C'est le cas de Daniel Verdot, éleveur à Vignec, en vallée d'Aure, d'une centaine de brebis et 50 agnelles. L'été, son troupeau pacage autour des lacs d'Aubert et Aumar dans la Réserve naturelle du Néouvielle. "Tout s'est bien passé même si j'en ai retrouvé à La Glère..." nous dit-il. Depuis le retour de l'estive fin septembre, les brebis sont autour de la grange de Bargalot au-dessus de Soulan sur la piste de Grascouéous en versant sud particulièrement bien ensoleillé.
Vendredi matin, nous tenions salon dehors en chemise face à un Pla d'Adet désespérément sans neige. Lieu fabuleux pour les brebis qui mettent bas leurs agneaux à tour de rôle. Il y a de l'herbe et il fait chaud.
Malheureusement, un prédateur surveille. Et Daniel nous sort un agenda sur lequel ce véritable écolo de la montagne note tout ce qu'il observe: le temps, le vent, les agnelages et... les morts d'agneaux et de brebis, les vols de rapaces, le passage d'un renard, etc.... "Depuis le 1er octobre, j'ai eu 25 agneaux tués par les vautours". Et il donne chaque date et chaque lieu où cela s'est produit. Et c'est toujours autour de la grange.
"Le 1er novembre, ils ont attaqué devant la porte alors que j'étais à l'intérieur. Ils ont tué 2 agneaux entre les mangeoires extérieures".
Lorsque nous voyons la configuration des lieux, on se croit dans un mauvais film. "Certains jours, ils tuent aussi des brebis. Le 28 novembre c'était une brebis et un agneau, le 18 novembre, une brebis et 4 agneaux". Et il poursuit: "le 8 décembre, il y a quelques jours, j'ai sauvé un agneau devant la grange". Et de ce fait les agneaux et les brebis devant mettre bas sont condamnés à rester à l'intérieur au lieu de profiter des rayons de soleil et de l'herbe fraiche.
"Je suis obligé de les nourrir avec du foin destiné aux mauvais jours" nous dit-il. "Les gardes du parc sont venus, mais il n'y a rien à faire puisque nous ne sommes pas indemnisés ".
Bien sûr, certaines organisations associatives qui ont la prétention de tout savoir et tout connaître diront encore que les bêtes étaient "en situation de faiblesse" ou qu'elles étaient blessées. Dans ce cas, 25 agneaux et 4 brebis autour d'une grange surveillés ou, le plus souvent, gardés, il est difficile d'accepter l'expression "en situation de faiblesse" pour justifier l'injustifiable.
Pour tous les éleveurs rencontrés, mais aussi pour plusieurs fonctionnaires de la DDEA, il est clair que le vautour n'est pas seulement un nécrophage mais aussi un prédateur. "Pas la peine de dépenser de l'argent dans des études, on sait ce qui se passe". En définitive, la question posée est: "jusqu'à quand la réalité sera-t-elle niée?"
Louis Dollo mercredi 16 décembre 2009 Tarbes-infos.com