Les barrages sont nombreux dans les Pyrénées. Le plus souvent construits entre 1930 et 1960, ils ont profondément modifié les règles de vie des vallées. Ils ont été l'occasion
de créer des routes, une activité nouvelle, modifier des itinéraires.
Ils sont souvent un but ou un point de départ de randonnées estivales ou hivernales.
Les révélations alarmistes concernant la sécurité des barrages continuent de faire des vagues. Le mensuel "Capital", dans son numéro de mars, avait surtout stigmatisé "des fissurations" ou des "fuites importantes" concernant des ouvrages alpins, tout en mentionnant que la situation n'était "guère plus brillante dans les Pyrénées". Ce qui nous avait été confirmé par voie syndicale. Qui n'avait pas manqué de rappeler l'accident de Pragnères, en juillet 2002, où l'eau avait emporté une passerelle et un pylône de téléphérique. Et déplorait un manque d'entretien de ces retenues d'eau. Soulignant que les barrages en eux-mêmes ne sont pas dangereux, "mais plutôt les installations annexes".
Nouveau rebondissement dans cette affaire qui a mis en émoi la France entière: La CGT remettra demain, à Jean-François Astolfi, responsable national de la production hydraulique, à l'usine de Pragnères, "un rapport inquiétant" sur l'état des installations dans les Hautes-pyrénées. "S'il y avait eu un entretien régulier, Pragnères n'aurait pas eu besoin de fermer pendant plusieurs mois", note Patrick Raynaud, responsable CGT, qui "n'observe pas de changement conséquent dans la politique d'EDF". Quant au programme d'investissement de maintenance, engagé pour un montant global de 500 millions d'euros sur la période 2007-2011, il trouve que "c'est un cataplasme sur une jambe de bois". Ce qui l'interpelle c'est qu'au même moment, "les actions en bourse ont augmenté de 60 % et que des postes ont été supprimés à Saint-Lary".
Secrétaire du CE de l'unité de production Sud-ouest, Eric Truel note que dans les Alpes et dans les Pyrénées , "la même politique a les mêmes effets". Un épais dossier, complété de photos, va donc être remis demain au directeur ainsi qu'aux pouvoirs publics. Un "certain nombre d'ouvrages" seraient concernés. Sont tout à la fois dénoncés "un manque de transparence et une information tronquée".
La CGT en profite pour rappeller l'incident qui s'est produit le mercredi 18 avril sur la retenue de Plan d'Arem (en amont de Saint-Béat): un clapet de surface s'est ouvert entraînant une augmentation du débit dans le lit de la Garonne durant une heure environ. Fort heureusement, l'accident n'a eu aucune conséquence sur les personnes et sur les biens. Le syndicat s'interroge également sur les compétences des sous-traitants qui travaillent sur les installations hydroélectriques. D'ailleurs, EDF aurait "remercié L'Hospitalet", l'entreprise qui travaillait sur le site, pour cause d' inaptitude.
On savait déjà que des opérations de maintenance, concernant plusieurs ouvrages, avaient été reportées. Au fil des rapports internes ou confidentiels, les informations remontent à la surface.
Auteur: Josiane Battoue
La direction: "La sécurité, c'est notre priorité"
Directeur de l'Unité de production Sud-Ouest (UPSO), Jean Comby explique que la première priorité d'EDF, c'est la sûreté des ouvrages et des personnes qui vivent à proximité.
Ils font l'objet d'une surveillance permanente". Et de rappeler que les capteurs sont régulièrement analysés. Et que, de plus, la Drire, autorité de tutelle, effectue une
visite annuelle à laquelle s'ajoute une inspection encore plus approfondie tous les dix ans, ayant pour objet d'observer la partie immergée de l'ouvrage, parfois à l'aide
de sous-marins. "La majorité des retenues ayant été construite il y a une cinquantaine d'années, on a engagé un programme de modernisation comprenant une centaine de chantiers.
Et notamment 30 grands chantiers hydroélectriques dans le Grand Sud-Ouest représentant 130 millions d'euros." Puis d'ajouter: "On a lancé un diagnostic complet de toutes
les installations et des travaux à réaliser. Une analyse sans complaisance. Dans les Hautes- Pyrénées, il cite un certain nombre de retenues qui vont faire l'objet de
travaux: Bordères (reconstruction d'un tronçon du canal). Mais aussi Gèdre, Lau-Balagnas, Luz, Migouélou, Artigues et bien entendu Pragnères (42 millions d'euros).
Source: La Dépêche du Midi du 6 juin 2007
Le groupe d'exploitation hydraulique (GEH) Aude-Ariège d'EDF a présenté lundi matin à Tarascon-sur-Ariège ses grandes orientations de chantier pour la nouvelle année, après une production 2007 jugée décevante, du fait du manque d'enneigement. "Nous avons enregistée une production annuelle à 1000 GWh, soit 40 % de moins par rapport à une année normale. C'est la deuxième année consécutive relativement sèche. Nous comptons donc sur des débits importants pour produire et réussir nos chantiers", commente Christian Caussidery, directeur du GEH.
La priorité du groupe pour 2008 est centrée sur la sûreté et la maintenance des installations. Quatre chantiers d'envergure sont programmés au cours des prochains mois. Deux d'entre eux devraient être achevés à la fin du mois de mars. D'une part, le remplacement d'une partie de la conduite de décharge de Sabart, d'autre part la poursuite des travaux de réhabilitation du barrage de Labarre. Les vannes de crue vont être expertisées d'ici une quinzaine de jours, et changées si nécessaire. De mi-mars à mi-avril est prévue la vidange complète de la retenue du barrage de Naguilhes. "C'est un contrôle décennal qui sera effectué sur ce barrage. Puis le plan d'eau se remplira fin avril avec la fonte des neiges", explique Christian Caussidery. La dernière grande tranche de travaux est prévue pour la fin de l'année, à savoir le remplacement du tronçon inférieur du siphon de Marc.
Le coût total de ces réalisations s'échelonne autour de 5,5 millions d'euros pour EDF, les travaux de Marc se taillant la part belle avec 3 millions d'euros. "Nous avons un souci de transparence avec les riverains. Notre message est que tout ouvrage est surveillé et que les contrôles sont bien réalisés", appuie la direction du groupe, par la voix de Benoit Alvarez. Dans cette optique de communication, le GEH devrait proposer bientôt des visites d'installations hydroélectriques à destination des collèges et lycées de la région.
Une étude va être lancée sur le site d'Orlu pour que ce projet puisse voir le jour en 2009.
Les associations écologiques restent vigilantes. "L'intérêt économique prime
A la demande du syndicat mixte d'étude et d'aménagement de la Garonne (SMEAG), le GEH Aude-Ariège a destocké l'an dernier 16 hm3 pour soutenir l'étiage de la Garonne.
Un sujet qui agite en permanence les représentants des associations écologiques ariégeoises. "Si nous soutenons le débit de la Garonne, c'est pour ne pas atteindre des
valeurs trop critiques, en sachant que les réservoirs sont du côté ariégeois", se justifie Christian Caussidery. Parmi les orientations 2008, la remise en état des vannes
de crue de Labarre est jugée "fort inquiétante" par l'association pour la protection de la rivière Ariège Le Chabot. "Cette opération fait parti d'un regain d'intérêt d'EDF
pour ce vieux barrage, connu pour ses sédiments extrêmement pollués qu'il stocke massivement. L'intérêt économique prime sur toute considération environnementale", selon
son président Henri Delrieu.
En ce qui concerne les vidanges et abaissements durant les périodes de hautes eaux, Henri Delrieu note que ces opérations sont "terriblement traumatisantes pour l'écologie de la rivière, et qu'elles pourraient causer des dommages sur le peuplement aquatique".
Auteur: S.M.
Source:La Dépêche du Midi du 24 janvier 2008