspap, appelle l’Etat à prendre des mesures pour réguler la population de vautours. «Ca devient de plus en plus courant qu’ils s’attaquent à des animaux vivants»,
alerte-t-il. Alerté par ses voisins qui ont vu arriver une vingtaine de vautours, Hervé Ferrand, éleveur de vaches gasconnes près de Pamiers s’est précipité sur les lieux mais les charognards avaient
déjà tué et dépecé un veau de trois semaines et s’affairaient sur un autre, seulement âgé de sept jours.
Les agents de l’ONCFS se sont rendues sur place jeudi pour effectuer les constatations d’usage, sans faire la moindre déclaration.
Depuis que l’Espagne a sévèrement encadré les conditions d’équarrissage et supprimé les charniers à ciel ouvert, où se nourrissaient les milliers de vautours des Pyrénées, ces charognards ont dû changer d’habitudes alimentaires et s’en prennant parfois à des animaux vivants fragiles ou affaiblis.
Le 12 mars, un éleveur d’Ossas-Suhare dans les Pyrénées-Atlantiques, a appelé les gendarmes pour qu’ils constatent le dépeçage d’une de ses brebis qui mettait bas et de deux agneaux nouveau-nés. En 2011, 27 attaques ont été rapportées à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), notamment dans les troupeaux de moutons. Faute d’indemnisation de la part de l’Etat, les attaques ne sont pas toujours signalées par les éleveurs qui sont la plupart du temps incapables de prouver la responsabilité du vautour, car quand ils découvrent le cadavre dépecé de l’animal, les charognards sont déjà loin.
Source: Le Progrès du 03/05/2012
«Les journalistes, vous êtes comme les mouches, dès qu'il y a un truc vous vous y jetez dessus. Vous n'avez pas autre chose à foutre?» Le scénario est toujours le même. Comme l'entame d'un match de rugby à enjeux. On relève la mêlée et on sort la boite à gifles, histoire de faire baisser la pression et d'impressionner l'adversité. Hier, à 15 heures, ce policier du ministère de l'Environnement, de la chasse et de la faune sauvage n'est pas venu compter fleurette. Arme de poing à la ceinture, le voici donc à la ferme du Bigourda, perdue au cœur des coteaux de Pamiers, au bout d'une petite route tortueuse. Il faut dire qu'un comité d'accueil d'éleveurs et d'agriculteurs l'attend de pied ferme autour d'Hervé Ferrand, livide comme un linge. Le jeune éleveur de trente ans rumine sous son béret, inconsolable, depuis que ce jeudi matin, deux de ses jeunes veaux ont été les proies d'une attaque «supposée» d'une vingtaine de vautours. Lui n'a rien vu mais des voisins d'une ferme proche de son pré auraient assisté au dépeçage en règle des rapaces charognards. Les deux fonctionnaires de police du ministère de l'Environnement s'ébranlent en contrebas du pré, là où gisent les cadavres dépecés. L'objet de la visite des deux pandores réside en un constat sans commentaire, évidemment. Leur ministère de tutelle ne reconnaît pas, à ce jour, la prédation par les vautours. Les émissaires ne le feront pas non plus. Le doute est de mise, l'expertise est visuelle, générale et ne relève en rien d'une autopsie de vétérinaire assermenté. Pas de conclusions donc, juste une prise de notes, des relevés, des hypothèses qui ulcèrent déjà la poignée d'éleveurs, solidaires de leur infortuné collègue. «Après tout, on ne sait pas si les veaux étaient en bonne santé? Une crise cardiaque? Le charbon? Une chute?»
Un questionnement du fonctionnaire qui sonne comme une provocation.
Jean-Pierre Mirouze, éleveur, maire de Saint-Bauzeil et membre de l'association pour la Sauvegarde du patrimoine d'Ariège-Pyrénées prend la mouche pendant que ces «vautours» de journalistes mitraillent la scène. Le ton monte. «C'est à chaque fois pareil, on nous sert la même soupe. On en a marre de se faire passer pour des menteurs. On se fout de l'argent, des indemnités. Ce qu'on veut, c'est être reconnu et qu'on reconnaisse du côté du ministère les attaques des vautours!» A ses côtés, Jean-Louis Delponte, éleveur dans le secteur, lâche non sans une once d'amertume: «On n'élève pas nos bêtes pour se les faire tuer.» Jean-Michel, lui, explique aux plumitifs qu'il trouve «dégradant qu'on puisse soupçonner les éleveurs de faire le forcing pour obtenir réparation. «On ne fait pas l'aumone d'une indemnisation. On n'est pas des truqueurs. On veut simplement qu'on reconnaisse les attaques de vautours, qui sont de plus en plus fréquentes!»
Auteur: X.Olmos
Source: La Dépêche du Midi du 04/05/2012
L’anecdote relationnelle avec l’ONCFS rapportée par le journaliste de La Dépêche du Midi est assez classique. Cette administration, quel que soit le secteur, préfère travailler dans la
discrétion et l’anonymat. Cette méthode a l’avantage de diluer les responsabilités et surtout de ne laisser aucune preuve pour mieux raconter une histoire.
Souvenons-nous le dossier de l’ADDIP sur les mensonges d’Etat autour de l’ours où l’ONCFS ne joue pas le meilleur
rôle notamment en dissimulant certains aspects sanitaires dangereux pour les usagers de la montagne où circule l’ours. Plus récemment,
l’ouvrage de David Chétrit ne laisse plus place au doute
sur la réalité d’une grande manipulation du public. Pour les vautours et le loup, c’est la même procédure.
Ces agents dits «assermentés»ont pris l’habitude de se faire passer pour des experts alors qu’ils ne sont que simples agents de constatation comme le note le journaliste. Pire: beaucoup d’entre eux ne savent pas peler une brebis et ne connaissent pas l’anatomie de ces animaux d’élevage. Que savent-ils de la faune sauvage. L’interrogation est permise.
La présence de journalistes gêne cette administration autant que les environnementalistes autoproclamées «spécialistes». En rendant public des faits avérés, il ne leur est plus possible de dire qu’il y a mensonge de la part des éleveurs. Et encore, ici, ils vont très certainement nier la responsabilité des vautours alors qu’en Navarre, le phénomène est tellement connu que les éleveurs sont indemnisés. Cette explication avait été fournie par un fonctionnaire du Ministère de l’environnement espagnol au cours d’une commission interdépartementale «vautours» à la Préfecture de Pau. Mais cette intervention a été occultée dans le compte rendu.
Admettons qu’ils n’aiment pas la présence des journalistes et autres éleveurs qui font peser une certaine pression sur leur travail. Est-ce pour autant une raison d’invectiver des professionnels de l’information qui ne font, comme eux, que leur travail d’information du public. En contrepartie, nous pourrions aussi parler des pressions qu’ils exercent sur les éleveurs pour taire les faits allant parfois jusqu’au chantage du non versement de subventions, qui ne dépendent d’ailleurs pas d’eux, et l’accumulation de contrôles en tous genres pour inviter à une très grande docilité.
Face à une telle situation, la présence systématique de la presse paraît indispensable afin de pouvoir dénoncer les éventuels abus qui ne manquent pas.
Louis Dollo, le 4 mai 2012
Les agents de l'ONCFS se sont rendues sur place jeudi pour effectuer les constatations d'usage, sans faire la moindre déclaration.
Depuis que l'Espagne a sévèrement encadré les conditions d'équarrissage et supprimé les charniers à ciel ouvert, où se nourrissaient les milliers de vautours des Pyrénées, ces charognards ont dû changer d'habitudes alimentaires et s'en prennant parfois à des animaux vivants fragiles ou affaiblis.
Le 12 mars, un éleveur d'Ossas-Suhare (Pyrénées-Atlantiques) a appelé les gendarmes pour qu'ils constatent le dépeçage d'une de ses brebis qui mettait bas et de deux agneaux nouveau-nés.
En 2011, 27 attaques ont été rapportées à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), notamment dans les troupeaux de moutons.
Faute d'indemnisation de la part de l'Etat, les attaques ne sont pas toujours signalées par les éleveurs qui sont la plupart du temps incapables de prouver la responsabilité du vautour, car quand ils découvrent le cadavre dépecé de l'animal, les charognards sont déjà loin.
Source: AFP du 3 mai 2012
Mais que se passe-t-il dans le monde des vautours? Comment expliquer que ces rapaces à la réputation de charognards se rangent de plus en plus du côté des prédateurs? Ces derniers jours, les éleveurs ont vu s'accumuler les mauvaises nouvelles. Plusieurs attaques de bétail ont été recensées dans la chaîne pyrénéenne au grand dam des propriétaires de troupeaux surpris de ne trouver, selon eux, que peu de soutien du côté de la préfecture.
Depuis quelques années, les vautours multiplient les agressions, et les critiques des éleveurs sont d'autant plus vives que les directives de Bruxelles encadrant l'installation de charniers pour les rapaces font l'objet de dérogations, s'appliquant différemment d'une région à l'autre.
Ainsi, dans la Drôme, l'Aveyron et les Cévennes, ont été installées des "placettes"de nourrissage où sont autorisés les dépôts des cadavres d'animaux pour rassasier les bêtes. Avec ces dérogations, on maintient à bon effectif une population à peine réintroduite. Dans les Pyrénées-Atlantiques où on dénombre 500 couples, La Direction des services vétérinaires applique à la lettre la directive de Bruxelles qui visait à l'époque à lutter contre l'ESB.
Sans doute l'absence de ces aires explique-t-elle les modifications de comportement des bêtes affamées. Dans les Hautes-Pyrénées, l'administration ne s'est pas positionnée, là où les éleveurs sont partout favorables à la multiplication de ces placettes. Côté espagnol, face à l'émotion suscitée par ces attaques, l'Aragon et la Navarre ont créé 90 charniers dont la gestion a été confiée à des sociétés privées. Mais sans doute ces placettes sont-elles en nombre insuffisant puisque ces attaques n'ont pas cessé.
Le Ministère de l'écologie pourrait changer son fusil d'épaule à l'automne, en envisageant un système d'indemnisation des victimes, comme pour l'ours.
Le 16 mai, dans le Comminges, un poulain a été dévoré par soixante vautours. Une scène que Patrick Fachin, éleveur, garde encore en mémoire. Voici dix jours, à Hautacam (65), à Vier-Bordes, un randonneur filme la scène de deux vautours achevant des brebis, comme la preuve irréfutable qu'ils peuvent s'en prendre aux moutons, aux porcs noirs et aux veaux.
Mais les responsables du Parc Pyrénéen sont formels. "Les vautours sont d'abord des charognards qui n'ont aucune stratégie de chasse. Leur cohabitation avec les troupeaux a toujours existé, mais il est vrai qu'ils attendent moins qu'avant pour intervenir sur les animaux en difficulté, qu'ils soient blessés ou prêts à mettre bas", reconnaît éric Sourp du Parc des Pyrénées.
Auteur: J.-M. D. et J.-A. L
La série noire des attaques de vautours contre des jeunes animaux semble prendre de l'ampleur. Dernière en date, celle survenue samedi à Raoux, commune d'Aspet, sur les terres de Frédéric Ruau, éleveur à Girosp. Dans un pré, au lieu-dit Clarines, une de ses vaches venait à peine de mettre bas lorsque des vautours se sont abattus sur le nouveau-né, ne lui laissant aucune chance. "J'étais monté au pré la veille et j'avais bien vu que la vache était prête à vêler"précise le jeune éleveur. "Mais ce qui m'a surpris, c'est le groupe de vautours qui était déjà là, autour de la mangeoire. Comme s'ils attendaient."Soucieux, Frédéric s'arrête chez son père, Auguste, qui habite le hameau, et lui conseille de monter de bonne heure le lendemain. Mais dès 7 heures, le samedi, rien à faire. Quinze vautours s'acharnaient sur la dépouille. "C'est la deuxième fois. Il y a quinze jours, c'est arrivé sur l'autre versant, les mêmes charognards. Mon père n'avait jamais vu ça, il les avait à 15 mètres, c'était la bagarre générale", s'insurge Frédéric. "On ne peut pas toucher ces bêtes protégées. J'ai rempli un dossier pour la sous-préfecture, j'ai déclaré la perte de mon veau, les gardes-chasse doivent me remettre un papier confirmant la mort de l'animal et les circonstances, que puis-je faire d'autre!", clame-t-il. Frédéric craint désormais pour sa centaine de vaches.
Auteur: J.-M. D.