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Dans les Hautes-Pyrénées, le nombre de vautours fauves augmente et les attaques se multiplient. A la base charognard, la vautour fauve semble commencer à s'attaquer au vivant tel que bêtes venant de mettre bas. Maintenant, la cohabitation devient de plus en plus difficile entre ce nettoyeur de la montagne et l'homme qui y vit.
Et si les vautours manquaient de nourriture?
C'est le constat reconnu qui ne sera fait seulement qu'en 2006

- Vautours et hommes: cohabitation difficile

«Il y en a trop, ils n'ont plus peur de nous!», lance un éleveur d'ovins des Hautes-Pyrénées, inquiet de voir de plus en plus de vautours graviter à proximité de son troupeau. Ces dernières années, les signalements faisant état d'un changement de comportement de ces rapaces abondent. «Ils ont faim depuis que l'on a arrêté de les nourrir (NDLR: jusqu'en 1997, des carcasses étaient dispersées dans la nature. A cette date et suite à la crise de la vache folle, ces opérations de nourrissage ont été interrompues). Ils restent groupés très près du bétail, attendant qu'un animal mette bas», raconte un autre éleveur. Des témoignages indiquant des attaques de bêtes en train de vêler ou des tentatives d'effarouchement du bétail en ligne de crêtes, afin de le précipiter dans la pente, ne cessent de croître. Si ces rapaces nichent dans les falaises, la recherche alimentaire, elle, se fait sur toute la zone.

Un constat qui a conduit le Parc National des Pyrénées à mener une enquête de terrain. Cinquante-cinq dossiers sont actuellement à l'étude.

- «Un Charognard n'est pas un Prédateur»

«On ne peut pas à proprement parler de changement de comportements. Un charognard ne deviendra jamais un prédateur. Ce que nous avons constaté, c'est une modification de l'équilibre entre la population humaine et les rapaces. On note de plus en plus d'interférences entre ces oiseaux et le bétail domestique. Cela est dû à l'explosion de la quantité des colonies de vautours fauves, d'une part, et à l'évolution des pratiques pastorales, d'autre part», explique Christian Arthur, chargé du suivi scientifique de ce dossier épineux au Parc National des Pyrénées.

Déclarée officiellement espèce protégée en 1972, la population de vautours fauves nichant dans nos vallées s'est, depuis, fortement multipliée. A l'époque, le recensement faisait état, sur le massif pyrénéen, d'une cinquantaine de couples. Aujourd'hui, on en compte pas moins de 500, dont 12 dans les Hautes-Pyrénées.

«C'est surtout l'effet de masse qui effraie les gens, ajoute-t-il. La proximité autour des habitations de la curée (NDLR: lieu où les oiseaux dévorent la carcasse) s'explique par la perte de la distance de fuite depuis qu'ils ne sont plus chassés. Mais il est absolument certain que jamais les vautours n'attaqueront les hommes. En revanche, ils sont très friands de placenta et la blonde d'Aquitaine, cette espèce de bovins désormais choisie par les éleveurs, est connue pour avoir des problèmes de mise bas récurrents. Dans ce cas, il peut arriver qu'une colonie fonde sur une bête en difficulté et pas tout à fait morte. Et des veaux naissent dans des zones instables, en pleine nature et sans surveillance, ce qui accentue les risques. Mais il ne faut pourtant pas oublier que ces rapaces ont un rôle sanitaire prépondérant».

Dans l'imaginaire collectif, les vautours sont les oiseaux de la mort. Une idée macabre qui participe sans doute à amplifier l'effet de la rumeur.

Auteur: Elisabeth Calvet
Source: La Dépêche du Midi, dimanche 19 Mai 2002

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