Les attaques de vautours fauves sur bovins se poursuivent et se ressemblent. Une perte nette pour l’éleveur non indemnisé. C’est payer un lourd tribu çà la protection de l’environnement tandis que ses défenseurs restent tranquilles derrière un écran d’ordinateur ou dans les couloirs de tribunaux pour imposer à tout prix cette protection socialement et économiquement dramatique alors que la justification écologique est très discutable sur certaines territoires. Quant aux ovins, il serait trop long de tout répertorier ici d'autant que les éleveurs ne font plus de déclarations inutiles et règlent sans doute leurs problémes sans bruit.
"Il y avait sûrement plus de 150 vautours: ils ont fait un carnage!": Michel Saspiturry était sous le choc samedi. Quand l'agriculteur d'Espiute est revenu sur une de ses parcelles où paissaient une vingtaine de bovins à Saint-Gladie, il a vu les rapaces sur une vache qui venait de mettre bas, en fin de matinée: "Nous revenions de déjeuner. Il était environ 14 heures. Nous avons aussitôt tenté de protéger nos bêtes. Mais le veau a été tué. Et la vache aussi. Une autre vache a été blessée…"
L'agriculteur, qui n'avait jamais été confronté à des événements de la sorte, et sa famille, ont mis plus de quatre heures à mettre leurs bêtes en sûreté. "Les vautours n'avaient pas du tout peur de nous. Ils étaient tout près. Se battaient entre eux… Même quand j'ai essayé de les effrayer avec le tracteur, ils ont à peine reculé." Les rapaces ont fini par s'évanouir dans les cieux, notamment en direction des Pyrénées.
Michel Saspiturry a appelé un vétérinaire, qui est venu constater les dégâts: "J'ai perdu 3 000 euros pour la vache et 1 000 pour le veau", lâche, amer, l'agriculteur. "C'est un an de travail. Personne ne se rend compte, de ça." À cela s'ajoutent le préjudice moral et la crainte désormais de s'absenter en laissant ses bêtes. Les gendarmes de Sauveterre se sont rendus sur les lieux hier en fin de matinée pour constater les dégâts. Ils ont pu relever les nombreuses plumes et traces de griffes qui témoignent de la violente attaque des rapaces.
Dans les instances agricoles, Jean-Philippe Carrère, le vice-président de la FDSEA, est, lui, bien conscient du problème: "Cette nouvelle attaque s'est produite au lendemain d'une réunion sur ce sujet à la sous-préfecture d'Oloron, en présence de la chambre d'agriculture, des syndicats agricoles, mais aussi des associations de protection des animaux". Pour le syndicaliste, "les vautours ne sont plus seulement des charognards. Ils sont devenus des prédateurs." Jean-Philippe Carrère souligne toutefois "la bonne volonté" du sous-préfet d'Oloron: "Il doit proposer bientôt un arrêté qui permettra aux éleveurs, après avoir suivi une formation auprès des gardes-chasses, de procéder à des tirs d'effarouchement. Pour l'instant, seuls les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage sont habilités à le faire."
Mais le vice-président de la FDSEA s'interroge: "Ces tirs d'effarouchement seront-ils suffisants? Aujourd'hui, la situation est devenue critique. Il faut trouver une solution avant qu'un éleveur tire sur les vautours, car il pourrait alors être poursuivi pour prédation sur animal protégé. Cela lui ferait encourir 15 000 euros d'amende et un an de prison devant un tribunal correctionnel."
Auteurs: E. N. et B. R
Source:
La République des Pyrénées du 26 mai 2014